mardi 25 décembre 2007

De Mysteriis Dom Sapinus (Merry Mayhem)

Je n'ai pas l'habitude, dans ces colonnes, de rédiger des comptes-rendus de concerts. Primo, je n'ai jamais été fan de l'exercice. Une hérésie pour certains qui ne conçoivent, ne consomment le metal que comme une musique live avant tout - une vision quelque peu limitative à mon sens. Rajoutons à ce peu de motivation le fait que je ne goûte que très peu au public dit « metal » de base (on n'est pas prêt de me voir à un festival par exemple, synonyme pour moi d'enfer sur terre), et l'enfer est dans le sac. Néanmoins ce manque d'intérêt n'est pas une règle : j'en « fais » tout de même régulièrement quelques-uns, et la récente et classieuse date d'Anathema à laquelle j'ai eu l'honneur d'assister (et de vexer Jamie Cavanagh, mais ceci est une autre histoire) aurait méritée quelques lignes ici - une notule qui restera finalement lettre-morte.

Mais... Mais j'ai vu Mayhem il y a quelques jours, en pleine Gaule Centrale, pour cette tournée Ordo Ad Chao placée sous le signe de l'outrance costumière. Une expérience. Comme d'habitude, je n'ai pas eu une envie folle de raconter la soirée ici : après tout quoi de plus éloigné qu'un concert et son bête et méchant compte-rendu « papier » ? Cependant que je digérais le choc, ma volonté de ne rien en faire vacillait. J'attendais un signe : et pourquoi pas, pour une fois ? Après tout, seuls Obituary et Samael ont eu droit à un article live dans ces colonnes. Pourquoi pas Mayhem, qui représente tant de choses pour votre serviteur ? Ce signe arriva par deux fois. Premièrement, j'ai rencontré le Père Noël en ville - c'était une femme. Tout se perd. « Avec de gros seins, en plus », fis-je remarquer d'un air porcin à ma copine. Je me suis dit, « c'est bon, la mère Noëlle et / ou sa poitrine lollobrigidienne - c'était ça ton signe. Fais-le ce report ». Un second signe, absolument évident, me fut envoyé un peu plus tard dans la journée : fouillant dans le bric-à-bacs d'un disquaire qui se prétend agitateur kulturel (passez-moi mon revolver), je tombe sur le dernier Mütiilation (à la FNUCK, véridique !). Association d'idées, chaise roulante de Meyhna'ch sur Black Millenium, chaise roulante d'Attila sur quelques dates de cette tournée Deconsecrate Europe... Je n'avais plus le choix. Seulement un devoir : celui de servir le lecteur. Et tel Charles Dexter Ward, je prends maintenant mon stylo d'une main tremblante, pour livrer les mystérieux et sataniques secrets déflorés en cette funeste soirée. On passera vite sur l'insipide Pantheon I (ou plutôt, Pantheon aie aie aie, pour la brunette violoniste qui rejoindra Mayhem sur deux morceaux).

Je m'attendais à tout au niveau visuel, ayant eu vent des facéties de Monsieur Csihar. Je m'attendais à tout.... sauf à ça ! Attila s'est pointé déguisé en putain de sapin de Noël ! Avec des guirlandes électriques et tout le toutim ! C'était bien fait et l'on ne voyait rien de lui, que ce roi des forêts probablement scié par Blasphemer un peu plus tôt au bord de la route. Ça clignotait, c'était enguirlandé, je suis sûr qu'un petit renne devait être suspendu quelque part - la totale. Jusqu'à son sommet, occupé par une boule plus grosse que les autres (on croit rêver). Effet garanti de l'apparition : les trois compères assénaient déjà le premier titre depuis un moment lorsque l'on vît le conifère se mouvoir lentement vers le centre de la scène et entamer une sinistre mélopée, rehaussée d'un écho avec encore plus de réverb' qu'un chorus de Def Leppard en 1987. Surréaliste, et après menue réflexion (n'allons pas nous faire mal), j'oserais même dire « dadaïste ». Alors qu'en dire ? Eh bien... passé la surprise, c'était « glauque » de voir ce végétal, traditionnellement associé à un moment festif, éructer les morceaux du dernier album et expectorer sans hargne, mais avec une colère froide et terrifiante, les infernales litanies mayhemiques (truth ?). Ordo Ad Chao fut transfiguré par son interprétation, si bien que j'ai redécouvert cet album étrange - et au sujet duquel je n'ai point changé mon avis d'un iota. Le son du groupe était très correct, avec une prédominance de la rythmique au détriment des mélodies peu gênante vu la physionomie de la dernière œuvre. De toutes façons le père fouettard de Budapest était l'attraction principale - sa présence capte, magnétise, accroche. Je n'avais jamais vu Attila auparavant (ni Mayhem), mais une chose est sûre, c'est qu'au niveau vocal il est unique et, c'est vrai, assez effrayant. C'est aussi simple que cela... Et pourtant, le public n'aura rien « vu » de lui : seulement ce déguisement forestier. La voix, caractérisée par ce timbre effroyable et séculaire, est conforme à sa légende - sans équivalent ou en tout cas pas dans le black metal. Bien sûr, la réverb' parachevait son impact et l'effet, mais quel malaise tout de même...

