dimanche 30 octobre 2005

Ne lâche pas ta poupée, Alice !

Une gamine effrayée par la nuit... Une intro démentielle bâtie sur un crescendo de tension, modèle de build up comme on n'en fait plus dans le speed / thrash... Une rifferie magistrale ponctuée par le refrain qui tue... D'un horrible fait divers (un enfant devenu fou à force de voir le croque-mitaine et dont la détresse resta ignorée par ses grands-parents), Jeff Waters tire un morceau extraordinaire qui ouvre avec brio le premier album du canadien Annihilator. Seize ans déjà que Alice In Hell est sorti... Merci Jeff Waters pour cette tuerie ! Merci Randy Rampage pour cette voix incroyable qu'aucun de vos successeurs n'a jamais approchée !

Et merde à tous les gens qui continuent à ne voir en Annihilator qu'un sympathique second couteau du metal... alors que chaque album explose la concurrence du moment et que les deux premiers resteront dans l'histoire du genre ! Pour la petite histoire, le talent du sieur Waters n'a pas échappé à Dave Mustaine qui chercha à le débaucher pour le faire pointer dans Megadeth. Peine perdue : le bougre, qui ne pouvait s'envisager qu'en patron d'une PME canadienne plutôt qu'en salarié d'une grosse boîte américaine, décida de se concentrer sur Annihilator. Pour mon plus grand plaisir.

Alison hell, your mind begins to fold
Alison hell, aren't you growing cold
Alison hell, you are looking blue
Alice in hell, what else can you do

Alison hell, what were you looking for
Alison hell, as I close the door
Alison hell, here you shall dwell
Alison hell, Alice dwells in hell

Alice isn't it frightening
Alice aren't you scared
I was killed at birth

Alison hell, what were you looking for
Alison hell, as I close the door
Alison hell, here you shall dwell
Alison hell, Alice dwells in hell

Isn’t Alice In Hell one of the best technically-capable thrash metal (or speed, as they said then) debut ever released ? I must admit I believe Jeff is currently experiencing his best period ever, artistically speaking - the man having finally found, after so many fuckin’ years, a worthy partner in crime (namely, Dave Padden). But for fuck’s sake, Alice is still a total kick-ass record, and what a singer was Randy Rampage ! Believing that Annihilator is nothing but a second-rate metal act is truly a brainless thought – are you fuckin’ eating generic deathcore for breakfast of what ?!? So let me tell ya the truth – and go find by yourselves : Annihilator still kicks major ass ! ‘Nuff said.

Le site et le Myspace d'Annihilator.
Le clip d'Alison Hell.

jeudi 27 octobre 2005

Never too drunk to play (quoique)

Le premier concert donné en compagnie des thrashers de Bloodless s'est bien passé. L'inconnue principale était l'affluence ; la salle des fêtes de St Pierre étant plutôt habituée à, et équipée pour, le repas annuel de nos vieux. Finalement quatre headbangers se sont bougés, ainsi qu'une famille d'éleveurs locaux qui s'est trouvée là par erreur et donc par chance ! Certes, il a bien fallu régler quelques impromptus et autres imprévus pourtant prévisibles... Marie Chalet avait notamment pensé à l'essentiel - rimmel, faux sang, mitaines et girly Necrophagia - mais pas au au principal : la basse (restée chez la grand-mère décédée). Problème réglé par l'emprunt de celle de Bloodless, assorti de l'interdiction absolue d'en toucher la moindre corde. Marie s'est rendu compte à cette occasion que le playback, c'était pas mal, et il est à craindre qu'après ne l'avoir jamais vraiment entendue, nous ne l’entendrons vraiment jamais. Autre élément habituel, l'état de cuisson de Guy De Malpassé, ivre mort avant même d'attaquer la balance (« rends-moi la bouteille », se hurlait-t-il à lui-même tout en serrant contre son petit corps frêle une bouteille de Jack »). Et comme à chaque répétition, Guy s'est vautré sur son ampli en plein milieu de Already Died A Thousand Times (pourquoi changer les habitudes, mais surtout, pourquoi toujours sur ce morceau ?). Étendu les bras en croix pendant les deux titres suivants, Guy finit par se souvenir que c'était lui, le guitariste du groupe qui était en train de jouer autour de lui.

