jeudi 21 décembre 2006

Auvergne Connection

Cette nouvelle entrée sera dédiée à la chronique de deux albums venant de paraître... Mettons les choses au point tout de suite : elles ne seront peut-être pas des plus aisées à trouver, mais ces deux galettes valent non seulement d'être écoutées, mais aussi et surtout d'être achetées ! Bref, selon la formule consacrée qui clôturait nombre de missives à la glorieuse époque du tape trading... support the real underground ! Prenez la peine de découvrir H.O.P.E et Morphoss.

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H.O.P.E : REASON & DIVINE
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H.O.P.E n'est autre que la concrétisation sonore d'un projet de longue haleine, celui du sieur Alkariis, baroudeur de l'extrême UG français depuis les mid-90's. Entre autres campagnes victorieuses auxquelles il participa, mentionnons seulement la croisade menée sous la bannière (impériale) d'Ancestral, horde black/death qui gagna ses lettres de noblesse aux côtés du proto-CNK et à coups de prestigieux supports (Forest of Souls, Loudblast, Septic Flesh, Your Shapeless Beauty, Avatar, Edge of Sanity sont ceux qui me reviennent à l'esprit). Longuement mûri, Reason & Divine (en référence à l'éternel conflit cartésien) est le premier album de cette entité que l'on aurait tôt fait de réduire à un one-man band, tant Alkariis a su s'entourer des bonnes personnes pour mener à bien ce projet ! Je pense en particulier au paisible ménestrel Guillaume qui a prêté son précieux concours guitaristique à cette œuvre.

Sous influences digérées et non pas régurgitées, Reason & Divine propose un blackened-metal symphonique de haute volée, audacieux et maîtrisé. Certes, les maîtres-à-penser d'Alkariis se rappellent ici et là à notre bon souvenir : on entend parfois l'Empereur hurler sa triste colère sous l'Espérance (My Own Interior Way, qui cache sa noirceur sous sa charpente metallico-synthétique), on distingue ailleurs la silhouette spectrale d'un Yearning, d'un Ulver ou d'un Arcturus au détour d'une mélodie de claviers inspirée (An Ordinary Morning), mais ces différentes balises permettent à l'auditeur d'entrevoir cette lignée de rois immortels desquels H.O.P.E descend. J'utilisais plus haut le terme audacieux et ne le retirerai pas ; l'usage fréquent de vocaux typés Muse ou même Radiohead risque de refroidir les plus étroits d'esprit (dont moi-même, bien évidemment !). Pour autant, ces passages venant contrebalancer les vokills mortuaires d'Athevros (impressionnante prestation, confere Le Château Noir) sont brillamment exécutés, jamais intrusifs, toujours à-propos : ils sont l'une des grandes forces de Reason & Divine. Le dionysiaque et l'apollinien, toujours... On mentionnera aussi quelques dérapages contrôlés dans une electro-coldwave de fort bon aloi : tendez l'oreille et vous distinguerez des traces résiduelles de Covenant ou Haujobb, notamment dans Absinthe...

Bref, le premier effort de H.O.P.E est un grand disque de metal, puissant mais sensible ; noir mais jamais résolument dépressif, rappelant parfois dans l'esprit les travaux récents et « poppisants » (eh oui !) de Samael. Au diable les étiquettes : bien que le squelette de l'affaire demeure fortement ancré dans l'extrême, c'est l'amour de la musique qui parle ici ! Bravo à Alkariis d'avoir eu cette opiniâtreté et d'avoir su mener ce projet à son terme. Certes, les qualités de l'œuvre seront aussi ses défauts pour certains (mieux vaut avoir l'esprit sacrément ouvert pour digérer tout ce qui compose Reason & Divine), mais indéniablement, cette première sortie de Back Stage Records mérite toute votre attention. A l'écoute de H.O.P.E, excellemment interprété et produit (OCYS Studio + mix chez les Crack Ov Dawn), une phrase de Dylan me vient à l'esprit : « Casser les règles ? Je ne casse pas les règles, car il n'y a pas de règles ».

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MORPHOSS : MARCHES FOR THE CONDEMNED
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Brutal thrash, anyone ? J'espère en tout cas que ce programme vous siéra, car il n'y a rien d'autre au menu de ce Marches For The Condemned. Et c'est tant mieux ! Condamné à thrasher, ainsi que sa précédente réalisation le proclamait, Morphoss aime le death, le thrash, et entre les deux son cœur balance tellement... qu'il a décidé de ne pas choisir ! Ce papillon funèbre bourrine à tout-va, tatane comme c'est pas permis, mais avec style, précision et bon goût. Quoique je vais peut-être retirer cette dernière appréciation, n'ayant pas encore parcouru les paroles certainement primesautières de Bestiality...

Très influencée par Slayer à qui elle pique les sempiternels gimmicks (dissonances harmoniques, soli plus torturés qu'une sorcière sous l'Inquisition), la bande ne s'est visiblement pas remise non plus de la scène scandinave de la première moitié des 90's à qui elle emprunte sans vergogne rythmiques ultra-catchy mais aussi, à l'occasion, son côté graveyard voire nécro. Écoutez donc Assassinate qui lorgne sur le Entombed des débuts, ou encore les premières mesures du sus-cité Bestiality qui ruent dans les brancards comme un bon vieux Unleashed de derrière les fagots (à moins que ce ne soit l'inverse, car une erreur semble avoir été commise sur le tracklisting) ! Cependant et à mon humble avis, Morphoss n'est jamais meilleur que lorsqu'il se fait plus heavy et mid-tempo : carnages assurés sur March of the Condemned ou The Trial. Que dire d'autre ? Difficile de chroniquer de façon intéressante un genre archi-balisé ou l'on s'efforce d'être le moins original possible, car là n'est pas le propos et Morphoss, résolument oldschool, ne souhaite surtout pas révolutionner les choses ! Précisons seulement que la prod, puissante et « pleine », souffre peut-être d'un mixage un peu trop proéminent de la voix.

Outre une section rythmique un peu plus jeune que le reste de la bande, aux oreilles que l'on imagine plus volontiers formées avec Slipknot ou Soulfly qu'avec Hellhammer ou Bathory, Morphoss compte aussi dans ses rangs deux guitaristes vétérans du thrash made in 6-3, dont l'affable Gun's « c'est çààààhhh », sodomite de volatiles le jour et adorateur de Kerry King la nuit. Le tableau (de chasse) ne serait pas complet sans le bien bel organe de Fabrice, ex-imprécateur d'Ancestral aussi à l'aise dans les growls d'outre-tombe que dans les vokills venimeux. Pour connaître la machine de guerre en concert, je peux vous assurer que l'implacable rage dégagée par les lascars en live a été capturée sans être matée avec bonheur ! Bref, avec ce genre de forçats les moutons électriques sont bien gardés et le thrash/death demeure ce qu'il doit être : un torrent sonore cataclysmique, comparable à un Styx seulement contenu dans son lit par la compréhension du genre et sa parfaite maîtrise instrumentale. Le verdict de la Cour ne saurait attendre plus longtemps : coupables, et fiers de l'être !