Le coup du sapin de Noël aura ses détracteurs, c'est certain, car la frontière entre le « bon » effet et le ridicule est ténue - on touche là du doigt l'un des problèmes majeurs du metal, tous styles confondus, celui qui pousse à répondre par un laconique « du rock » quand on se voit demander ce que l'on écoute. Reste que j'ai adoré (quelle gageure que de maintenir une telle présence dans cet accoutrement), et cela pour plusieurs raisons que je ne détaillerai pas - il serait question de contre-pied, d'attitude, de recul, du privilège de l'âge, et d'un sens de l'autodérision rafraîchissant dans une scène ou rangers, ceinturons cloutés et bras croisés résument trop souvent, justement, « l'attitude ». Et dire que certains autoproclamés experts à la petite semaine voudraient donner, à l'heure du goûter, des leçons de black metal à Mayhem, Satyricon ou Darkthrone... Le black metal n'a jamais été défini par sa musique, mais par son esprit d'opposition. Une opposition à ce qui se trouve en face, fût-ce des ados se donnant un air trop sérieux avec... rangers, ceinturons cloutés et bras croisés. En l'occurrence, le black metal, ramené depuis quelques années par ses parangons les plus célèbres à ses racines punk et rock n' roll (vous reprendrez bien un peu de Motörhead et de Bathory ?), a retrouvé son essence et peut-être sa vocation première : l'entertainment nihiliste. Être black metal en 2007 - et Mayhem est le black metal -, c'est peut-être, effectivement, se ramener sur scène accoutré en gros lapin rose (rabbit death's curse ?) ou en proxo « bling-bling » entouré de pétasses. Une substantifique moelle que certains ont su isoler et extraire plus tôt que les autres - on pense très fort à Impaled Nazarene, à l'oublié Demoniac ou à Deströyer 666 ! Et on remarque au passage que le patronyme complet de la horde, The True Mayhem, fait aussi et malicieusement office de doigt d'honneur adressé aux esprits étroits.

J'en reviens à cette soirée du 22 décembre après cette digression : beaucoup ont du rater Mayhem sur cette date... Censés tenir le haut de l'affiche après quatre premières parties (Pantheon I, Aabsinthe, Kronos et The Old Dead Tree), les norvégiens ont finalement joué en deuxième position pour regagner leurs pénates durant la nuit. En pâtira la set-list, abrégée pour ne durer qu'une heure durant laquelle furent moulinés Ordo Ad Chao et quelques classiques (dont Freezing Moon bien sûr, annoncée superbement et agrémentée d'un solo simpliste et bien vu). Les morceaux de l'ère Maniac y gagnent au change : une répugnante version de To Daimonion fut délivrée par le sapin chantant. Un concert trop court mais intense, ponctué de morceaux de bravoure (ce monstrueux et impromptu break qui laisse Attila psalmodier d'une voix blanche « odium humani generis »), et pas forcément brutal mais tellement... black metal. Moins sauvage que lorsque mené par Maniac, Mayhem est (re)devenu plus vicieux, plus finaud et à nouveau dérangeant. Pas mal pour un groupe passé à la postérité pour toutes les mauvaises raisons du monde, et englué dans une caricaturale légende depuis trop d'années ! Une chose est sûre : la frange dérangée ( infinitésimale) du public de Mayhem semble ne goûter que très peu aux fantaisies esthétiques du moment, et Attila prend bien plus de risques, devant les puristes-true-du-kvlt, à jouer en gros lapin qu'en dictateur chaplinesque (déguisement auquel je suis content d'avoir échappé, pas pour de stupides raisons, mais simplement parce que ce qui a déjà été fait par d'autres n'est plus à faire). Je renvoie le lecteur intéressé à une passionnante interview donnée pour le Terrorizer d'avril 2007, dans laquelle Necrobutcher expliquait que la mort de Dimebag Darrell avait vraiment eue une résonance dans le camp Mayhem (« on joue devant un public et dans une scène qui rend cela possible, c'est un fait, je cherche des yeux le canon d'un éventuel flingue sur certaines dates américaines »).

