jeudi 23 février 2006

Shag it up, it's only rock n' roll...

C'était un matin d'hiver. Il faisait froid, il faisait gris, et notre père Shagrath gambergeait intensément devant son nesquik (le café, croit-il, lui irrite la gorge, mais ne seraient-ce pas plutôt les vocalises de Dimmu Borgir les responsables, ou bien ce vieux chat matagot au coin du feu ?). Bref ! Notre chérubin, mal remis qui plus est d'une réaction allergique au corpsepaint - Nattefrost lui a pourtant conseillé mille fois de changer de marque pour tester Goathorns Special Care, « tu verras, l'essayer c'est l'adopter, en plus tu peux te mettre le stick dans le cul » - se fit la réflexion suivante : « enough of black fuckin' metal ! Let's fuckin' wock n' woll ! » La journée avait mal commencé, soit, mais un bon nesquik et une envie de rock binaire bien graisseux avaient considérablement ragaillardi notre pépère. Rebaptisé au terme d'un épuisant brainstorming « Shag », notre bougre décida par la même occasion d'aller chercher au grenier la guitare du grand-père Harald, ce vieux truc poussiéreux qui pétait quand il avait trop bu (le grand-père).

Le reste ? Il appartiendra bientôt à l'histoire. Ou pas. Quelques coups de fil passés à ses petits copains et Shag venait de monter un line-up en béton armé. Spécialité : terrorisme sonore. Nom : Chrome Division. Signes particuliers : ça sent la bière, les patches et les perfectos. Ça s'écoute en cinq titres vomis sur le site officiel de la horde, et ça fait pour l'instant très mal ! En un mot comme en cent : réussite sur toute la ligne - en espérant que l'album qui suivra logiquement tienne la durée. A prendre comme il se doit : c'est-à-dire comme un hommage à tous les grands groupes sans qui notre style chéri n'aurait pas ce visage. Le premier morceau est un énorme clin d'œil à Motörhead, le deuxième convoque directement l'esprit WASP - on pense furieusement à Hellion, le troisième est le digne rejeton d'un accouplement contre-nature entre AC/DC et Thin Lizzy... and so on, and so on. Ils n'ont rien inventé, c'est sûr. Mais ils n'ont rien oublié non plus, pas même le rot post-houblon qui clôt de la meilleure des façons l'assaut musical. Bravo les gars, merci papi, merci Groquik.

“There’s not only corporate, blockbusting black metal in life”, muttered Shagrath while preparing his coffee on this grey, cold winter morning. “No, there has to be something else, and that something else may well be greasy fuckin’' rock ‘n’ roll !” And so was born Chrome Division, a sonic terrorist unit specialized in blitzkrieg, Motörhead-type blistering songs - an infernal offspring of hellish (mis)conception. You can’t miss it if you like Lemmy, WASP, and whatever rectal-born bastard-spawns of troublemakers such as AC/DC and Thin Lizzy. An inspiring coffee indeed, wasn’t it ?

Le site et le Myspace de Chrome Division.

mardi 21 février 2006

Vingt ans déjà !

Master Of Puppets est sorti voici vingt ans - no comment !

Personnel : James Hetfield - guitares et voix / Lars Ulrich - batterie / Cliff Burton - basse / Kirk Hammet - guitares
Production : Metallica & Flemming Rassmussen
Enregistré aux Sweet Silence Studios, Copenhague, DK (déc. 1985 - jan. 1986)
Parution : 21 février 1986 chez Elektra



01 Battery
02 Master of Puppets
03 The Thing That Should Not Be
04 Welcome Home (Sanitarium)
05 Disposable Heroes
06 Leper Messiah
07 Orion
08 Damage Inc.


What the fuckin’ fuck do you expect me to say about fuckin’ MOP, except it’s the best ever ‘tallica record ever made ?!? Well, thinking about it, I’m not so sure. Maybe it’s Justice. Well, whatever, happy birthday to MOP and hail to all of you metallibashers !

...et toujours :
SKOM : un divan pour le monstre

samedi 11 février 2006

Un triste anniversaire...

Roger Patterson, en bermuda militaire et au second plan.