Mais l'un dans l'autre, voire même les uns dans les autres (!), les Ghoulie Gravers sont parvenus à achever - c'est le mot - leur prestation et quand l'heure fut venue pour Bloodless de prendre la scène, la salle était brûlante (de honte) ! Bloodless a tout cassé : facile quand on est carré ! Les Ghoulie Gravers, eux, étaient plutôt ronds, enfin surtout Guy... Tout s'est fini très tard autour de quelques cervoises, entrecoupées d'une énième tentative ratée d'invoquer l'esprit des Grands Anciens. Lorsque Théophile Gâteux, physiquement plus proche d'une outre humaine que d'un être humain, émit l'idée de poursuivre la soirée dans la crypte de son ancien lycée catholique, il fut décidé à l'unanimité imbibée que la journée touchait à sa fin. Mais personne ne toucha à Théophile, certainement dans un fossé à l'heure qu'il est. Heureusement qu'il passe à peu près autant de voitures à St Pierre que d'eau dans la gorge de Lemmy !

Set-list :

- More Dead Than You'll Never Be
- The Dagon Paradox
- A Beer for Cthulu !
- Children of Chernobyl (Can't Make Their Shoelaces)
- Already Died a Thousand Times
- The Chick I Fucked Yesterday Had a Zombie Twat...
- ...And Believe Me That Was Great !
- Give Me My Arms Back So I Can Crawl To My Grave
- Eating Apple Is Good But Fucking Fiona Is Better
- Born In A Basket
- My Newfound Friend And His Funny Tentacles

Believe it or not, but the Ghoulie Gravers’ first gig went surprisingly well. Sure, Marie Chalet forgot her bass at her grandma’s. Sure, Guy De Malpassé was drunk as fuck as always. But hey, what were you expecting ? Uh ? What the fuck were you fuckin’ expecting ? The unexpected, that’s right, you sick motherfuckers. It isn’t a surprise though that Bloodless totally blew out of stage the Ghoulie Gravers – they truly know the name of the game. Having drink as much Jack and what have you as you can possibly imagine, everybody went to bed, in a stench of foul air only matched by a sunny, open shallow grave. Nobody dared to fuck Marie, for those of you sickfucks who were wondering. Oh, and by the way, the Great Old Ones didn't show up. Maybe next time ?


...et toujours :

mardi 25 octobre 2005

Le mouvement perpétuel

Enfin ! J'ai pu mettre la main récemment sur l'EP Rebellion de Samael lors d'une foire aux disques. Bien qu'en connaissant les morceaux pour les avoir quelque part sur une K7 datant d'Hérode, il fallait que je le possède en version originale. Car Samael ne mérite pas d'être dupliqué. Album après album, cette entité (trop réducteur de parler de groupe) a construit un socle servant de fondation à une bonne partie de la scène dark metal actuelle... bien qu'elle se soit depuis longtemps affranchie de quelque style que ce soit. Samael fait du Samael, point. Après avoir sorti deux albums lorgnant du côté de Celtic Frost, Hellhammer et autres combos typés Bathory première époque, le masque tombe et le monstre se dévoile en 1994 avec le terrifiant album Ceremony of Opposites. Depuis, chaque nouvelle offrande ne fait que confirmer une métamorphose perpétuelle, brillante, et si Samael a récemment insufflé un groove à sa musique en perdant un peu de son côté martial, sa puissance évocatrice ne faiblit pas.

Désormais vétéran, Samael poursuit son cheminement et ce n'est pas le démentiel Reign of Light qui démentira cette ascension. Reign of Light... Si on avait dit il y a dix ans à Vorph and co. qu'ils nommeraient ainsi un de leurs albums, ils auraient probablement éclatés de rire... mais en se disant tout de même « et pourquoi pas ? ». Samael a toujours été richissime de lui-même et son potentiel est infini : de l'ombre à la lumière, pour s'en retourner inexorablement vers l'ombre, son parcours est cyclique, mais d'une intelligence tout simplement bluffante. Cultivant le paradoxe, le goût pour les oxymores et la réunion systématique des opposés dans ses paroles, Samael a aussi joué avec le feu... mais ce passé parfois sulfureux n'est qu'une richesse de plus à envisager dans la globalité de la carrière de ces surdoués. Et les esprits chagrins sont priés de consulter les paroles de On Earth avant de cracher leur venin sur un groupe respecté... car respectable.

Pour en revenir à Rebellion, ce mini vaut principalement pour son morceau-titre (« Rebellion / Instinct is not the path of man ! »), par la nouvelle version de Into The Pentagram (trois accords et une ambiance pour un morceau qui figure au panthéon du metal sombre), mais aussi pour la reprise très personnelle du I Love The Dead d'Alice Cooper, qui donna pour la première fois la possibilité à Samael d'exprimer son sens de l'humour très spécial. Que dire de plus sur ces suisses perpétuant la tradition d'excellence de leur pays après Celtic Frost et les immenses Coroner ? Et surtout qu'est-ce que Samael, au fond ? Un manifeste pour la libre-pensée, une philosophie de vie, un refus du dogmatisme systématique, et encore tant de choses... Mais finalement Samael peut être résumé en un seul mot : liberté. Intellectuelle, physique, artistique et musicale. Liberté.