...Mais ce sapin, putain, ce sapin qui vouait Noël aux gémonies pendant tous les morceaux avec cette voix de ténor décomposé... « I would like to dedicate that show to all the trees that we human scum cut down for fuckin' christmas... fuck him... fuck christmas... fuck him... ». Je rappelle que c'était le traditionnel festival de Noël de Execution Management - au fait on ne le dira jamais assez mais... bravo les gars. Et je signale aussi que Mayhem ne s'en prend pas forcément au christianisme sur scène (vous parlez d'une ambulance... ça n'est plus subversif depuis longtemps, mais est-ce même encore drôle ?), mais à chacune des grandes religions révélées. Et y'a pas à dire, dans l'état actuel des choses, c'est plus dangereux de brûler certains symboles que d'autres - je n'avancerai pas plus sur ce terrain miné. Reste le plus important pour conclure : la musique de Mayhem exhale réellement quelque chose, et quand Attila souffle, dans un murmure d'infrabasses, « dedicated to the trees », on fait comme les interlocuteurs de Lino Ventura dans ses films : on ferme sa gueule, on écoute. Et on se dit qu'en effet, les arbres de la forêt voisine doivent l'entendre.

Well I am not what you can call a gig-addict. But attending a Mayhem’s performance is always an event, isn’ it ? So here I was and man, total mindfucking madness it was. The boys were headlining some Christmas Fest (wtf ?!?), or supposed to (the running order was modified on the last minute). Musically Mayhem ripped the place apart but hey, for fuck’s sake, fuckin’ Attila was dressed as a Christmas tree for the whole gig !!! Well, it would be more accurate to say he was entangled, more than disguised, in a fuckin’ firtree ! Of course the thingy was complete, adorned with fairy lights and coloured bulbs and, therefore, powered by electricity. Fuck me ! I swear on your sister’s chastity this is absolutely fuckin’ true ! I was more expecting a pink rabbit or a greasy pimp, like on the rest of the tour, but hey, Christmas it was, wasn’t it ? The assistance was divided, pros and cons – what I do know is that what Attila did that night was truly black metal in the most twisted kind of way – isn’t this music about shocking people off and breaking every rule ? That bein’ said, I wish all of you sickfucks a merry Christmas and a happy Mayhem.

Le site et le Myspace de Mayhem.

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Un nouveau suicide chez Mayhem

vendredi 21 décembre 2007

Cheap To Your Guns !

Oh p***** ! Collector, que je me suis dit en tombant sur cette vieille pub pour mes petits chouchous du sleaze. Là, j'avoue que c'est le top du bottom - moi-même, d'une outrageante mauvaise foi plus qu'à mon tour, j'aurais du mal à les défendre sur ce cliché « cheapissime ». Comment dire ? J'adore. Ça pue le spray et la sueur, et on sent dans les regards de la meute l'envie d'en découdre sévère - ce que L.A. Guns a toujours fait. Notez le tatouage de Tracii sur le bras, jumeau de celui de Duff. L'album « défendu » par la pub est le premier, daté de 1988 et franchement sympa (bien que mes préférences aillent à Vicious Circle et à Cocked and Loaded).

C'était au siècle dernier, et les prétentions de la horde n'avaient pas encore été totalement matées par le plus grand succès de beaucoup de ses confrères. Les parutions, coup sur coup, de Dr Feelgood, des Use Your Illusions et dans un autre genre, de Metallica, auront raison, au fil des ans, des aspirations de ces autres gunners - le carton commercial n'a jamais été pour eux, tout au plus un très joli succès d'estime principalement dû à une ballade comme je les hais (The Ballad of Jayne). C'est ainsi : il n'y aura jamais eu de place pour un autre Appetite For Destruction. et si L.A. Guns est un groupe phare de Los Angeles, il n'en franchira, au cours de sa trajectoire « bille de flipper », jamais les frontières.

Les vampires d'Hollywood continuent une bien étrange carrière, puisqu'à l'instar d'un Gorgoroth, ils nomment désormais tous leurs albums en latin. Non, je déconne... mais comme Gorgo, deux formations écument actuellement les clubs (encore) enfumés sous le nom L.A. Guns. Difficile de choisir son camp : l'une est emmenée par le guitariste « canal historique » Tracii Guns (celui qui est resté au lit avec une brune le jour où Axl avait besoin de lui, et qui fut remplacé au pied levé par un certain Saul Hudson), et l'autre par la voix de L.A. Guns, Phil Lewis. Pour la peine, je mets les sites des deux combos. Allez, passez-moi les ray-ban Aviator, un bandana à têtes de mort et un bourbon. Et un peu de farine, que je me fasse une fausse ligne sur mon ampli 10 watts. L'imagination, tout ça...

nota bene : depuis ma dernière notule consacrée à ce groupe, je suis en mesure d'affirmer la véracité de cette rumeur : Kelly Nickels est bien le neveu de Pierre Perret. Concernant le zizi, tout ce qu'on peut dire est que si l'un l'a beaucoup chanté, l'autre l'a beaucoup... montré ! Pour finir, Nickels n'est pas qu'un bon bassiste, c'est aussi un chanteur terrible, à écouter sur le morceau Nothing Better to Do (Vicious Circle).