Quinze ans ! Quinze ans déjà que l'un des plus talentueux bassistes metal a quitté ce monde. Atheist ne se remettra jamais totalement de la perte de Roger Patterson, qui eut la mauvaise idée, en ce 12 février 1991, d'imiter Cliff Burton : éjecté du tour-bus lors d'un accident, il meurt écrasé par le véhicule. A vingt-deux ans seulement, ce maître-musicien avait instauré un tel niveau d'excellence et d'inventivité pour son instrument qu'Atheist ne retrouva tout simplement jamais un remplaçant capable de rendre justice à ses lignes de basse, même si l'illusion fut entretenue avec Tony Choy de Cynic. Comme quoi, la valeur n'attend pas le nombre des années.

C'est en 1987 que R.A.V.A.G.E., ex-Oblivion, décide de changer une nouvelle fois de patronyme pour devenir Atheist. Le groupe change dans le même temps d'orientation musicale et passe d'un thrash-death classique à une formule alors inconnue et novatrice, mêlant riffs jazzy alambiqués, structures progressives et sonorités extrêmes tout en conservant une attitude et une agressivité aiguë venant directement du thrash. Atheist reste le seigneur incontesté du technodeath à l'américaine, qu'il a façonné avec l'intemporel Piece of Time et pérennisé avec Unquestionable Presence, chef-d'œuvre posthume de Roger Patterson. Reste que certains élèves ont ponctuellement égalé le maître : Cynic avec Focus, Pestilence et le magistral Testimony of the Ancients, Thresholds de Nocturnus (extraordinaires Climate Controller et Subterannean Infiltrator...) ou encore Sadist avec Tribe, un album littéralement ensorcelé. Sans parler de Death qui sans l'avènement de cette scène n'aurait jamais effectué le virage technique amorcé avec Human, à l'occasion duquel Schuldiner s'entoure des musiciens de... Cynic !

Pour l'anecdote, les brésiliens de Sepultura, fraîchement débarqués aux USA en 1989 en baragouinant tout au plus un très mauvais anglais, se virent aider dans l'élaboration des paroles de Beneath the Remains - leur meilleur album ? - par les membres d'Atheist « mandatés » par Roadrunner. Kelly Shaefer est d'ailleurs l'auteur de Stronger Than Hate, grand morceau du genre. Enfin bref, RIP Roger, il fallait bien te rendre un petit hommage, si minime soit-il, pour bienfaits et services rendus au metal... Il est probable que plus jamais un groupe affilié au death ne composera un morceau comme Samba Briza ! Atheist le bien-nommé, fort de son nom en forme de profession de foi, ne croyait en aucune règle musicale si ce n'était la sienne et ouvrait une nouvelle galaxie avec chacun de ses albums. Ni plus, ni moins.

Holy shit, it’s already been 15 years Roger Patterson passed away. As essential to Atheist as Cliff was to ‘tallica, the boy died in the same twisted way, crushed under the band’s tour bus. RIP man, I still do listen to fuckin’ Samba Briza at least once every summer. Hailing of course from bloody Florida, Atheist was born as R.A.V.A.G.E. and implemented jazz-inspired breaks-and-riffs into its music, while retaining its rawer, thrashier side. Along with Nocturnus, Cynic, Pestilence and early Sadist, here were the true masters of, well, not only brutality, but also technical, progressive death metal of yore. Bow down ! Just for the record, it was singer Kelly Shaefer, under the command of Roadrunner, who supervised the lyrics of newly-arrived Sepultura’s Beneath the Remains.

Le site et le Myspace d'Atheist.

jeudi 9 février 2006

Officially endorsed by Duracell

La donne heavy speed mélodique plus chanteur au lyrisme exacerbé plus tendance à l'onanisme narcissico-virtuose a toujours constitué pour moi une addition salée que je ne me résous que rarement à payer... surtout dans le cas des combos teutons, volontiers insupportables (appréciation qui ne s'applique pas, bien sûr, à la scène thrash du pays). Bref, à première vue, Inhuman Rampage semble aussi digeste qu'un kouglof au béton. Soulagement : Dragonforce est loin de n'être qu'allemand (désolé...) mais s'avère résolument cosmopolite. Etre basé à Londres n'empêche pas ses membres de venir des quatre coins du monde, un peu comme les Saints de Kurumada. Pour le reste, nous sommes bien en présence d'un pur-sang dévoué corps et âme à la cause heavy speed, tendance mélodique option la-vie-est-belle. Ce qui différencie Dragonforce de ses coreligionnaires ? Cette poignée d'amphets qu'il se goinfre tous les matins, arrosé d'une généreuse rasade de caféine pure (régime Tetsuo) ! 