At last ! I finally got hold of Samael’s Rebellion in a second-hand records fair. I already own it since forever, but hey, how do I read my worn-out tapes in the XXIth century ? I am a long-time fan of this Swiss act, an entity clever enough to reinvent itself with every fuckin’ new album they put out. Watch out for the newfound “infectious groove” they implemented in their music with Reign of Light, an album which reeks of artistic freedom from the beginning straight to the end ! In hindsight, it must be a funny thing for these guys to name a record Reign of Light – come on, Samael was so fuckin’ dark and gloom and sad for so many years ! But it’s no surprise, yet, since the band loves to trick-and-treat its audience with daring endeavours since the monstrous Ceremony of Opposites. And please, if you don’t like some things now belonging to their past, shut the fuck up and show at least some respect, you deathcore listener… But let’s hark back to Rebellion and let me tell you why you can’t miss it : first of all, the title-track is a helluva one, complete with its fist-pumping chorus and rampant, mean riffing. Secondly, you will fall from grace by listening to the reworked classic Into The Pentagram. And finally, you’ll gladly sell your worthless soul for the cunning cover of I Love The Dead, borrowed from Alice Cooper. Is that enough ? What the fuckin’ fuck are you still standing there for ? Indeed, a case of buy-or-die affair. Run !

dimanche 23 octobre 2005

Attentat sonore à Couze-En-Ardesses !

En cet après-midi pluvieux et propice à l'évocation de quelque Grand Ancien, la répèt' des Ghoulie Gravers a failli dégénérer. Enfin c'est un bien grand mot... Enfermé dans son local le groupe passait en revue son répertoire en prévision d'un prochain et premier concert lorsqu'en plein milieu de l'(espéré) hymne Already Died A Thousand Times, des coups frénétiques ébranlèrent la porte de son repère ! Comme les misfits sus-cités ne craignent rien ni personne (sauf la bière non-alcoolisée), ils ouvrirent... pour se retrouver nez-à-nez non pas avec un rejeton de Shub-Niggurath, mais face aux joueurs de l'équipe de Couzes-En-Ardesse (et l'arbitre) ! Bien que le terrain de foot soit distant du local de répèt' d'au moins cinq cents mètres, les pauvres sportifs ne s'entendaient plus taper dans le ballon et l'homme de règles prit la décision, à la mi-temps, d'aller signifier à nos amis son agacement : « Excusez-nous les gars, mais je ne m'entends plus, on ne s'entend plus, les joueurs ne m'entendent plus, et aujourd'hui c'est la finale inter-régionale quand même... ».

S'ensuivirent les plates excuses de Théophile Gâteux, le hurleur (sans effets sur la voix), qui se fendit d'un impérial « tu comprends mec, si l'ampli du guitariste va jusqu'à onze, c'est fait pour s'en servir », ainsi qu'une tournée générale de Kro au grand dam de monsieur l'arbitre. Les sportifs (concept échappant totalement aux Ghoulie Gravers) s'en étant ensuite retournés martyriser leur ballon, le groupe put continuer à abuser de ses instruments non sans avoir forcé Guy de Malpassé à baisser le son de son ampli. Comme dans Candide, « tout est bien qui finit bien ». Mais voilà néanmoins une sacré anecdote qui figurera désormais en bonne place dans la bio du groupe, restant vraisemblablement à écrire pour encore longtemps. Parvenir à troubler un championnat de foot dans un bled comptant plus de vaches que d'habitants est un exploit qui laisse rêveur : que se passera-t-il le jour où les Ghoulie Gravers se produiront dans un stade ? Les Octopodes Rêvant Dans Les Fonds monteront-ils enfin les marches cyclopéennes de Kadath la Submergée ?

Today’s rehearsal nearly came close to a disastrous ending – well, sort of. As the Ghoulie Gravers were bashing their yet-to-become immortal hymn (Already Died A Thousand Times), nearby soccer team broke out in the place, complaining about the noise. It should be mentioned, for complete accuracy of this story, that the game took place 546 yards away from the Ghoulies’ lair. After some beers, easing everyone’s body and soul, the rehearsal finally resumed. Man, if the Ghoulies break havoc in the fuckin’ countryside, what the fuck will happen when they’ll play stadiums ? Wake up the Great Old Ones' infernal offspring ?