Well, this is what I call a truly campy ad. However and as you could have guessed if you were reading these pages more often (you s.o.b.), I just love that kind of cocky, campy, cracked-up pics. Forget the make up and perms, these guys were ready to take over our bright lights & big cities (and to fuck our bright wives & big mothers). Fuck, this just looks like old Konami ads for Jackal or fuckin’ Contra back in the day, when games were as badass as fuckin” L.A. Guns. By the way, and as usual when I’m talkin’ ‘bout these guys, you ought to get a hold of Vicious Circle – this record is just as essential as Appetite For Destruction, the only difference being you don’t know it. I can’t believe these fuckers can’t stand each other now : fuck it, maybe we got two L.A. Guns now, but both of them suck big fuckin’ time compared to that bunch o’ magnificent bastards of 1989.

Le site et le Myspace du L.A. Guns « canal historique ».
Le site et le Myspace de la nouvelle mouture emmenée par Tracii Guns.


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Pure Surprise !!!

vendredi 14 décembre 2007

Le royaume des possibles

Saviez-vous que Kelly Shaefer (Neurotica, mais surtout Atheist) avait auditionné pour le poste de chanteur au sein de Velvet Revolver ? Loin d'être anecdotique, sa candidature s'est avérée être des plus solides : le mythique vocaliste de Unquestionable Presence s'est en effet retrouvé propulsé dans le quartet des finalistes au côté de Sebastian Bach. Plutôt incongru et sympathique non ? On connaît la suite, pour moi peu intéressante : c'est le fade Scott Weiland qui hérita finalement du poste. Et même si l'option Bach était certainement un écueil à éviter, il semble que ce soit décidément les chanteurs des formations satellites aux GN'R qui me posent problème : le Snakepit était déjà une tuerie (et particulièrement le second album) mais... sans frontman digne de ce nom.

Shaefer aura enregistré au moins quelques titres avec la (contre)bande - à mon avis scellés pour toujours dans les tréfonds de la jeune histoire de Velvet Revolver. Quelques investigations nous apprendront qu'un mythe peut aussi avoir les siens : le bonhomme, doté d'une aura certaine dans le monde du death metal, n'en menait pas forcément large à l'idée de mener un groupe comprenant trois ex-Guns N' Roses - tu m'étonnes. Mais il aura cependant apprécié l'expérience et retenu que les pères Slash et McKagan sont aussi friendly que down to earth. Et que recevoir un coup de fil de Slash pour s'entendre dire, toute légende du death que l'on soit, « tu t'envoles pour venir jouer à LA avec nous », ça fait tout drôle. On le croit sur parole !

On notera deux choses, pour finir. La première, histoire de souligner que les connexions inattendues comme celles-ci peuvent fonctionner dans les deux sens : l'ami Sebastian Bach a joué - et joue peut-être encore - fréquemment avec Steve DiGiorgio (Sadus, Death). La seconde, c'est que Kelly Shaefer a évolué physiquement de façon flagrante jusqu'à devenir un mix entre... Axl Rose et Matt Sorum !

Wow… Just learned Kelly Shaefer, of the mighty Atheist fame, auditioned for the singer slot in Velvet Revolver. I just can’t believe it – the man was in line with fuckin’ Baz ! Thrillin' isn't it ? What a pity the band finally chose Scott Weiland. Yeah you heard it right. And I can’t stand STP either, you heard that one right too. It seems Shaefer had recorded at least some bits of music with the contraband, but I doubt this will ever see the light of day. But whatever… according to Shaefer, hearing Slash over the phone inviting you for a rehearsal is a mind-blowing experience - one that I’ll never get to live !

Le site et le Myspace de Velvet Revolver.
Le site et le Myspace d'Atheist.


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Un triste anniversaire

Aïe ! dit Meola

Difficile de vivre de son art lorsque l'on est musicien, et plus encore quand on officie dans un groupe de metal pas forcément très inspiré. Et mexicain, qui plus est : donnez un coup de pied dans une haie en Amérique latine, et au minimum trois combos thrash en sortiront (ou black metal, si ladite opération a lieu de nuit). Blasés par cet état de fait, Rodrigo Sánchez et Gabriela Quintero ont préféré quitter Tierra Acida voici quelques années et mettre les bouts vers l'Eldorado qui, ironiquement, n'a jamais été du même côté selon que l'on soit européen ou sud-américain.

