mercredi 23 novembre 2005

Un début à tout (en attendant la fin de tout)

Début 1991 (ou fin 1990 ?). J'ai une dizaine d'années, et en tant que jeune lecteur insatiable à l'époque (aujourd'hui je ne lis plus que la page people du Point), je fréquente régulièrement la petite bibliothèque municipale de mon bled. Un mercredi après-midi, en ramenant un fameux Dictionnaire des Monstres du Cinéma, je remarque une K7 dont la pochette flashy et énigmatique m'attire inexorablement l'œil... Diantre ! Qu'est-ce donc ? Un espèce de visage déformé, des lignes fluo bariolant une jaquette très arty (comprendre : « années 80 » )... On ne distingue pas grand-chose mais la graine de la curiosité a été semée. Croyez-moi, elle pousse encore. Je déchiffre le logo non sans peine (j'ai obtenu depuis le grade Champollion à ce petit jeu, black metal oblige) : Def Leppard. J'apprendrai un peu plus tard que ce nom signifie Léopard Sourd. Ni une, ni deux, j'embarque le trésor analogique chez moi pour l'écouter dans mon petit magnétophone... Et là, c'est le choc total, l'hallucination auditive, un coup de foudre qui ne s'est depuis jamais démenti. Ma mère ne semble pas fan puisque pour la première fois de ma vie j'entends une phrase qu'elle ne cessera de décliner des années durant : « c'est de la musique de sauvages quand même » (même si certains trouveront grâce à ses oreilles comme Theatre of Tragedy ou Therion bien plus tard)...

Dès les premières secondes, une ambiance à la fois chaude et synthétique s'installe et perdure tout l'album. Des notes surgies de je-ne-sais quel instrument (guitares électriques bien évidemment) résonnent dans un vide spatial (réverb' à la Mutt Lange donc) avant de lancer le premier morceau. C'est extraordinairement puissant, évocateur, j'ai la sensation d'une porte ouverte sur un imaginaire insoupçonné. Cet album, c'est Hysteria, j'en suis tombé instantanément amoureux et bien plus encore. Un monde musical s'ouvrait à moi, et inutile de dire que ça me changeait des thèmes de jeux vidéos copiés sur K7. Après m'être renseigné sur le genre auquel la bête était affiliée, à savoir le « hard » comme on disait alors, plus rien ne fut jamais comme avant.. En quelques semaines j'avais copié tout ce que la bibliothèque possédait - c'est-à-dire peu de chose : New Jersey de Bon Jovi, Rust In Peace de Megadeth (un album que j'ai apprivoisé sur plusieurs années avant de finalement le vénérer), le 1916 de Motörhead - un album indispensable et méconnu - et Let There be Rock d'AC/DC (j'ai encore toutes ces vieilles K7 repiquées quelque part). C'est à cette époque que j'ai découvert l'un des meilleurs albums de tous les temps (Appetite For Destruction), ainsi que Metallica par le biais d'un copain partageant la même passion. Et quelques mois plus tard, voici que je découvrais un groupe qui reste depuis mon totem, que je soutiendrais envers et contre tout (je peux même vous expliquer pourquoi No Prayer For The Dying est un album génial) : Iron Maiden.

Pour en revenir brièvement à Hysteria, il est évident que je n'ai rien à dire d'objectif dessus, de la même façon que Proust ne pouvait pas savourer objectivement une madeleine ! Reste que cet album est fréquemment donné comme étant le meilleur du groupe (dont je ne suis par ailleurs pas spécialement client), et possède une production singulière, unique même, signée Mutt Lange, l'un des grands sorciers du son de l'époque. Difficile de décrire le résultat, à la fois organique et synthétique, dont le disque bénéficie. Une chose est sûre, malgré les milliers d'albums que j'ai écouté depuis je n'ai plus jamais ré-entendu un tel son. Pour l'anecdote la gestation de Hysteria dura quatre longues années marquées par un tragique événement (pas le dernier qu'allait connaître le groupe) : le batteur perdit un bras dans un choc routier. Il conserva cependant son poste, qu'il tient encore à ce jour - unique et admirable. Que dire de plus ? Écoutez Hysteria. En ce qui me concerne, ce n'est pas Lautréamont qui a allumé la mèche, mais c'est cet album !

It all began in my remote village’s tiny public library, in ’90 or ’91, when, as a curious little boy, I was hooked by a strange record cover. Flashy colors, an eerie face melting into strange screaming features… Man, that was it, I had just found Def Leppard’s Hysteria, an album that means so much in my life. As soon as I put the strange fucker in my crappy boombox, the metal seed did instantly grow in me, never, ever to be gone since. So Hysteria began playing : atmospheric, synthetic albeit aggressive in terms of sound, it just totally blew me away – totally. I was then mainly listening to video games soundtracks, and, as a hint of my future love, I was secretly fond of Michael Jackson’s Beat It. From there it was just a succession of genuine, passionate discovers as I borrowed LPs such as New Jersey, Rust In Peace, 1916, Let There Be Rock… But more was to come when I stumbled upon Metallica, GNR and Iron Maiden. A classic gone-too-far affair : you can’t go back – you just have to discover more. And more. And more. Do not expect me to say anything, good or bad, about Hysteria : as the starter of it all, it truly is, since then, ma petite madeleine de Proust. I am not a big fan of Def Leppard but hey, what a sound those guys had in these days – thanks to Mutt Lange, sonic wizard extraordinaire. So what about you ? What was it that forever turned you into a true metalhead ?

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