As a Frenchman I support national metal, especially when said metal is of the better kind. Please take a few moments to roam H.O.P.E’s and Morphoss’ Myspaces. Wanna know why ? Well, here we go. H.O.P.E is a one-man-band led by Mr. Alkariis, of the late gallic Ancestral fame, Reason & Divine being for now its first release. Well, to say “one-man-band” is not totally accurate, as able musicians are backing and fleshing Alkariis’ ideas. So what you get here is blackened symphonic extreme metal, taking as much from Muse as from Samael. Scratching your head, uh ? Well, you just gotta click on the Myspace link below ! Ok, after the Dionysian, avant-guardesque darkness displayed by H.O.P.E, let’s be überbrütal with Morphoss. Don’t need to bother ye faithful reader with many superlatives, what you should know about Morphoss can be summarized like this : "brutal and expletive fuckin' thrash". ‘Cause Marches of the Condemned will crush your head without mercy, and you won’t even have the time to say “Slayer”, “Entombed” or “Unleashed” before givin’ up the ghost. Thrashin’ death metal or deathin’ thrash metal, who gives a flyin’ fuck – Morphoss will feast on your miserable soul ! So be a man and check it out, or else Sharon Osbourne will slip into your sweaty couch on some moonless night (and I would be there, making a sextape of this).

H.O.P.E - Reason And Divine (Backstage Productions, 2006)

01 My Own Interior Way
02 Le Château Noir
03 An Ordinary Morning
04 My Second Self
05 Absinthe
06 Racine Mortelle
07 A Light Despair
08 HOPE

Morphoss - Marches For The Condemned (autoproduction, 2006)

01 The Trial
02 Condemned To Thrash
03 Opposition
04 Bestiality
05 Assassinate
06 March Of The Condemned
07 Dark Obscenity
08 The Sentence


Le Myspace de H.O.P.E.
La chronique d'Obsküre, et celle de VS Webzine.


Le site et le Myspace de Morphoss.
La chronique d'Obsküre, et celle des Accros du Metal.

vendredi 8 décembre 2006

Stream of (social) Consciousness

Hormis sur ses deux premiers albums, consacrés aux sempiternels démons censés venir nous botter le cul pendant notre sommeil (toujours pas arrivés), Kreator a toujours pris soin de fignoler des textes coup-de-poing, au fil anarcho-gauchiste aussi tranchant que les riffs les portant. Enemy of God, dernière livraison en date, ne fait pas exception à la règle malgré un titre qui induirait en erreur quiconque n'y regarderait à deux fois. Mille Petrozza, toujours aussi révolté, continue d'inscrire son groupe dans le gros thrash social qui tâche, laissant bouchers éventreurs et autres démons cacochymes à ses compatriotes Destruction et Sodom. Ne parlons pas du nectar houblonneux, sujet d'inspiration infinie creusé avec bonheur - pour certains - et exclusivité par les poètes éthyliques de Tankard (au secours). Alors certes, d'aucuns diront que ça ne va pas pisser bien loin, et que ce n'est pas l'étude géopolitico-sociale la plus pertinente qu'il nous ait été donné de lire. Et c'est vrai ! Mais enfin, le but n'a jamais été d'écrire une thèse et cela reste de la musique, du thrash d'excellent niveau et hypermoderne pour un groupe de cet âge - notons même une coloration Gothenburg qui vient teinter la fin de l'album de sonorités rougeoyantes d'habitude plus scandinaves que germaniques.

Kreator n'a jamais prétendu faire d'essais politiques mais préfère, avec peut-être un peu plus de talent que de succès depuis la fracture Renewal, donner dans le pamphlet contestataire et descriptif. Enemy of God est donc un état des lieux, un constat d'urgence dressé par un Mille Petrozza consterné de se voir, chaque soir à vingt heures devant son poste, imposer une telle dose d'impossible brutalité. Sans rivaliser avec la force parolière d'albums tels que Cause For Conflict (eux-mêmes), ...And Justice For All (Metallica) ou encore Beneath the Remains (Sepultura), Enemy of God est cependant un grand disque que nous offrent ces punks allemands déguisés en thrasheurs, une sorte de BO idéale à cette ultraviolence incontrôlable et ascendante, alimentée pernicieusement par un inexorable système de vases communicants : les idéologies fondatrices s'effritant, ne reste désormais plus que la sauvagerie humaine toujours plus dénuée de règles. Fussent-elles critiquables elles-aussi. Une thèse assénée sur douze terribles morceaux !

Putting aside its first two releases, Kreator was always about politics and social awareness (and kick-ass thrash metal). Enemy of God is no exception and, despite its title suggesting some kind of church-burning black metal content, is another fist in the face of god (errr, of society, sorry) ! Sure it ain’t a postgraduate thesis but hey, we don’t need no more brains to understand it’s total social shit all over and everywhere right fuckin’ now. Got it ? I have to say that Cause For Conflict is maybe my favourite Kreator album as far as these topics are concerned – this release is criminally underrated : to say it is a major body of work is an understatement. However Enemy of God is a strong CD, almost punkish under its guise of barbaric thrash metal, and denouncing whatever there’s to denounce right here, right now. Man, I really do feel like a fuckin’ progressive proletarian writing these lines.

Enemy of God (SPV, 2005)

01 Enemy Of God
02 Impossible Brutality
03 Sucide Terrorist
04 World Anarchy
05 Dystopia
06 Voices Of The Dead
07 Murder Fantasies
08 When Death Takes It's Dominion
09 One Evil Comes - A Million Follow
10 Dying Race Apocalypse
11 Under A Total Blackened Sky
12 The Ancient Plague

Le site et le Myspace de Kreator.

...et toujours :
Heureusement qu'on se faisait ch**r dans les centres de jeunesse allemands !

mardi 21 novembre 2006

Le requiem incompris

Quelques mois après sa sortie, il est temps d'opérer un petit retour en arrière afin de réhabiliter cette merveille musicale qu'est Reinkaos, testament de Dissection et lettre d'adieu hargneuse adressée au monde des vivants par un Jon Nödtveidt au paroxysme de sa folie. Assassiné avant même sa parution par une horde de prétendus spécialistes de Dissection, massacré sur l'autel de la bêtise à sa sortie par le lobby internaute des soi-disant puristes incapables de se faire à l'idée que le metal n'avait pas besoin d'un Storm of the Light's Bane II, Reinkaos n'a en réalité jamais eu sa chance, ou plutôt lui a-t-elle été d'emblée refusée. Un second Storm of... ? Allons, allons... Si fabuleux que soit cet album, après tout il n'est lui-même qu'un The Somberlain II ! Reinkaos est différent, restera unique - et pour cause -, mais est clairement plus proche d'un aboutissement personnel que d'une trahison. Et pour couper court à un débat qui n'a pas lieu d'être... c'est du pur Dissection garanti à cent pour cent, à tel point qu'il était inutile de mettre le nom du groupe sur la jaquette !