Désormais basés à Dublin et connaissant un franc succès après une période de vaches maigres à écumer les clubs interlopes, le duo commence à faire parler de lui un peu partout... et on comprend pourquoi. La technique est assez ahurissante, purement rythmique ; il faut voir la douce percuter sa guitare sans coup férir tandis que Rodrigo essore les soli d'Orion. Une chance pour nous, l'écueil « musique pour musicien » est évité et l'on ne s'ennuie pas à l'écoute de ce cocktail accoustico-percussif empruntant ses techniques de jeu au metal et au flamenco (bien qu'ils s'en défendent concernant ce dernier) - je ne parlerais en revanche pas de jazz à l'inverse de certaines chroniques, car il n'y a aucune impro chez Rodrigo Y Gabriela (« nous ce qu'on aime dans Orion, c'est le jeu d'Hetfield et de Burton, on ne va pas réécrire des putain de soli qu'on écoute depuis qu'on est gamins » - au moins c'est clair, ndSheol).

Outre l'exécution, quelques reprises joliment réinventées de standards hard rock ou metal justifient donc la présence des deux guitaristes dans ces colonnes, mais même leurs compos originales trahissent leurs origines hyper-oxydées : Diablo Rojo pour ne citer que lui pourrait être au départ un morceau heavy metal que cela ne surprendrait personne. Bref, un excellent duo de musiciens, aujourd'hui loin du metal mais conservant un style trempé dans l'acier des sidérurgies de leur passé. Et bêtes de scène, qui plus est ! Pour les petits curieux, l'histoire ne nous dit pas s'ils sont liés par Cupidon autant que par Abbadon.

Tierra Acida, c'était ça.

Orion par le duo, c'est ici. Pour une leçon de « strumming », tendez l'oreille à 00'56 !


Leur publicité pour les pansements Urgo, c'est .


Isn’t it hard to make a living from metal music when you’re in a not-so-good Mexican combo ? When they had had enough of it all, Rodrigo and Gabriela left Tierra Acida as well as their country, tryin’ to make it in Europe even if that meant begging their bread on the streets. That’s all over now too, ‘cause Rod y Gab have reach superstardom, sharing stages with fuckin’ Rob Trujillo and fuckin’ Alex Skolnick. Fuck, isn’t it mindblowing ? These two guitarists whip up storms wherever they play, running through their own energetic, metal-inspired acoustic stuff, while also performing stunning renditions of Orion, Holy Wars or whatever the fuck you want. Man, you really ought to see Gabriela tearing Orion’s rythmics apart while Rodrigo is storming into its solo ! What is it I just hear you saying ? No, I don’t know about, well, hum, if they play another game together. I’m just interested into music ya know.

Le site et le Myspace de Rodrigo Y Gabriela.

samedi 17 novembre 2007

Black Sabbath ou le passé décomposé

L'observateur non-initié aurait tôt fait de cataloguer Black Sabbath comme un grand groupe de heavy metal, mais rien de plus. Il participerait ainsi de cette formidable injustice que connaît le groupe depuis ses débuts - et entretenue depuis toujours par l'ignorante presse musicale généraliste. Heavy metal, Black Sabbath devra revenir une première fois d'entre les morts pour le devenir réellement : difficile de placer sous cette bannière galvaudée et restrictive le fabuleux Sabbath époque Osbourne - cette affiliation ne deviendra véritablement légitime qu'avec l'arrivée de Dio. C'est ainsi : la seconde face quasiment blues du premier album, les fréquents accents soul d'Ozzy et bien d'autres éléments constitutifs du Sab' originel passent trop souvent à la trappe, ne laissant voir qu'une caricature certes tutélaire et monumentale - mais tellement incomplète ! Accepter et colporter l'image clichesque et erronée que se coltine Black Sabbath, ce groupe si forcément monolithique, ténébreux et satanique, c'est plus qu'un arrangement avec la Réalité (dont le Maître, pour le coup, semble absent) : c'est une erreur factuelle énorme.

Et ce serait notamment passer par pertes et profits l'autre facette du groupe, occupant parfois la quasi-moitié des sept premiers albums ! Sleeping Village, Planet Caravan, Electric Funeral, Embryo, Orchid, Solitude, Laguna Sunrise, A National Acrobat, Fluff, Spiral Architect... Autant de noms exhalant une poésie étrange, tant morbide que psychédélique : après tout Black Sabbath s'est construit en détournant le flower power de l'époque pour en faire son horror power. Des morceaux composant une part essentielle de son répertoire et qui cachent cet autre visage : une veine acoustique classisante, folk ou médiévale et au mieux sous-estimée, sinon totalement méconnue.