L'énergie déployée est effectivement monstrueuse, et le terme speed relève parfois de l'euphémisme le plus doux. Personnellement je diagnostique un syndrôme « lapin Duracell », celui qui continue à frapper ses cymbales comme un sourd alors que les copains ont épuisé leur réserve d'alcaline depuis trois plombes ! Inhuman Rampage est complètement échevelé, si j'ose dire, vu les arguments capillaires de nos amis. Rifferie azimutée, clavier frénétique, cogneur fou semblant se tromper de style tant il aime les blast beats et les patterns brutal death à base de tou-pah tou-pah (on rappelle que Dragonforce a émergé, tel Ikki, des cendres de Demoniac)... Rhapsody passe pour une bande de grabataires en goguette, et même les survoltés Children of Bodom, qui doivent tant au speed des eighties, sont complètement aux fraises. La première moitié de l'album est très inspirée, le middle-track est excellent (Body Breakdown) et la lassitude ne s'installe pas trop vite. A noter de surcroît, une grosse influence oldschool videogames revendiquée haut et fort par nos amis. Difficile à expliquer, le mieux serait encore d'écouter. Le groupe a-t-il sorti un chef-d'œuvre pour autant ? Que nenni.

Ce qui fâche, comme souvent dans ce créneau, c'est qu'aucun des écueils habituels n'est évité : tantôt démonstratif au point de friser la prétention, tantôt ridiculement pompeux, Dragonforce (ce nom de shoot 'em up PC Engine...) peut aussi irriter par son chant, les compositions abusant sans vergogne de chœurs heavy metal lénifiants et tristement proches de beuglantes de supporters. Autre point agaçant, subjectif car relevant d'une conception personnelle du genre, Dragonforce fait partie de ces groupes, pardon de le dire, qui sont trop optimistes. Oui ! Si pleins de bons et grands sentiments qu'ils pataugent parfois dans la niaiserie - rien à faire, je préférerai toujours le metal obscur au life metal candide et naïf (à l'exception d'Helloween dont je ne me lasse pas tout à fait du trademark happy metal). Cela dit, cette volée de bois vert ne doit pas faire oublier la force du groupe : Dragonforce est une mécanique de précision, de la belle ouvrage taillée pour la performance et diablement efficace à l'occasion. Plus rare, réelle est sa personnalité, amenée par cette fougue et ces œillades aux sonorités vidéoludiques.

Typiquement le genre d'album qui ne tournera pas souvent, mais que je pourrais écouter de loin en loin. Dernière chose : ne pas oublier d'interrompre la lecture du CD avant l'atroce fin d'album, lestée d'un titre affreusement dégoulinant. Qu'on se le dise, le metal est soluble dans le sucre, et tant de bons sentiments, ça me dégoûte.

nota bene : l'illustration n'est pas la pochette de l'album mais, une fois n'est pas coutume, un fanart réussi dispo sur le site officiel du groupe.

Man, I can’t believe I really bought that shit. Fuck, I won’t even mind translating the piece of shit I wrote here. Shame on me, don’t know what the fuck I was on the day I came back home with this friggin’, smokin’ turd. You won’t believe I love fuckin’ Hellhammer after that one, don't you ?


Inhuman Rampage (Roadrunner / Noise, 2006

01 Through the Fire and Flames
02 Revolution Deathsquad
03 Storming the Burning Fields
04 Operation Ground and Pound
05 Body Breakdown
06 Cry For Eternity
07 The Flame of Youth
08 Trail of Broken Hearts

Le site et le Myspace de Dragonforce.