Dès le premier arpège toujours aussi élégamment ténébreux, dès la première attaque de cordes si caractéristiquement vicieuse, Dissection réaffirme son identité ; il est dès lors évident qu'aucune des notes jouées pendant les ¾ d'heure à venir n'auraient pu être émises par un autre groupe. Évident aussi le fait que Dissection était Jon Nödtveidt et personne d'autre : malgré un line up remanié de fond en comble autour du charismatique leader, l'identité du combo n'a pas muté d'un iota. En revanche, le changement notable concerne le style ! Reinkaos, ce n'est plus du black-death, ce n'est même plus du metal extrême. Non, c'est du heavy metal pur et dur, mais plus noir encore que le cœur d'une pierre d'onyx, plus froid que de l'acier cryogénisé et plus virulent que jamais. Rétrospectivement, la haine crachée par Jon Nödtveidt à l'encontre de la Vie, de la Construction et de la Chair apparaît pour ce qu'elle était vraiment : non feinte et annonciatrice de son suicide, envisagé par le musicien comme point d'orgue de sa carrière artistique.

Ceci étant dit, la musique prime et il est fortement conseillé de se foutre du reste. Le phrasé si particulier (unique) de Nödtveidt participe directement à la qualité de l'ensemble : ses élucubrations venimeuses vouant l'Univers aux gémonies sont éructées via cette voix typée black metal mais si bien articulée que l'on saisit sans peine chaque mot, chaque phrase. Il me semble ici devoir établir un parallèle entre Dissection et Metallica afin de rendre immédiatement compréhensible ce qui a tant choqué : les titres de Reinkaos sont à ceux de Storm of... ce que Enter Sandman est à Battery. Nödtveidt propose ici une musique raffinée et épurée, ni meilleure ni moins bonne, simplement différente et reposant sur un canevas bien plus rock 'n' roll que thrash. La vitesse a ainsi été sacrifiée au bénéfice exclusif de l'efficacité : le puissant mid tempo qui règne majestueusement sur Reinkaos est absolument implacable et convoie sans discontinuer des riffs monstrueusement mélodieux, ne cessant de surprendre l'auditeur à chacune de leurs interventions. Si Dissection a toujours été soucieux de cet aspect de pure musicalité, Reinkaos enfonce sur ce point ses prédécesseurs. Quoi de plus étonnant ? Nödtveidt, surdoué de la guitare et rejeton obscur des Maiden, Priest et autre King Diamond, se montre plus que jamais digne de cette filiation et laisse exploser son sens de la mélodie dans cet ultime travail. Reinkaos est transcendé par cette multitude de lacis enchevêtrés de motifs lead, brodés à l'infini autour de géniales rythmiques heavy metal qui donneraient des complexes à beaucoup.

Un tel talent laisse une impression de malaise quand on connaît la fin : comment en arriver là, comment tout foutre en l'air à ce point alors que l'on est assis sur un tas d'or... Ou plutôt, en l'occurrence, que l'on a de l'or en barre dans les doigts ? Quoi qu'il en soit, Reinkaos doit être instamment réhabilité et il faut faire fi de toutes les énormités lues ici où là et proférées par des no life ayant découvert l'option « commentaires » de Vs Webzine juste après Limp Bizkit. Sans même l'avoir entendu dans son intégralité, il va sans dire. Le troupeau de Panurge est infini... Petit conseil : commencer éventuellement par l'écoute de Dark Mother Divine, hymne posthume évident et représentatif des richesses de Reinkaos avec ses lead sublimes et sa rythmique hetfieldienne en diable. Que ce soit bien clair : non, le dernier Necrophobic (au demeurant plutôt bon) n'est pas l'album qu'aurait dû sortir Dissection (rires). Reinkaos, en sus d'être la seule option artistiquement valide (pourquoi refaire ce qui a déjà été fait ?) et digne de son illustre grand frère, doit être écouté pour ce qui reste la meilleure des bonnes raisons : c'est un putain d'album de metal à des années-lumières de l'actualité. On peut ne pas l'aimer, mais dire qu'il s'agit d'une trahison (un bien grand mot) est ridicule : inutile de se racheter une paire d'oreille, c'est le cerveau qui doit être changé.

Reinkaos never got a chance in the first place : dumbass motherfuckers all over the web destroyed it even before it was released. Man, there’re so many fucktards on this rocky debris roaming this universe… I can’t believe it. Reinkaos’ musical orientation, which makes it the “Black Album” of Dissection, was the right one and there’s no point arguing about that. Whoever the fuckin’ fuck would need another Storm of the Light’s Bane ? There’re enough copycats already doin’ it, don’t ya think ? So what we have here is pure frozen swedish heavy metal, a la Dissection (‘cause it IS Dissection, remember ?), still pissed-off as fuck against whatever you want – well, mainly life, it seems. Sure it ain’t a bullet-speeding record, but what we got here is total metal efficiency, complete with state-of-the-art songwriting and musicianship and rounded by killer melodies reminding of Maiden, Mercyful Fate or Priest. Heavy fuckin’ metal at its finest and darkest, like I love it to be. Do not listen to your friends : I know better (or else you won’t be here instead of trolling on Blabbermouth).

Reinkaos (Black Horizon Music, 2006)

01 Nexion 218
02 Beyond the horizon
03 Starlessaeon
04 Black dragon
05 Dark mother divine
06 Xeper-I-set
07 Chaosophia
08 God of forbidden light
09 Reinkaos
10 Internal fire
11 Maha kali


Le site et le Myspace de Dissection.

...et toujours :
R.I.H.

lundi 9 octobre 2006

Melissa Comedy Club

La honte soit sur M6... Une fois de plus le vilain petit canard de la famille musicale s'est vu infligé un traitement de choc dans le cadre d'un sujet racoleur et sensationnaliste destiné à Bobonne, qui a certainement hésité, comme chaque soir, entre le premier et le sixième bouton de sa télécommande. Faudra lui dire un jour que l'effet débilitant est au final strictement le même. Inutile d'entrer dans les détails, tout y était : vocabulaire inapproprié, manque de sérieux dans les pseudo-investigations, volonté d'amalgamer dangereusement tout et n'importe quoi, interviews d'ados boutonneux dégénérés, n'en jetez plus, la coupe est pleine. Juste pour le fun, mentionnons ce moment inénarrable : sommé de nous montrer les « reliques de son passé sataniste » (sic), un gamin repentant sort de sa table de nuit un... exemplaire d'un numéro de Hard N' Heavy ! Espérons que la rédaction dudit magazine porte plainte pour diffamation.

Plus inquiétant, relevons la technique honteuse et malheureusement répandue consistant à caviarder ce genre de reportage avec force faux protagonistes, tel ce mauvais comédien jouant un sataniste convaincu, fonctionnaire le jour et adorateur du diable la nuit. La fonction publique appréciera, d'autant que cet « agent double » n'a pas pris soin de faire flouter son visage (bizarre, vous avez dit bizarre ?). Nonobstant le lamentable jeu d'acteur, on ne saurait que trop conseiller à M6 de veiller un peu plus à la crédibilité de son décor : entre les vieilles dagues en inox achetées au surplus du coin (stocks Alchemy invendus ?) et les piteux pentagrammes piqués à la va-vite sur le skyblog à Kevin, la méthode est aussi dégueulasse que ridicule. Je ne mentionne même pas le bout de carton représentant un « symbole-censé-faire-peur » et vraisemblablement collé à l'arrache sur la chevalière du grand-père du caméraman, histoire de figurer un accessoire sataniste de plus... Une véritable honte.