On sait pourtant combien aura compté un Planet Caravan (en particulier sur le marché américain : à écouter, la chouette version de Pantera). On subodore qu'Orchid a traumatisée des wagons entiers de doomsters atmosphériques - au point que certains des plus célèbres ont nommé ainsi un de leurs albums. Enfin, on croirait presque qu'un Cathedral concocte le nom de ses chansons à partir d'un générateur automatique intégrant les mots cosmic, voyage, funeral, caravan, wizard ou electric... Une anecdote sur Solitude, délicat sommet de Master of Reality : au-delà de sa beauté feutrée, son aura mystérieuse reste entière puisque Iommi semble décidé à ne jamais révéler sa vérité... Cette complainte ouatée, chantée tellement « juste » et donc si loin des charmantes approximations dont Ozzy pouvait avoir le secret, serait l'œuvre vocale non créditée d'un Bill Ward (et ce ne serait pas la seule). Quant à Who Are You, l'un des morceaux les plus étranges d'un Iommi tributaire des inclinaisons prog de l'époque, il risque de donner une syncope aux nostalgiques des Mystérieuses Cités d'Or : choc assuré !

L'esprit original de Black Sabbath, fragile symptôme de l'univers, s'en est allé après Technical Ecstasy (si ce n'est après Sabbath Bloody Sabbath) : ce n'est pas un avis, c'est un fait. Les anglais ne sauront jamais se dépêtrer d'une légende souvent ternie, et demeurent à mon avis le groupe le plus handicapé par son propre legs (talonné par Metallica). Et bien que grand amateur de la période Dio / Martin, voire même ne craignant pas le mouton noir Born Again injustement crucifié par ceux qui ne l'ont pas écouté, je dois reconnaître que l'erreur fatale fut de ne pas avoir changé de nom après Never Say Die - quel ironie dans ce titre... L'époque Ozzy reste un parcours unique et forcément inscrit dans les seventies, plus directement influente encore que ce que l'on croit (que tous ceux qui sont marqués par la première partie de For Whom The Bell Tolls écoutent la conclusion de Fairies Wear Boots), mais trop souvent amputée de son autre visage. Acoustique et intimiste, volontiers instrumental sans être prise de tête (un écueil que les racines éminemment prolo du Sab' lui éviteront toujours), il est pourtant aussi important qualitativement que quantitativement. Et quand on omet la moitié de Black Sabbath, ça donne black : trop facile de ne retenir que le noir de cette histoire !

You just can’t limit Black Sabbath to its heavier and doomier side – you just can’t do it, it would not be fair. See, there was always something else behind this classic act’s ineffable darkness. Sadly, something often overlooked by medias and listeners. To begin with, you just can’t classify the ‘Sab as a strictly heavy metal band up until Dio’s arrival – don’t you remember the bluesy B side and soulful vocal performances on the band’s stunning first album ? No, there’s really more than meet the eyes in there. Granted, with the ‘Sab, flower power became horror power – but don't overlook its acoustic, psychedelic, sometimes classical stuff that has been at the heart of the band since (after) forever. Man, just listen to thin juggernauts such as Orchid, Solitude, Sleeping Village or Laguna Sunrise – ya just can’t always think “Iron Man” or “Paranoid” when the “sabbath mater” is brought on the turntable. I would even go as far as saying that the, well, “lighter” side of the ‘Sab was as important and groundbreaking as its heavier face… Sure, the original Black Sabbath spirit was nothing but a frail symptom of the universe, and it did fade away following Technical Ecstasy. Yet this band deserves all the credit it still gets, and more, and it’s a shame its softer side isn’t known enough. That's all, folks.

Le site de Black Sabbath.

...et toujours : Nature Morte

lundi 12 novembre 2007

Lard pictural

Ce weekend avait lieu, au Zénith non loin de chez moi, le Salon des Plaisirs Créatifs. Le premier qui dit qu'il y a un mot en trop, il sort. Je le dis sans fard : autant je me cogne du salon auto, autant je suis allé à celui-ci (on est rebelle ou on ne l'est pas). La vie à deux étant faite de compromis, j'y ai donc suivi ma moitié avec quelques idées derrière la tête - et j'ai d'ailleurs dégoté ce super ustensile qui permet de donner des formes rigolotes aux pommes de terre (j'aime les deux : les formes rigolotes et les pommes de terre). Trêve d'anecdote : eh bien je n'ai pas regretté cette petite pérégrination ! En effet et à la surprise de votre serviteur, Carpathian Forest y tenait un stand de calligraphie sur modèle vivant, enrichi d'une possibilité d'atelier dont le succès s'avéra dépasser l'entendement.

