vendredi 17 mars 2006

X-Japan ou le Sturm und Drang à la nippone

Sortons un peu des sentiers battus aujourd'hui ! Et pourtant, il y aurait matière à faire dans le classique : le dernier Darkthrone vient de sortir, Guns N' Roses passe prochainement en France, Satyricon vient de laisser filtrer un morceau augurant du meilleur quant à l'attendu Now, Diabolical, et bien sûr, on trouverait toujours prétexte à bavasser sur nos thrashouilleurs préférés sachant qu'ils sont actuellement en plein travail avec Rick Rubin. Mais faisons fi de tout cela : place à l'exotisme oriental et consacrons cette petite notule aux nippons de X-Japan. Le groupe de hard rock (oui) le plus mythique de l'archipel du Soleil Levant (mais pas le plus culte : cette place est occupée par Loudness) mérite bien un petit coup d'œil dans le rétroviseur ! Pour une fois, préférons la démonstration visuelle et sonore aux longues palabres : voici un lien offrant, dans une qualité disons acceptable, le morceau de bravoure du groupe : Art of Life. Cette composition de plus de trente minutes, d'excellente facture et ici brillamment exécutée au légendaire Tokyo Dome, peut être qualifiée de heavy metal lyrico-romantique dans lequel il y aurait un peu trop de tout... ce qui reste préférable à pas assez de rien. Mention spéciale aux parties de piano inspirées, baroques et fiévreuses, jouant habilement d'une certaine disharmonie (anecdote personnelle, mais j'ai toujours une pensée pour les géants Forbidden Site en écoutant Art of Life !), ainsi qu'aux guitares maidennienes en diable.

Parfois (souvent ?) surestimé par des fans énamourés séduits autant, voire plus, par l'imagerie bariolée que par sa musique, et méconnaissant souvent l'indiscutable suprématie du heavy metal occidental (c'est un constat, mon adresse est à droite), X-Japan reste un bon groupe qui mérite d'être (re)découvert, et pas simplement connu à cause du décès d'un de ses membres... Mentionnons qu'Anorexia Nervosa (pourquoi ne suis-je pas surpris ?) a eu l'audace, l'idée et l'envie de reprendre I'll Kill You sur un récent mini ! A vous donc de visionner, malheureusement saucissonnée en quatre liens, la vidéo complète de X-Japan dans ce qui reste l'unique interprétation live de Art of Life. La patience est de mise, mais l'attente en vaut la peine. Tout se mérite ! Et que personne ne vienne me parler de visual key ou d'autres conneries de ce genre au sujet de ce groupe - let the music do the talking. Et non pas les modes étriquées et articides. Par l'Art et par le Sang, nom de Zeus !

Art of Life is a more than thirty-minutes long epic song by X-Japan, a famous colourful, motley crew of a band whose heydays are now long gone. Here are links to behold the theatrical interpretation of said song, packed-in with full-throttle heavy metal twin-guitars harmonies and over-the-top, baroque piano parts. Is this the way of Japanese sturm und drang ? Well, maybe. Or maybe not. For all of you French artists lovers, you'll wanna hear gallic decadent black metal masters Anorexia Nervosa's take on the more punkish side of X-Japan by listening to their rendition of I'll Kill You !

Art of Life, live au Tokyo Dome, parties 1, 2, 3 et 4.

Le site et le Myspace de X-Japan.

jeudi 2 mars 2006

Amorphis emmerde Darwin...

...en cela que le dernier album des finlandais est un véritable bras d'honneur fait à la théorie de l'évolution. Eclipse, le lumineux opus qui vient de paraître, aurait pu sortir en 1997 tant il se serait bien inséré entre Elegy et Tuonela ! Enfanté à cette époque, il aurait ainsi fait office de véritable transition, cette charnière oubliée par Amorphis qui préféra passer abruptement d'un post-death metal mélancolique à un psyché-rock seventies. Mais Eclipse est bel et bien la dernière œuvre en date des Amorphes et il est évident que cette galette est supérieure aux immédiates précédentes. La recette par laquelle est venu le succès est de retour : mélodies folk en veux-tu en voilà, textes inspirés par les contes du Kalevala, vocaux clairs et growling death metal hargneux, souffle épique en provenance directe du Grand Nord... Il serait inélégant de ma part de ne pas souligner l'impressionnant travail vocal : Tomi Joutsen est le nouveau chanteur d'Amorphis, et qu'on se le dise, c'est bien le digne successeur de Pasi Koskinen - pourtant pas les pompes les plus simples à chausser. Bien que possédant un timbre un peu plus classique, Joutsen (aussi dans Sinisthra) fait merveille à tous les niveaux et l'on a hâte de l'entendre interpréter les classiques du groupe.

En un mot, l'efficacité a été privilégiée, peut-être au détriment de l'audace... mais diantre ! On s'en fout. L'évolution (stylistique j'entends), ce bouclier vertueux brandi par des groupes expliquant - excusant - parfois ainsi leurs œuvres les plus décevantes, n'est décidément pas le maître-mot qui a présidé à la conception d'Eclipse ! Et c'est tant mieux : non seulement s'agissait-il probablement d'une question de vie ou de mort pour Amorphis dont le passé doré s'éloignait à vitesse grand V, mais c'est aussi une preuve d'intelligence de la part de la bande, qui a compris que si elle perdait peu à peu une bonne partie de son public, elle n'en gagnait pas pour autant un autre. N'est pas The Gathering, ou Anathema dans une moindre mesure, qui veut ! La démarche est ici assez similaire à celle adoptée par Dave Mustaine sur l'excellent The System Has Failed, un album à rebrousse-temps sur l'échelle évolutive, mais qui permit à Megadeth de renouer avec le succès critique et artistique. A écouter avant d'acheter car Amorphis reste unique et ne sera jamais mainstream, mais assurément, un très bon millésime. Puissant, racé, mélodique, agressif... et simplement beau. Une raison de plus de laisser Far From the Sun s'empoussiérer sur l'étagère !

Man, I can put my fears to rest, as Eclipse is a quality-surprising album, far beyond my initial expectations. Not only is it introducing the new boy (Tomi Joutsen, offering a mind-blowing performance all the way down), but it is also harking back to the band’s glorious past – truth be told, Amorphis did not have so many artistic choices except returning to its quality-proven formula. So here we go : death grunts, Kalevala-based lyrics, moody and folkish powerful compositions – I would even dare to say Eclipse is the righteous heir to Elegy ! So an evolutionary leap, Eclipse is certainly not, but I don’t give a flying fuck as long as I have my dose of worthy metal… ‘cause a dose of metal you need !

Eclipse (Nuclear Blast, 2006)

01 Two Moons
02 House of Sleep
03 Leaves Scar
04 Born From Fire
05 Under A Soil and Black Stone
06 Perkele (The God of Fire)
07 The Smoke
08 Same Flesh
09 Brother Moon
10 Empty Opening
11 Stone Woman (bonus track)


Le site et le Myspace d'Amorphis.

...et toujours :
La fin de l'éclipse ?