Pour finir, que penser de ce groupe de « djeun's » en pleine mue (remarquez, ça peut aider pour les transitions vokills death / black), abrutis jusqu'à la caricature dans leurs t-shirts Slipknot (évidemment) ? Là encore, la question de l'authenticité se pose... Outre la prétendue salle de répétition - peu crédible vu la gueule de l'endroit -, notons que notre bande d'apprentis satanistes ne jouait... rien du tout ! A l'évidence ils mimaient, harnachés d'instruments, une piètre comédie, mais en aucun cas ne jouaient quoi que ce soit. Ne parlons pas de leurs maquillages, énième indice accréditant la probable supercherie : personne - je dis bien personne - n'oserait se peinturlurer ainsi. Sauf à faire appel aux maquilleuses de M6 préalablement briefées : « les filles, on vous amène cinq gamins, foutez-leur un peu de rimmel autour des yeux et vogue la galère » ! Des méthodes de putes pour une émission putassière, décidément M6 parvient régulièrement à enfoncer TF1 sur le terrain de l'ordure télévisuelle. Et l'info dans tout ça ? Tolèrera-t-on longtemps ces sujets bidons réalisés avec l'addition « désinformation + comédiens » ? Le monde (prétendument) mental ment monumentalement, disait Prévert... Il n'a même plus l'élégance de le faire avec discrétion.

Man, I really don’t feel like translating my impressions about that motherfuckin’ so-called “documentary” broadcasted the other day on french TV. Metal is one the many handy scapegoats of society, and TV is more than ever a nauseous, lyin’, brain-sellin’ machine. So I won’t add anything else, except I guess it’s better to be pissed-off than pissed on…

lundi 21 août 2006

R.I.H.

Jon Nödtveidt s'est donné la mort par arme à feu entre le quatorze et le quinze août 2006, faisant définitivement entrer Dissection au panthéon des légendes du metal extrême nordique. Entre le gamin rigolard de quinze piges visible sur une vieille vidéo de Therion (eux-mêmes pas vraiment plus âgés) et l'ex-taulard ombrageux et dérangé - car ayant la cervelle polluée par quelque secte millénariste - de la fin de sa jeune vie, difficile de cerner le bonhomme... La vérité se trouve certainement quelque part entre ces deux extrêmes.

Après avoir joué comme il se doit dans quelques combos thrash sans avenir (Siren's Yell et Rabbit's Carrot), Nödtveidt fonde Dissection et tutoie l'excellence dès la démo The Grief Prophecy, facilement trouvable aujourd'hui sur le digipack The Past Is Alive édité il y a une dizaine d'années chez Necropolis. Malgré quelques participations à divers projets (notamment Ophtalamia, The Black et le délire « starwaresque » Vondur) et une fausse note (De Infernali, une tentative techno-épico-sataniste aussi fumeuse qu'embarrassante), l'histoire ne retient aujourd'hui que Dissection, qui sur trois albums aura au moins commis deux chefs-d'œuvre.

Le death-black metal occulte et obscur, à envisager comme un véritable sortilège sonique et sonore, est tout entier contenu dans un morceau comme Unhallowed (Storm of the Light's Bane), et Dissection, avec son inimitable touche heavy et son goût pour les sombres arpèges acoustiques, en est définitivement le seul et unique dépositaire malgré quelques bons succédanés (Necrophobic, les pilleurs de Setherial, Sacramentum, Swordmaster, Naglfar, Lord Belial dont l'histoire est fortement liée à celle de Dissection...). Fermez le banc, l'histoire s'achève ici.

Jon Nödtveidt took his own life some days ago - little more did Dissection need to become a legend in its own right. Watching him the other day at age 15 in the Therion DVD “Celebrators of Becoming”, and knowing what he had done, become and been through, is kind of a weird feeling. Musically speaking I love everything Dissection ever did since hearing Storm of the Light’s Bane. Its brand of poisoned, beautifully morbid thrashin’ blackened metal is now a big niche in metal’s subgenres, but none of its impersonators has ever created such kaotic, frozen musical storms as the ones expelled by Dissection. May the ground rest easy on his soul !

dimanche 30 juillet 2006

Le grand pardon

Certains ne sont jamais contents, et je dois sûrement faire partie de cette espèce vu le peu de considération que je porte à tout ce qu'à fait Moonspell depuis Irreligious... Mais aujourd'hui, c'est le jour du grand pardon. Moonspell, vraisemblablement conscient malgré le succès commercial de se perdre un peu plus à chaque sortie, a rectifié le tir. « A light at the end of the earth », nous hurle Fernando dans Finisterra. Traduction : la bête lusitanienne bouge encore. Memorial est sombre, beau, consistant et cohérent, mais surtout tellurique : cet album semble avoir été véritablement exhumé de l'humus crépusculaire de cette finisterra d'où nos amis nous envoient cette belle preuve de vie. Le metal selon Moonspell, en 2006, navigue entre dark, black, heavy et conserve bien sûr cette âme littéraire dont Ribeiro est l'indiscutable garant. Pilonné en quasi-permanence par une double grosse-caisse au son monstrueusement organique, Memorial regarde le futur tout en conservant le meilleur de son passé. Oubliées, les voix gothiques et toc. Oubliées, les compos bouche-trou, hormis ce Luna un peu trop mièvre. Les amoureux d'Under the Moonspell et de Daemonarch seront aux anges (hum...), et ceux de Wolfheart pourraient bien revenir au bercail - en particulier à l'écoute d'un titre comme Sanguine qui n'aurait pas dépareillé sur ce chef-d'œuvre.

Memorial ne serait pas ce qu'il est sans son producteur : Waldemar Sorychta le magnifique. Présent à tous les niveaux - tenant même la basse (ce qu'il faisait déjà, se murmure-t-il, sur Wolfheart), l'homme a permit de faire de cet album un véritable hommage aux arts métalliques noirs des mid-nineties, rappelant tour à tour les plus grands noms de l'écurie Century Media. Comment ne pas penser à Tiamat à l'écoute de Sons of Earth ou encore à Samael sur le génial Upon the Blood of Men ? Memorial fait aussi une belle révérence à Bathory. Le plus simple pour s'en apercevoir est de parcourir le livret, mais le plus intéressant est d'écouter attentivement la seconde partie de Best Forgotten, sur laquelle plane l'ombre tutélaire du maître Quorthon. Achetons Memorial, disponible depuis un petit moment déjà, et rendons à Moonspell l'honneur qu'il nous fait en proposant un tel album ! Voici un groupe véritablement composé d'artistes et mené par un esthète du metal, qui aura su reconquérir un de ses « vieux » fans. Bien sûr, Memorial n'est pas Wolfheart. Mais il reste essentiel.