vendredi 21 octobre 2005

Régime sec

Vous le reconnaissez ? Lui aussi c'est un survivant. Après avoir écumé une trentaine de gangs durant ses jeunes années, tous oubliés par l'histoire à part peut-être Ten Minute Warning, il devient en 1985 membre d'un des plus énormes groupes de rock qui fût. Après quantité d'excès en tous genres l'ayant quasiment tué - son pancréas explose en 1994, brûlant ses entrailles au troisième degré - le bassiste répond toujours présent. Cumulant des projets musicaux toujours au minimum intéressants (Neurotic Outsiders), au maximum excellents (Loaded), dans lesquels son amour tant pour le punk que pour le rock plus mélodique se ressent à chaque instant, notre homme n'a pas dit son dernier mot. Vieille gloire, peut-être. Mais il n'est pas prêt de rendre les armes : à quarante-et-un ans, il n'en est qu'au début de sa deuxième vie, une seconde chance octroyée par miracle et qu'il compte bien ne pas gâcher. C'est bon, vous y êtes ?

Eh oui, c'est bien lui. Duff McKagan is back for good ! Le bassiste de Guns 'N' Fuckin' Roses (et multi-instrumentiste talentueux) a bien changé depuis les années sauvages où il ingurgitait une bouteille de vodka par jour et quatre grammes de coke, le tout arrosé d'une vingtaine de bières (c'était pour faire passer ?). Désormais maigre comme un clou, sec et musclé après s'être refait une santé en pratiquant le kick-boxing à haute dose, notre grand échalas est à cent lieues du musicien bouffi et comateux qui arpentait les stades avec les gunners. Une métamorphose physique comme on en voit rarement. Actuellement dans Velvet Revolver, un efficace combo heavy rock au style étonnamment moderne, il ne prétend pas révolutionner la face du rock : ça, il l'a déjà fait. C'était en 1987, et ça s'appelait Appetite For Destruction. Amen.




Mieux vaut être une légende vivante qu'un mythe au cimetière... N'est-ce pas Duff ?

After Nikki Sixx, here’s another survivor cat – man, his pancreas blew out in 1994 out of alcohol excess ! Ok, his heyday belongs to the last century, but the man is now living his ninth life and is currently playing with punkish act Loaded and all-star-band Velvet Revolver. So ya get it ? Yep, that’s right, that’s fuckin’ Duff McKagan ! The once overbloated alcoholic shell of GNR now prefers to work out than to drink out – is that the Iggy Pop syndrome ? Don’t expect him, though, to change the world of modern music – as a true “been here, done that” character, Duff already did it in 1987 with Appetite For Destruction.

...et toujours :

With your bitch slap rappin' and your cocaine tongue / You get nuthin' done

mercredi 19 octobre 2005

Shout at the "needle" !

Frank Ferrana change son nom pour Nikki Sixx en 1980 et connaît une carrière et un succès extraordinaires avec Mötley Crüe le temps de cinq albums, de Too Fast For Love à Dr. Feelgood. Extrémiste frappadingue, fêtard invétéré, icône autodestructrice ayant ingurgité plus d'alcool et de drogues que Lemmy Kilmister et Keith Richards réunis, Sixx est la rock star absolue, anti Kurt Cobain doublé d'un trompe-la-mort qui doit bien en être aujourd'hui à sa neuvième et dernière vie... Totalement impudique, honteuse, révoltante mais encore plus drôle qu'une élection de chef de parti chez les Verts, The Dirt, l'autobiographie du Crüe, est un must-have pour qui veut savoir ce qu'est le rock n' roll way of life poussé à son paroxysme (et au delà). Nikki Sixx en est le personnage central et sélectionner des morceaux choisis s'avère difficile : chaque page contient au moins une anecdote hilarante / obscène / incroyable / dégoûtante (plusieurs réponses correctes possibles). Pot-pourri... :

«
As I shot more and more cocaine, paranoia set in and soon I hardly let anyone in the house. I would sit naked day and night. My veins were collapsing and I would scour my body to find fresh ones : on my legs, my feet, my hands, my neck, my dick. I started seeing people in trees, hearing cops on the roof, imagining helicopters outside with S.W.A.T. teams coming to get me. I had a .357 Magnum, and I'd constantly hunt for people in the closets, under the bed, and inside the washing machine. I called my home security company so often that they warned patrol men to answer my alarms with caution because I had pulled a loaded gun on so many of their employees... 
»

« We thought we had elevated animal behavior to an art form. But then we met Ozzy (...). He was a trembling, twisting mass of nerves and crazy, incomprehensible energy, who told us that when he was in Black Sabbath he took acid for an entire year to see what would happen. There was nothing Ozzy hasn't done and, as a result, there was nothing Ozzy could remember having done. We hit it off with him from day one... »

« It was so funny that everyone thought I was dead after having overdosed, that as soon as I returned home, I walked to my answering machine and changed the message. « Hey, it's Nikki. I'm not home because I'm dead ». Then I went into the bathroom and pulled a lump of heroin out of the medicine cabinet (...). I woke up the next afternoon sprawled across the bathroom floor with the needle still dangling out of my arm. The tile floor was covered with blood. I passed out again. Somewhere, far away, a phone rang. "Hey, it's Nikki. I'm not home because I'm dead" »...