Ce fut un chaos digne de Maupassant : les mamies autrement respectables se crêpaient la permanente pour s'inscrire, les jeunes filles aux grandes jambes flageolantes défaillaient d'aise dans un soupir virginal, tandis que les jolies mamans confiaient, dans l'aimable confusion de ce tohu-bohu, leur progéniture au premier inconnu velu. Tout ceci pour pouvoir combler les élans artistiques de tout un chacun et s'adonner aux joies de la Création, voire devenir Création soi-même sous la main experte de Nattefrost (voir photo). Promesse tenue d'un après-midi magique et inoubliable pour tous, petits et grands... C'était beau, et nous nous dîmes en repartant, encore enivrés de cette ferveur picturale, que l'art, c'est parfois du cochon.

Art is such a wonderful way. Artistic expression shall be the universal tongue. The one I, you, they, speak. And it is the one, mind you, that Carpathian Forest speaks too as well. Man, we shall all succumb to the “booty” of it all. Holy fuck. Art, sometimes, is truly not for the faint-hearted...

jeudi 25 octobre 2007

VULV : le cul(te) est vivant !

On dit que le facteur sonne toujours deux fois, et pourtant je n'ai pas entendu un seul coup de sonnette. Était-ce quelqu'un d'autre ? Toujours est-il que ce matin un méchant colis noir et anonyme se trouvait devant la porte de ma grotte, espérant la main libératrice qui découvrirait son contenu. La mienne. Je n'attendais pourtant rien, et encore moins quelque chose de ce genre ! Les grandes heures du tape trading sont passées, et avec elles s'est envolée une bonne partie de la magie de la découverte. Autrefois l'on attendait avec une délicieuse impatience sa copie de copie de copie de Temple of Offal (1), aujourd'hui on peste parce que le téléchargement du dernier Behemoth n'avance pas assez vite. Mais ceci est une autre histoire... Aussi quelle ne fut pas ma surprise de trouver dans ce colis deux cassettes (!) parées de jaquettes monochromes vintage, ainsi qu'un CD certes plus moderne d'apparence, mais au contenu aussi oldskull que les bandes précitées. Rien de moins que l'intégrale de la carrière turgescente de VULV. Comme dirait HPG (2), « VULV, son vit, son œuvre ».

Passons sur les oripeaux esthétiques de l'affaire - tout au plus dirons-nous que le ramage se rapporte impeccablement au plumage. Une fois mon étonnement passé je glissais l'une de ces cartouches chromatiques dans le seul compartiment encore valide de mon vieux lecteur double-cassette. Celui-là même que j'utilisais il y a quinze ans pour écouter l'enregistrement en vitesse rapide de Ride the Lightning ou de Schizophenia afin de rendre ces deux œuvres encore plus brutales (si quelqu'un pouvait faire l'inverse avec mon Dragonforce, je comprendrais peut-être quelque chose à ce skeud sans être vraiment sûr de le vouloir). Vaginal Black Art et Juicy Hole défilèrent alors, deux bastos de presque-black metal à l'ancienne, tendance Les Tontons Tringleurs. Vicié, vicieux et sérieusement dévissé. Mais attardons-nous surtout sur la giclée la plus récente, la seule en format CD et qui constitue l'actualité immédiate de VULV : Dirty Fingers...

Inutile de tourner autour du pot, cette troisième démo est une décharge black metal « à la papa », la bande originale d'un monde tourmenté par la marmaille dégénérée de Tsathoggua et d'Impaled Nazarene et dans lequel Cradle of Filth et Dimmu Borgir n'auraient jamais existé. Après l'intro de rigueur, caviardée par Katsuni et ses amies, déboule Angry Pussy. Possiblement le meilleur titre avec Fountain of Might, cet hymne early-BM mâtiné de thrash teuton cradingue (pléonasme !) remplit bien son o(ri)ffice : c'est un dépucelage en règle. Fountain of Might est véritablement excellent et particulièrement burzumesque tant dans ses vokills écorchés que dans sa rythmique lancinante. Ce titre meurt dans un final exquis qui n'est pas sans rappeler le Ancient de Cainan Chronicles. Scottish Bitch prend la relève et dépayse avec ses relents keupons, quasi rock 'n' roll. Dans cette étude sociologique consacrée au cœur des demoiselles du Trèfle, force est de constater que celles-ci sont quelque peu piquées aux as et finissent sur le carreau. On espère qu'Avril Laguigne reprendra Scottish Bitch : ça pourrait méchamment le faire. Sukkubus se voit embelli par la participation vocale d'un Type tr[O]p Négatif, précédant une outro au nom ignoblement drôle ! Le coït n'est cependant pas tout à fait interrompu car VULV, animal pas triste, nous gratifie en suce (...) de deux reprises : celle, sérieuse et révérencieuse, de Sorrows of the Moon (Celtic Frost) et celle, inénarrable performance vocale, de J'aime Regarder les Filles (Patrick Coutin, putain).