Back in the, hum, "cattle" is how I feel when listening to Moonspell’s latest outing, Memorial. Having been disappointed by almost everything the band did after Irreligious, I truly wasn’t expecting anything by now. Well, let me be clear on that point : Memorial is an absolute fuckin’ monster of an album. I just can’t believe how it totally blows me away each time I listen to this friggin’ behemoth. As a matter of fact this blackest monolith is deeply rooted in the colder-than-death dark metal of the nineties, the very one from which Moonspell rose in the first place – no wonder this is Sorychta-produced. Spiriting away many ghostly names of yore and today, such as the Frost, Bathory, Tiamat, and Samael, Memorial is, to this day, Moonspell’s biggest achievement in this part of metal. You’ve been warned : this is occult, dark thrashing death metal, an ill-scented spell not for the faint-hearted. Once again, I just can’t believe it – I’d have never expected such a somber and violent return to form from the foggy wolves.

Memorial (SPV, 2006)

01 In Memoriam
02 Finisterra
03 Memento Mori
04 Sons of Earth
05 Blood Tells
06 Upon the Blood of Men
07 At the Image of Pain
08 Sanguine
09 Proliferation
10 Once It Was Ours !
11 Mare Nostrum
12 Luna
13 Best Forgotten
14 Atlantic (bonus track)


Le Myspace de Moonspell.

vendredi 9 juin 2006

« Toi qui entre ici, abandonne toute espérance... »

Cette célèbre phrase extraite de la Divine Comédie est on ne peut plus appropriée pour situer d'emblée la teneur de ce nouveau Celtic Frost, attendu comme le messie par certains mais redouté, en cas de retour raté, par à peu près tous. Ce n'est absolument pas le cas... Après une parenthèse d'une quinzaine d'années, Tom G. Fischer et Martin Eric Ain nous livrent rien de moins qu'une nouvelle évangile écrite en lettres de sang, une pièce maîtresse du metal contemporain de laquelle est absente, donc, la moindre lueur d'espoir. Inutile de revenir sur le passé glorieux de Celtic Frost, précisons simplement que Monotheist est totalement moderniste et avant-gardiste en cela qu'il jette avec parfois beaucoup d'audace de nouvelles bases pour le dark metal, tout en conservant des racines charbonneuses profondément ancrées dans l'identité du groupe suisse.

Refusons-nous à faire un track by track stérile et sans intérêt : dissocier individuellement les morceaux de Monotheist n'aurait aucun sens. Monotheist, c'est avant tout un manifeste, une profession de foi alternativement gémie, criée, chantée, vomie par un Tom G. Fischer absolument impérial et qui confère à nouveau ce côté très « dominateur » à la musique de Celtic Frost. On est assez loin du proto-black (rien d'autre que du thrash morbide, finalement) pratiqué sur les premiers albums. Les guitares sont excessivement lourdes, le tempo est volontiers modéré malgré quelques accélérations thrashisantes (Ain Elohim), l'atmosphère est à la peine, au recueillement mais aussi à la colère : il est parfaitement clair que l'objectif - largement atteint - de Celtic Frost était de reconquérir un trône perdu depuis longtemps. Notons l'excellente prestation de Franco Sesa à la batterie : son jeu est inspiré, sobre et inventif, on décèle de rares passages presque tribaux suggérant parfois l'idée d'un « culte » païen célébré par quelque étrange peuplade oubliée - de celles que l'on trouverait chez Lovecraft plutôt que chez Lévi-Strauss. Doom ? Death ? Dark ? Black ? Oui, quatre fois oui, mais avant tout unique.

Monotheist est un album qui fait peur et qui n'a besoin pour cela d'aucun artifice : en d'autres termes, on est loin du folklore habituel. Le sentiment prégnant d'écouter une œuvre « adulte » enfantée par des « adultes » ayant particulièrement réfléchi à leur art perdure pendant les soixante-huit terribles minutes de l'album. Monotheist écrase, pilonne, traumatise son auditeur. Ce bloc de noirceur ultra-dense se refuse catégoriquement à ne laisser filtrer ne serait-ce qu'un infime rayon de soleil... Ce qui n'empêche pas Celtic Frost de conserver son lyrisme et sa beauté froide habituelle : au milieu des riffs pachydermiques, des saillies bruitistes et de la plainte morbide de Tom G. Fischer bat le cœur du groupe - un lyrisme certes froid comme une nuit d'hiver, mais néanmoins beau comme la lune et ses tristesses (cf Into the Pandemonium). Mentionnons notamment, outre la fabuleuse pièce finale Winter, cet extraordinaire morceau qu'est Obscured et dans lequel se mêlent, en une sublime complainte désincarnée, le râle de Fischer et la supplique de Simone Vollenweider. Monotheist est un tombeau, sépulcral et quasiment « sacré » par instants... Mon amie absolument profane en matière de metal ne m'a-t-elle pas dit, à l'écoute de ce disque, « dis-moi, c'est presque religieux, ça ! » ?

Monotheist est un rêve expressionniste, certes froid et obscur, mais décidément loin du cauchemar redouté par certains. Un album historique, à côté duquel le My Dying Bride époque The Angel and the Dark River passe pour la Bande à Basile. Ne fêtons donc pas ce coup de maître(s), préférons observer une minute de silence bien plus adéquate en l'honneur du grand retour de Celtic Frost !

Fifteen years of waiting – but it was worth it, for Monotheist is an astonishing second coming. More, it is an instant classic, a new landmark in dark metal music. Will Celtic Frost finally reclaim the place its rocky history prevented him from keeping ? Monotheist is a slow-pace grinder, diffusing its utter darkness in an artsy, almost german-expressionism kind of way – the Frosty way. Its music is heavy as fuck, with low-tuned guitars supporting Fischer’s commanding voice and backed by Franco Sesa’s monstrous, in some cases almost ethnic-coloured, drums and percussions. A storming piece of miserable darkness it is indeed. Complete with an almost religious feeling – a requiem, that is – Monotheist does not contain one second of optimism and is the perfect embodiment of the band’ spirit. Hear its winter-scorched, blackened heart pulsing in Obscured ! To buy or to die in eternal doom and gloom.

Monotheist (Century Media, 2006)

01 Progeny
02 Ground
03 Dying God Coming into Human Flesh
04 Drown in Ashes
05 Os Abysmi Vel Daath
06 Obscured
07 Domain of Decay
08 Ain Elohim
09 Totengott
10 Synagoga Satanae
11 Winter: Requiem/Chapter Three: Finale


Le site et le Myspace de Celtic Frost.

lundi 22 mai 2006

Billet d'humeur : le vilain petit canard jette un pavé dans la mare

Soyons bref et concis, et allons droit au but : une fois n'est pas coutume, il s'est vraiment passé quelque chose lors de cet inepte non-événement qu'est l'Eurovision. Le groupe de heavy metal Lordi, représentant farceur de notre église musicale, s'est vu décerner la victoire contre toute attente, à la fin de cette masquarade ! Le premier surpris étant certainement M. Lordi lui-même.