Frank Ferrana became Nikki Sixx in 1980, before experiencing fame and multinational stardom with the Crüe up until Dr. Feelgood. As a true autodestructive badass, anger-and-drug-driven partying motherfucker, Sixx is THE rockstar in all its indecent splendour. So stop reading that shit, help yourself with a tequila and The Dirt, a funny-as-fuck account of our hero’s misdeeds !

lundi 17 octobre 2005

Black is black !!! (and Marduk ist krieg)

Fut un temps pas si lointain où le metalleux extrémiste que j'étais ne jurait plus que par le True Evil Méchant Vilain Black Metal. Bouh. Après avoir franchi tous les paliers en matière de brutalité musicale, voici que la galaxie black metal s'ouvrait à moi. Un choc. Bref, une époque épique qui rime pour moi avec cheveux longs, soirées arrosées dans les bois (!!!), et terrorisme musical par le biais d'une pauvre Aria Pro II qui aurait probablement préféré avoir été recueillie par un gentil bluesman que par un jeune antichrist wannabe. Ouch. Tout ceci est désormais derrière moi et si autrefois je prenais un malin plaisir à aller au lycée vêtu du célèbre T-Shirt Let's Fucking Die d'Impaled Nazarene, aujourd'hui j'imagine à peine aller au travail sans m'être rasé. Mes rangers prennent la poussière, et la couleur a mystérieusement envahie ma garde-robe. Les mentions « no female vocals, no synth, just fuckin' raw black metal », « no effects on vox » (comprendre : la voix n'est pas trafiquée et je beugle vraiment comme un goret) ou encore « no fun, no mosh, no core » érigées en labels de qualité et autres professions de foi musicale gribouillées derrière des jaquettes de démos forcément monochromes me font maintenant sourire avec un peu de tendresse amusée. Et last but not least, j'ai retrouvé l'adresse de mon coiffeur. Alors, fini tout ça ? Eh bien non, pas tout à fait. Ce serait trop simple. Certaines découvertes faites à cette période demeurent toujours, à mon sens, des chefs-d'œuvre impérissables ayant marqué l’avènement de genres musicaux qui ont sonné le glas du « hard à papa ». Et bien que mes œillères soient tombées depuis longtemps (tenez, l'autre jour j'ai bien failli acheter un best of de Michael Jackson), certains albums datant de cette période tournent toujours très régulièrement sur ma platine.

Le fabuleux Opus Nocturne de Marduk par exemple, n'est-il pas une réussite totale, intemporelle ? D'une noirceur EXTRÊME, moins brutal que la suite, peut-être, mais tellement plus méchant et vicieux que n'importe quoi d'autre dans la carrière du groupe ! Opus Nocturne est noir. Inhumain. C'est une ode à la désolation, aux abysses, et des tueries comme Deme Quaden Thyrane, Sulphur Souls ou Materialized in Stone résonnent comme autant d'hymnes proclamant la chute de l'homme et le règne des ténèbres. Mais le meilleur titre de l'album (en fait, le meilleur titre de Marduk) reste ce morceau terrible, Automnal Reaper. Pas besoin de traduction, on a compris... No fun, no mosh, no core ! Ce morceau allie haine crachée à la face du monde, mélodie funèbre et violence extrême, et personnifie le Marduk d'alors comme aucun autre. La prod' n'est pas au rendez-vous, mais on s'en fout. C'est pas la puissance du son qui fait la qualité de la musique, et ça, faudrait le dire à Rammstein par exemple. Automnal Reaper est pour moi l'archétype du morceau black metal nordique des 90's. On pourrait continuer longtemps comme ça, et parler jusqu'à plus soif de tous ces albums fondateurs (donc précurseurs, l'aspect pionnier du black metal ne sera jamais assez commenté) comme Filosofem de Burzum, In the Nightside Eclipse d'Emperor, ou Nachthymnen d'Abigor (bien qu'autrichien). Reste qu'Opus Nocturne est le point d'orgue de la carrière de Marduk, qui bifurqua ensuite vers plus de brutalité au détriment du côté « rampant » de sa musique. Le genre black metal est très souvent parasité par une avalanche de clichés venant des groupes eux-mêmes : on est toujours plus true et evil que le voisin (qui met plus de rimmel pour avoir l'air plus méchant ; ça s'équilibre). Mais Opus Nocturne  à l'instar des précités ne fait pas semblant : cet album est haineux, violent, noir, désabusé au point d'en être nihiliste, et recèle, pour qui veut bien l'entendre, ce fond de beauté froide et triste qui caractérise tous les grands disques de cette époque (un feeling très semblable hante le Transylvanian Hunger de Darkthrone).

Aujourd'hui le style a bien changé : les prod' sont énormes, les photos léchées, et les digipacks, luxueux... mais surtout l'esprit n'est plus le même. Non pas qu'il n'y soit plus, mais il a définitivement changé. Le black metal a muté et certaines révolutions du genre peuvent être datées précisément : à titre d'exemple il y a clairement un avant et un après Enthrone Darkness Triumphant, l'album qui a fait exploser commercialement Dimmu Borgir et fait voler en éclat le postulat selon lequel le BM se devait d'être mal produit. Les amateurs de pur raw black metal ont cependant toujours de quoi se décrasser les oreilles, mais le cœur du mouvement a changé de zone géographique : désormais c'est à l'Est que ça se passe, et en particulier dans tous les ex-satellites de l'URSS. Les groupes les plus virulents pour qui « pure fuckin' armageddon » veut encore dire quelque chose sont à chercher de ce côté-ci, et c'est en toute logique s'y l'on y réfléchit... Un contraste intéressant lorsqu'on sait que la première vague BM (ou deuxième, selon les points de vue) était plutôt constituée d'ados issus des classes bourgeoise aisées voire très aisées (il est intéressant de mentionner notamment le milieu socio-professionnel des parents du petit Varg Vikernes), n'ayant rien en commun avec les sociétés laissées exsangues par les anciens régimes politiques de l'Europe de l'Est. Mais pas de politique ici, le seul message c'est celui-ci : rares sont les albums BM de la trempe d'Opus Nocturne. Et comme le disait la célèbre pub Osmose, « extreme artists make extreme music » !

There was a time in my life where I would only listen to the meanest black metal on earth (and beyond). As a true antichrist wannabe, I was occasionally abusing a shitty Aria Pro II, as well as drinking and roasting supermarket meat in the woods (of Belial). That’s all over now and I have broadened my musical landscapes – well, sort of. But hey, some releases harking back to that mythical past are still spinning on my stereo. Isn’t Opus Nocturne, for instance, a formidable and timeless achievement ? Hiding in its depths Marduk’s finest moments (Automnal Reaper, Sulphur Souls, Deme Quaden Thyrane…), this masterpiece is the perfect embodiment for mottos like “no fun, no mosh, no core” or “no fuckin’ synths, just raw black metal”. For those searching for true wintry metal feelings, Opus Nocturne is, along with fuckers like Transylvanian Hunger, Filosofem or Nightside Eclipse, a must-have. Even though nothing is the same today, with huge and often “plastical” productions and over-photoshopped artwork, you can still encounter true raw black metal and I must say that today’s eastern-european scene is a pretty pissed-off one ! So yeah, some of our ancient heroes lost their original spirit, but “pure fuckin’ armageddon” still means something for so many underground acts – and that’s fine by me.

samedi 15 octobre 2005

Morbid Angel : un bon coup de pied « occulte »

De gauche à droite sur la photo : Steve Tucker, Pete Sandoval (rendez-lui ses frites svp) et le toujours classe Trey Azagthoth.

Groupe séminal dans son genre (et l'un des premiers à s'en revendiquer ouvertement en dédiant Altars of Madness à l'underground death & black metal, bien avant que les deux termes ne soient communément employés), Morbid Angel nait en 1984 et enregistre son premier album en 1989. Au départ très inspiré par Slayer et ses semblables (en particulier Possessed !), Morbid Angel se forge rapidement un style propre et ouvre de nouvelles voies dans un genre alors très codifié. Entre autres travaux plus expérimentaux, voire « progressifs », que ce que le death metal proposait alors, Trey Azagthoth et sa bande enfantent l'une des pierres angulaires du genre en 1991 : le monstrueux Blessed Are The Sick. Album extraordinairement brutal, vicieux, alambiqué et technique, BATS est un concentré de death complexe et obscur, traitant entre autre des anciennes divinités sumériennes. Les structures musicales classisantes des compositions (par opposition au traditionnel schéma rock) ont marqué au fer rouge le petit monde du metal extrême, et il suffit pour s'en convaincre d'écouter n'importe quel album d'Emperor ou d'Immortal (deux groupes qui connaissent leur Petit Morbid Angel Illustré par cœur). Mais finalement, le meilleur choix pour qui voudrait découvrir le groupe serait probablement d'écouter le live Entangled In Chaos paru en 1997, dont voici un petit tour d'horizon.