L'objet de ce billet n'est cependant pas de tresser une couronne de lauriers à ces adorateurs de KISS assez mauvais, mais plutôt de relever l'attitude lamentable de l'affreux Michel D., présentationniste multi-décennal accroché depuis le Quaternaire à son royaume cathodique. Le bonhomme, vrai-faux gentil, s'est littéralement acharné sur la prestation de Lordi, faisant fi du respect le plus élémentaire dû aux musiciens en couvrant ni plus ni moins le son avec son claque-beignet... On peut ne pas aimer, voire détester, le metal (je vais vous faire une confidence : c'est parfois mon cas). Aucun problème là-dessus. Mais entendre ce vieux beau, certainement contrit d'avoir quitté son canapé rouge le temps de cette pantalonnade, tenir des propos aussi déplacés que méprisants m'a vraiment mis hors de moi...

Reste que ce non-événement (restons lucides) rassure un peu : si on leur donne le choix, les téléspectateurs peuvent parfois prouver qu'ils sont lassés de la soupe qu'on leur propose, et ce ras-le-bol a directement profité, l'autre soir, à Lordi ! Notons enfin, pour finir et en réponse à cette vieille baderne de Michel qui se lamentait devant Lordi en se désolant sur le mode « quand on pense que l'on présente notre petite Virginie (NdSheol : qui ?) face à ça », que la chanson de la française était littéralement atroce : une mélasse insipide concoctée par Racine (ah non, c'est l'autre), compositeur calamiteux mais inattaquable pour des raisons fort peu objectives. Fuck it & die !

Not only is Eurovision one of the most atrocious musical contest ever created, it is also the biggest non-event to grace that corner of the galaxy. However this year an “incident” did occur : fuckin’ Lordi assfucked them all, becoming the grand winner of the evening ! It shall not come as a total surprise that I’m not in the slightest way an adorateur of Lordi, but hey, what an unexpected turn of events ! That year’s Eurovision was also plagued not only by musically-retarded europop atrocities, but also by its French host, showing an incredible amount of disrespect toward metal music during Lordi’s childish and harmless performance. Man, I can’t stand people disliking metal. Metal should be inducted into schools programs, and metal should be a part of all existing therapies for rapists and burglars. Metal should be an obligation, metal should be the one and only religion. So it shall be written, so it shall be fuckin’ done.

vendredi 17 mars 2006

X-Japan ou le Sturm und Drang à la nippone

Sortons un peu des sentiers battus aujourd'hui ! Et pourtant, il y aurait matière à faire dans le classique : le dernier Darkthrone vient de sortir, Guns N' Roses passe prochainement en France, Satyricon vient de laisser filtrer un morceau augurant du meilleur quant à l'attendu Now, Diabolical, et bien sûr, on trouverait toujours prétexte à bavasser sur nos thrashouilleurs préférés sachant qu'ils sont actuellement en plein travail avec Rick Rubin. Mais faisons fi de tout cela : place à l'exotisme oriental et consacrons cette petite notule aux nippons de X-Japan. Le groupe de hard rock (oui) le plus mythique de l'archipel du Soleil Levant (mais pas le plus culte : cette place est occupée par Loudness) mérite bien un petit coup d'œil dans le rétroviseur ! Pour une fois, préférons la démonstration visuelle et sonore aux longues palabres : voici un lien offrant, dans une qualité disons acceptable, le morceau de bravoure du groupe : Art of Life. Cette composition de plus de trente minutes, d'excellente facture et ici brillamment exécutée au légendaire Tokyo Dome, peut être qualifiée de heavy metal lyrico-romantique dans lequel il y aurait un peu trop de tout... ce qui reste préférable à pas assez de rien. Mention spéciale aux parties de piano inspirées, baroques et fiévreuses, jouant habilement d'une certaine disharmonie (anecdote personnelle, mais j'ai toujours une pensée pour les géants Forbidden Site en écoutant Art of Life !), ainsi qu'aux guitares maidennienes en diable.

Parfois (souvent ?) surestimé par des fans énamourés séduits autant, voire plus, par l'imagerie bariolée que par sa musique, et méconnaissant souvent l'indiscutable suprématie du heavy metal occidental (c'est un constat, mon adresse est à droite), X-Japan reste un bon groupe qui mérite d'être (re)découvert, et pas simplement connu à cause du décès d'un de ses membres... Mentionnons qu'Anorexia Nervosa (pourquoi ne suis-je pas surpris ?) a eu l'audace, l'idée et l'envie de reprendre I'll Kill You sur un récent mini ! A vous donc de visionner, malheureusement saucissonnée en quatre liens, la vidéo complète de X-Japan dans ce qui reste l'unique interprétation live de Art of Life. La patience est de mise, mais l'attente en vaut la peine. Tout se mérite ! Et que personne ne vienne me parler de visual key ou d'autres conneries de ce genre au sujet de ce groupe - let the music do the talking. Et non pas les modes étriquées et articides. Par l'Art et par le Sang, nom de Zeus !

Art of Life is a more than thirty-minutes long epic song by X-Japan, a famous colourful, motley crew of a band whose heydays are now long gone. Here are links to behold the theatrical interpretation of said song, packed-in with full-throttle heavy metal twin-guitars harmonies and over-the-top, baroque piano parts. Is this the way of Japanese sturm und drang ? Well, maybe. Or maybe not. For all of you French artists lovers, you'll wanna hear gallic decadent black metal masters Anorexia Nervosa's take on the more punkish side of X-Japan by listening to their rendition of I'll Kill You !

Art of Life, live au Tokyo Dome, parties 1, 2, 3 et 4.

Le site et le Myspace de X-Japan.

jeudi 2 mars 2006

Amorphis emmerde Darwin...

...en cela que le dernier album des finlandais est un véritable bras d'honneur fait à la théorie de l'évolution. Eclipse, le lumineux opus qui vient de paraître, aurait pu sortir en 1997 tant il se serait bien inséré entre Elegy et Tuonela ! Enfanté à cette époque, il aurait ainsi fait office de véritable transition, cette charnière oubliée par Amorphis qui préféra passer abruptement d'un post-death metal mélancolique à un psyché-rock seventies. Mais Eclipse est bel et bien la dernière œuvre en date des Amorphes et il est évident que cette galette est supérieure aux immédiates précédentes. La recette par laquelle est venu le succès est de retour : mélodies folk en veux-tu en voilà, textes inspirés par les contes du Kalevala, vocaux clairs et growling death metal hargneux, souffle épique en provenance directe du Grand Nord... Il serait inélégant de ma part de ne pas souligner l'impressionnant travail vocal : Tomi Joutsen est le nouveau chanteur d'Amorphis, et qu'on se le dise, c'est bien le digne successeur de Pasi Koskinen - pourtant pas les pompes les plus simples à chausser. Bien que possédant un timbre un peu plus classique, Joutsen (aussi dans Sinisthra) fait merveille à tous les niveaux et l'on a hâte de l'entendre interpréter les classiques du groupe.