On lance le CD et la messe vient à peine de commencer... qu'elle est déjà dite ! Le show débute à la manière d'Altars Of Madness sur le cultissime Immortal Rites, mais avant tout, c'est l'immensité du son qui scotche au plafond. Bien au-delà des enregistrements studio antérieurs, le son de ce live est d'une puissance toute tellurique, seyant tout à fait à l'esprit Morbid Angel. On jurerait que les quatre lascars ont convoqué l'énergie de l'Univers lui-même, et comme aime à le dire le sieur Azagthoth, ce sont bien les vibrations de la planète qui déferlent dans ce maelström sonique et mystique qu'est la musique de Morbid Angel. Marquée de ce sceau très particulier qui reste la « griffe » de l'Ange Morbide, la brutale symphonie dispensée ici semble être vieille comme le monde, ancestrale, attendant simplement d'être réveillée par le quartet américain en ce soir de 1997. Le groupe transcende totalement son genre musical et fait exploser le carcan death metal bien trop étroit pour lui. C'est bien de death qu'il s'agit pourtant... mais il y a autre chose. Qui d'autre sait faire ça ? Peut-être Emperor, et encore...


Les principes régissant Morbid Angel sont perceptibles : mysticisme des compositions (toujours aussi brutales qu'elles sont spirituelles), démonstration de force imparable (qui oserait fouler la scène après ceci ?) et interprétation sans faille sont au rendez-vous. Les morceaux s'enchaînent à merveille, sans jamais laisser passer la moindre approximation que la musique ne saurait de toute façon souffrir. Les guitares du duo Azagthoth / Rutan taillent dans le vif, la batterie de Pete Sandoval (sûrement le meilleur batteur de la scène metal extrême) ne connaît aucune faiblesse. A noter : deux versions incroyables des morceaux Lord of All Fevers & Plague et Day of Suffering. Le coup de grâce est incontestablement asséné par l'ogre David Vincent qui fait trembler la scène avec sa basse monstrueuse et sa voix unique. Quasiment incantatoire, sa prestation hallucinée a dû ravir les dieux oubliés vénérés par l'Ange Morbide : les Grands Anciens, du fond des temps, ont du apprécier ce CD autant que les fans. Morbid Angel vainqueur par KO, dès la première plage.


Morbid Angel always had that unique vibe to them, both occult and brutal at the same time. Among blockbuster acts, Morbid Angel is only matched, in that aspect, by the mighty Emperor. Entangled In Chaos is a truly blistering live album and is as essential now as it was in 1997. Beginning with the now timeless classic Immortal Rites, Entangled In Chaos sports a telluric sound, perfectly fitting to the band’s aesthetics. But is that brutal, spirited symphony really “death metal” ? Man, there’s really something else in Morbid Angel’s stuff… You can pinpoint each principle by which Morbid Angel goes : mysticism and spirituality of the music, inexorable grinding force and, of course, flawless execution. To top it all, David Vincent’s powerful, incantatory delivery acts as a brutal prayer to the Old Ones of yore... Absolutely necessary if you ever pretended to be a metal head.

Entangled In Chaos (Earache, 1996)

01 Immortal Rites
02 Blasphemy of the Holy Ghost

03 Sworn to the Black

04 Lord of All Fevers and Plague

05 Blessed Are the Sick

06 Day of Suffering

07 Chapel of Ghouls

08 Maze of Torment

09 Rapture

10 Blood On My Hands

11 Dominate


Le site et le Myspace de Morbid Angel.

mercredi 12 octobre 2005

Sentence de mort...

Eh bien ça y est, ils l'ont joué, ce dernier show... Sentenced l'avait annoncé : après la sortie du bien-nommé The Funeral Album, la carrière du groupe prendrait fin à l'issue du concert du 1er octobre 2005 à Oulu (Finlande). Avant même que le dernier coup de cymbale n'ait fini de résonner, le groupe était déclaré mort et enterré. Pour les nombreux inconditionnels de la bande, la « cérémonie » sortira cependant en DVD, constituant ainsi le premier et dernier témoignage live officiel de Sentenced.

Longtemps marqué par son très charismatique bassiste-chanteur Taneli Jarva, Sentenced eut l'intelligence musicale de se réinventer après le départ de ce dernier, intégrant l'excellent Ville Laihiala dans un combo qui désormais allait cultiver une attitude beaucoup plus rock n' roll au travers de ses compos, sans renier pour autant le côté dépressif et sombre de sa musique... Un côté Rn'R déjà perceptible, cependant, dès le mini Love & Death, œuvre annonciatrice de la métamorphose. Down sort en 1996, et restera pour beaucoup le summum artistique de nos finnois. Produit par le sorcier sonore Waldemar Sorychta (LE producteur phare de l'époque aux côtés de Dan Swanö, précédant l'époque Tägtgren / Nördstrom et consorts), ce disque contient des classiques instantanés tels Noose ou Bleed, supports de choix pour la voix chaude, puissante et agressive du nouveau chanteur. Et n'oublions pas non plus une participation vocale exceptionnelle de Vorph, la bouche de l'entité Samael.

Intègre et sincère jusqu'au bout des cheveux, Sentenced est mort mais aura toujours su satisfaire son public. Bien qu'ayant couvert un très large spectre musical (du death metal à la Autopsy des débuts au heavy « grave n' roll » de la fin, en passant par quelques embardées plus extrémistes, cf la vindicative reprise de The Trooper), Sentenced sera resté constant dans la qualité de sa production. Dernier mot : ne pas louper le dernier clip, très réussi, pour la chanson Ever-Frost, donnant à voir et entendre un Sentenced moribond incarné par des acteurs du troisième âge (et non de troisième zone) mettre un terme à sa carrière en l'enterrant symboliquement. Chapeau bas, messieurs. Et merci pour le show.

« "He shall appear to thee and thou shall know Him.

He is no son of God, He is the son of the Earth!"



A new Messiah...
He's walked among the living
and lived among the dead
He holds the key up there...

"He shall appear to thee and thou shall understand,
He shall promise no salvation but let you see what is imminent" »

(New Age Messiah)

Well, this time they’re done for good : Sentenced played its very last show on October first, 2005, in its birthtown of Oulu. Look out for the DVD release ! After Jarva’s departure, the band was smart enough to re-invent itself, fronted by the gravel-voiced cowboy Laihiala. Sentenced became then a more rock-orientated combo while retaining its bleakness and initial gloom… Wonderfully produced by sonic sorcerer Sorychta, Down still is an absolute must-have, with tunes like Noose or Bleed. So there it is, all over now. Do not miss the sad albeit funny video for Ever-Frost – Sentenced’s classy funeral !

samedi 8 octobre 2005

With your bitch slap rappin' and your cocaine tongue / You get nuthin' done

Le rock n'est pas mort. Mais il a perdu beaucoup d'attitude. Attitude ? Oui... Au rock, ce que la sauce blanche est au kebab. Sans cet ingrédient, eh bien cela passe toujours, cela reste comestible... Mais putain il manque quelque chose d'essentiel, et c'est sacrément moins bon. Guns N' Roses (le vrai, à savoir Axl, Slash, Duff, Izzy, Steven et personne d'autre), Mötley Crüe, Skid Row, WASP, L.A. Guns... Dans mon dictionnaire perso des synonymes, voici les noms que l'on trouve au mot « attitude ». Je me contrefous que ces groupes soient aujourd'hui uncool aux yeux et oreilles de beaucoup. Inutile de tergiverser trois ans, la simple écoute de brûlots comme Out Ta Get Me, Kickstart My Heart, Youth Gone Wild - quel morceau extraordinaire - ou encore Nothin' Better To Do vaut plus que tous les plaidoyers du monde. Tous permanentés ? Peut-être. Mais surtout de sacrés zicos dévoués corps et âme au Rock N' Roll.

Mieux encore, crades, sales et exhalant stupre et sueur, des morceaux tels Nightrain ou Midnight Tornado restent aujourd'hui de purs bijoux, des perles noires de hard-rock urbain et crépusculaire. Les jeunes loups des combos précités appartiennent au passé, Slash a pris du ventre, Sebastian Bach fait des comédies musicales, d'autres sont morts ou se sont embourgeoisés... Mais la flamme n'est pas éteinte, the fire still burns comme dirait Dee Snider. A l'heure où le rock s'intellectualise parfois trop, j'aimerais retrouver des groupes de la trempe de tous ces fantômes qui continuent à arpenter le Sunset Strip Boulevard dans mon esprit et dans ma chaîne hi-fi. Et avec autant d'attitude. Fuckin' at-ti-tioude.

Ever try to eat a döner kebab without its greasy whiter yoghurt sauce ? Nothing to die for, uh… Well, same goes with rock ‘n roll without some fuckin’ attitude… It can still be good on occasions but, hey, there’s really somethin’ missing in here. Guns N’ Roses, the motherfuckin’ Crüe, Skid Row, ol’dirty bastard Blackie and his wasps, LA Guns... Here’s the real deal. Forever dirty and smellin’ like dead fuckin’ rats drowned in blood and sperm, motherfuckers like Nightrain or Midnight Tornado are still the shit today : black gems of urban, gritty hard rock never topped since then. Ok, Slash has a fuckin’ peacemaker and Baz is doing lame-ass TV shows, but hey, listen to Dee Snider : the fire still burns – and it still needs some balls-and-fucking-attitude !