En un mot, l'efficacité a été privilégiée, peut-être au détriment de l'audace... mais diantre ! On s'en fout. L'évolution (stylistique j'entends), ce bouclier vertueux brandi par des groupes expliquant - excusant - parfois ainsi leurs œuvres les plus décevantes, n'est décidément pas le maître-mot qui a présidé à la conception d'Eclipse ! Et c'est tant mieux : non seulement s'agissait-il probablement d'une question de vie ou de mort pour Amorphis dont le passé doré s'éloignait à vitesse grand V, mais c'est aussi une preuve d'intelligence de la part de la bande, qui a compris que si elle perdait peu à peu une bonne partie de son public, elle n'en gagnait pas pour autant un autre. N'est pas The Gathering, ou Anathema dans une moindre mesure, qui veut ! La démarche est ici assez similaire à celle adoptée par Dave Mustaine sur l'excellent The System Has Failed, un album à rebrousse-temps sur l'échelle évolutive, mais qui permit à Megadeth de renouer avec le succès critique et artistique. A écouter avant d'acheter car Amorphis reste unique et ne sera jamais mainstream, mais assurément, un très bon millésime. Puissant, racé, mélodique, agressif... et simplement beau. Une raison de plus de laisser Far From the Sun s'empoussiérer sur l'étagère !

Man, I can put my fears to rest, as Eclipse is a quality-surprising album, far beyond my initial expectations. Not only is it introducing the new boy (Tomi Joutsen, offering a mind-blowing performance all the way down), but it is also harking back to the band’s glorious past – truth be told, Amorphis did not have so many artistic choices except returning to its quality-proven formula. So here we go : death grunts, Kalevala-based lyrics, moody and folkish powerful compositions – I would even dare to say Eclipse is the righteous heir to Elegy ! So an evolutionary leap, Eclipse is certainly not, but I don’t give a flying fuck as long as I have my dose of worthy metal… ‘cause a dose of metal you need !

Eclipse (Nuclear Blast, 2006)

01 Two Moons
02 House of Sleep
03 Leaves Scar
04 Born From Fire
05 Under A Soil and Black Stone
06 Perkele (The God of Fire)
07 The Smoke
08 Same Flesh
09 Brother Moon
10 Empty Opening
11 Stone Woman (bonus track)


Le site et le Myspace d'Amorphis.

...et toujours :
La fin de l'éclipse ?

jeudi 23 février 2006

Shag it up, it's only rock n' roll...

C'était un matin d'hiver. Il faisait froid, il faisait gris, et notre père Shagrath gambergeait intensément devant son nesquik (le café, croit-il, lui irrite la gorge, mais ne seraient-ce pas plutôt les vocalises de Dimmu Borgir les responsables, ou bien ce vieux chat matagot au coin du feu ?). Bref ! Notre chérubin, mal remis qui plus est d'une réaction allergique au corpsepaint - Nattefrost lui a pourtant conseillé mille fois de changer de marque pour tester Goathorns Special Care, « tu verras, l'essayer c'est l'adopter, en plus tu peux te mettre le stick dans le cul » - se fit la réflexion suivante : « enough of black fuckin' metal ! Let's fuckin' wock n' woll ! » La journée avait mal commencé, soit, mais un bon nesquik et une envie de rock binaire bien graisseux avaient considérablement ragaillardi notre pépère. Rebaptisé au terme d'un épuisant brainstorming « Shag », notre bougre décida par la même occasion d'aller chercher au grenier la guitare du grand-père Harald, ce vieux truc poussiéreux qui pétait quand il avait trop bu (le grand-père).

Le reste ? Il appartiendra bientôt à l'histoire. Ou pas. Quelques coups de fil passés à ses petits copains et Shag venait de monter un line-up en béton armé. Spécialité : terrorisme sonore. Nom : Chrome Division. Signes particuliers : ça sent la bière, les patches et les perfectos. Ça s'écoute en cinq titres vomis sur le site officiel de la horde, et ça fait pour l'instant très mal ! En un mot comme en cent : réussite sur toute la ligne - en espérant que l'album qui suivra logiquement tienne la durée. A prendre comme il se doit : c'est-à-dire comme un hommage à tous les grands groupes sans qui notre style chéri n'aurait pas ce visage. Le premier morceau est un énorme clin d'œil à Motörhead, le deuxième convoque directement l'esprit WASP - on pense furieusement à Hellion, le troisième est le digne rejeton d'un accouplement contre-nature entre AC/DC et Thin Lizzy... and so on, and so on. Ils n'ont rien inventé, c'est sûr. Mais ils n'ont rien oublié non plus, pas même le rot post-houblon qui clôt de la meilleure des façons l'assaut musical. Bravo les gars, merci papi, merci Groquik.

“There’s not only corporate, blockbusting black metal in life”, muttered Shagrath while preparing his coffee on this grey, cold winter morning. “No, there has to be something else, and that something else may well be greasy fuckin’' rock ‘n’ roll !” And so was born Chrome Division, a sonic terrorist unit specialized in blitzkrieg, Motörhead-type blistering songs - an infernal offspring of hellish (mis)conception. You can’t miss it if you like Lemmy, WASP, and whatever rectal-born bastard-spawns of troublemakers such as AC/DC and Thin Lizzy. An inspiring coffee indeed, wasn’t it ?

Le site et le Myspace de Chrome Division.

mardi 21 février 2006

Vingt ans déjà !

Master Of Puppets est sorti voici vingt ans - no comment !

Personnel : James Hetfield - guitares et voix / Lars Ulrich - batterie / Cliff Burton - basse / Kirk Hammet - guitares
Production : Metallica & Flemming Rassmussen
Enregistré aux Sweet Silence Studios, Copenhague, DK (déc. 1985 - jan. 1986)
Parution : 21 février 1986 chez Elektra



01 Battery
02 Master of Puppets
03 The Thing That Should Not Be
04 Welcome Home (Sanitarium)
05 Disposable Heroes
06 Leper Messiah
07 Orion
08 Damage Inc.


What the fuckin’ fuck do you expect me to say about fuckin’ MOP, except it’s the best ever ‘tallica record ever made ?!? Well, thinking about it, I’m not so sure. Maybe it’s Justice. Well, whatever, happy birthday to MOP and hail to all of you metallibashers !

...et toujours :
SKOM : un divan pour le monstre

samedi 11 février 2006

Un triste anniversaire...

Roger Patterson, en bermuda militaire et au second plan.

Quinze ans ! Quinze ans déjà que l'un des plus talentueux bassistes metal a quitté ce monde. Atheist ne se remettra jamais totalement de la perte de Roger Patterson, qui eut la mauvaise idée, en ce 12 février 1991, d'imiter Cliff Burton : éjecté du tour-bus lors d'un accident, il meurt écrasé par le véhicule. A vingt-deux ans seulement, ce maître-musicien avait instauré un tel niveau d'excellence et d'inventivité pour son instrument qu'Atheist ne retrouva tout simplement jamais un remplaçant capable de rendre justice à ses lignes de basse, même si l'illusion fut entretenue avec Tony Choy de Cynic. Comme quoi, la valeur n'attend pas le nombre des années.

C'est en 1987 que R.A.V.A.G.E., ex-Oblivion, décide de changer une nouvelle fois de patronyme pour devenir Atheist. Le groupe change dans le même temps d'orientation musicale et passe d'un thrash-death classique à une formule alors inconnue et novatrice, mêlant riffs jazzy alambiqués, structures progressives et sonorités extrêmes tout en conservant une attitude et une agressivité aiguë venant directement du thrash. Atheist reste le seigneur incontesté du technodeath à l'américaine, qu'il a façonné avec l'intemporel Piece of Time et pérennisé avec Unquestionable Presence, chef-d'œuvre posthume de Roger Patterson. Reste que certains élèves ont ponctuellement égalé le maître : Cynic avec Focus, Pestilence et le magistral Testimony of the Ancients, Thresholds de Nocturnus (extraordinaires Climate Controller et Subterannean Infiltrator...) ou encore Sadist avec Tribe, un album littéralement ensorcelé. Sans parler de Death qui sans l'avènement de cette scène n'aurait jamais effectué le virage technique amorcé avec Human, à l'occasion duquel Schuldiner s'entoure des musiciens de... Cynic !

Pour l'anecdote, les brésiliens de Sepultura, fraîchement débarqués aux USA en 1989 en baragouinant tout au plus un très mauvais anglais, se virent aider dans l'élaboration des paroles de Beneath the Remains - leur meilleur album ? - par les membres d'Atheist « mandatés » par Roadrunner. Kelly Shaefer est d'ailleurs l'auteur de Stronger Than Hate, grand morceau du genre. Enfin bref, RIP Roger, il fallait bien te rendre un petit hommage, si minime soit-il, pour bienfaits et services rendus au metal... Il est probable que plus jamais un groupe affilié au death ne composera un morceau comme Samba Briza ! Atheist le bien-nommé, fort de son nom en forme de profession de foi, ne croyait en aucune règle musicale si ce n'était la sienne et ouvrait une nouvelle galaxie avec chacun de ses albums. Ni plus, ni moins.

Holy shit, it’s already been 15 years Roger Patterson passed away. As essential to Atheist as Cliff was to ‘tallica, the boy died in the same twisted way, crushed under the band’s tour bus. RIP man, I still do listen to fuckin’ Samba Briza at least once every summer. Hailing of course from bloody Florida, Atheist was born as R.A.V.A.G.E. and implemented jazz-inspired breaks-and-riffs into its music, while retaining its rawer, thrashier side. Along with Nocturnus, Cynic, Pestilence and early Sadist, here were the true masters of, well, not only brutality, but also technical, progressive death metal of yore. Bow down ! Just for the record, it was singer Kelly Shaefer, under the command of Roadrunner, who supervised the lyrics of newly-arrived Sepultura’s Beneath the Remains.

Le site et le Myspace d'Atheist.

jeudi 9 février 2006

Officially endorsed by Duracell

La donne heavy speed mélodique plus chanteur au lyrisme exacerbé plus tendance à l'onanisme narcissico-virtuose a toujours constitué pour moi une addition salée que je ne me résous que rarement à payer... surtout dans le cas des combos teutons, volontiers insupportables (appréciation qui ne s'applique pas, bien sûr, à la scène thrash du pays). Bref, à première vue, Inhuman Rampage semble aussi digeste qu'un kouglof au béton. Soulagement : Dragonforce est loin de n'être qu'allemand (désolé...) mais s'avère résolument cosmopolite. Etre basé à Londres n'empêche pas ses membres de venir des quatre coins du monde, un peu comme les Saints de Kurumada. Pour le reste, nous sommes bien en présence d'un pur-sang dévoué corps et âme à la cause heavy speed, tendance mélodique option la-vie-est-belle. Ce qui différencie Dragonforce de ses coreligionnaires ? Cette poignée d'amphets qu'il se goinfre tous les matins, arrosé d'une généreuse rasade de caféine pure (régime Tetsuo) ! 

L'énergie déployée est effectivement monstrueuse, et le terme speed relève parfois de l'euphémisme le plus doux. Personnellement je diagnostique un syndrôme « lapin Duracell », celui qui continue à frapper ses cymbales comme un sourd alors que les copains ont épuisé leur réserve d'alcaline depuis trois plombes ! Inhuman Rampage est complètement échevelé, si j'ose dire, vu les arguments capillaires de nos amis. Rifferie azimutée, clavier frénétique, cogneur fou semblant se tromper de style tant il aime les blast beats et les patterns brutal death à base de tou-pah tou-pah (on rappelle que Dragonforce a émergé, tel Ikki, des cendres de Demoniac)... Rhapsody passe pour une bande de grabataires en goguette, et même les survoltés Children of Bodom, qui doivent tant au speed des eighties, sont complètement aux fraises. La première moitié de l'album est très inspirée, le middle-track est excellent (Body Breakdown) et la lassitude ne s'installe pas trop vite. A noter de surcroît, une grosse influence oldschool videogames revendiquée haut et fort par nos amis. Difficile à expliquer, le mieux serait encore d'écouter. Le groupe a-t-il sorti un chef-d'œuvre pour autant ? Que nenni.

Ce qui fâche, comme souvent dans ce créneau, c'est qu'aucun des écueils habituels n'est évité : tantôt démonstratif au point de friser la prétention, tantôt ridiculement pompeux, Dragonforce (ce nom de shoot 'em up PC Engine...) peut aussi irriter par son chant, les compositions abusant sans vergogne de chœurs heavy metal lénifiants et tristement proches de beuglantes de supporters. Autre point agaçant, subjectif car relevant d'une conception personnelle du genre, Dragonforce fait partie de ces groupes, pardon de le dire, qui sont trop optimistes. Oui ! Si pleins de bons et grands sentiments qu'ils pataugent parfois dans la niaiserie - rien à faire, je préférerai toujours le metal obscur au life metal candide et naïf (à l'exception d'Helloween dont je ne me lasse pas tout à fait du trademark happy metal). Cela dit, cette volée de bois vert ne doit pas faire oublier la force du groupe : Dragonforce est une mécanique de précision, de la belle ouvrage taillée pour la performance et diablement efficace à l'occasion. Plus rare, réelle est sa personnalité, amenée par cette fougue et ces œillades aux sonorités vidéoludiques.

Typiquement le genre d'album qui ne tournera pas souvent, mais que je pourrais écouter de loin en loin. Dernière chose : ne pas oublier d'interrompre la lecture du CD avant l'atroce fin d'album, lestée d'un titre affreusement dégoulinant. Qu'on se le dise, le metal est soluble dans le sucre, et tant de bons sentiments, ça me dégoûte.

nota bene : l'illustration n'est pas la pochette de l'album mais, une fois n'est pas coutume, un fanart réussi dispo sur le site officiel du groupe.

Man, I can’t believe I really bought that shit. Fuck, I won’t even mind translating the piece of shit I wrote here. Shame on me, don’t know what the fuck I was on the day I came back home with this friggin’, smokin’ turd. You won’t believe I love fuckin’ Hellhammer after that one, don't you ?


Inhuman Rampage (Roadrunner / Noise, 2006

01 Through the Fire and Flames
02 Revolution Deathsquad
03 Storming the Burning Fields
04 Operation Ground and Pound
05 Body Breakdown
06 Cry For Eternity
07 The Flame of Youth
08 Trail of Broken Hearts

Le site et le Myspace de Dragonforce.