Les véritables responsables de cette orgie anale-logique ne seront pas démasqués aujourd'hui : se servant de plusieurs épaisseurs de latex pour garder l'anonymat (mais pas la vertu, perdue comme la sagesse depuis longtemps), ces lascars déculottés ne sont pas encore prêts à se décalotter. Qu'importe, retenez simplement que VULV, s'il n'est pas à mettre entre toutes les mains, se met en revanche dans toutes les bouches. En particulier écossaises - et le KVULT devint KILT. Salement vôtre !

(1) m'est avis qu'Absu n'est pas une référence méconnue de l'énigmatique Headfucking Migreich !

(2) Grand Bâtonnier du Barreau

Six-pack doesn’t only refer to a crate of beers nor to your humble servant’s muscular torso – there’s a third meaning to it. But Vulv only refers to harsh, crusty and, fuck me, tasty black metal. Eating your shit, injecting urine in your already decaying venous system and shitting on your grandma’s pink doormat is what you’ll do after listening to this. And oh, you’ll also, in a true Gorgon-esque fashion, “kill your family”. I don’t feel like adding anything to that stupendous description – just know that you’ll find enclosed a cover of one of France’s greatest songs ever made, “J’aime Regarder Les Filles” (which means, “I Want To Fuck You, And Hard With That”). Isn’t that wonderful ? Now open up and say… Ahh ! You dirty motherfucker.

Dirty Fingers (autoproduction, 2007)

01 Introducing the Vulv
02 Angry Pussy
03 Fountain of Might
04 Sukkubus
05 Outreaux
06 Sorrows of the Moon
07 J'aime Regarder les Filles


Le Myspace de VULV.

mercredi 26 septembre 2007

Sans foi(e) ni loi

WASP, pour votre serviteur, a toujours été au metal californien ce que Joe Dante est à Spielberg. Sa face obscure, son côté moins avouable, sa... mauvaise conscience, en quelque sorte. WASP, c'est un peu un Bon Jovi ou un Kix à qui l'on aurait donné à bouffer après minuit : une saloperie de gremlin (pour ne pas dire un critter - je vous renvoie au clip de Scream Until You Like It) prêt à prendre en levrette tous les gizmos de la terre (par le petit trou).

Mais WASP, toujours pour votre serviteur, c'est aussi et surtout un personnage : Blackie Lawless. Maître-chanteur en chef, ce pétroleur intérimaire chez les NY Dolls acheva de ciseler son style dans Sister et London au côté de Nikki Sixx, avant de former le groupe le plus outrageux et décadent - le Crüe - de son époque. Indien d'origine (encore un, y'a sûrement quelque chose à gratter si l'on voulait faire de la socio de comptoir), géant bagarreur dans son adolescence au point de refaire le portrait d'un instructeur militaire à quinze piges, notre homme est plus complexe qu'il n'y paraît et a su donner toujours plus de corps, de densité, de sens à son groupe au fil de sorties pas toujours géniales, mais au minimum dignes d'intérêt. Mais surtout, surtout, convaincu d'être un entertainer avant tout, Lawless reste emblématique de ce statut très anglo-saxon que le faible rayonnement du metal hexagonal n'aura jamais permis de faire éclore ici... à de rares exceptions près (on sait qu'un Hreidmarr, par exemple, connaît son petit WASP illustré sur le bout des doigts).

Au-delà de la musique, dont on pourrait causer un moment tant WASP était différent (qui d'autre a su se nourrir ainsi de ce feeling NWOBHM, loin des légèretés chiées par Ratt, Poison et autres Cinderella ? Qui d'autre arrivait à injecter dans son art ce côté classic rock emprunté tant aux Kinks, qu'aux Beatles ou qu'aux Who ? Qui d'autre aura su si bien passer en quatre albums des couilles [WASP, 1984] à la cervelle [The Headless Children, 1989] ?...), ce que j'aime par-dessus tout c'est la voix de Lawless. Hurlée ou chantée, éraillée et puant le bourbon autant que gorgée d'émotion, elle possède ce grain unique de mélancolie tragique qui, s'il était là dès le début (Hellion, Sleep In The Fire), sera finalement dompté à partir du génial et cathartique The Crimson Idol, un album indispensable à toute discothèque, metal ou pas, digne de ce nom.

Stakhanoviste, perfectionniste, Lawless a arrêté voilà bien longtemps de se fournir chez Doctor Rockter (connu par d'autres sous les noms de Doctor Feelgood ou Mr. Brownstone) et continue de sortir album sur album. Le dernier n'a qu'un tort, être sorti trop tard pour devenir un classique, mais j'avoue me contenter largement des cinq (six en comptant le Live... In the Raw) premiers. Autrefois assis sur le trône crasseux de la scène glam de L.A., Blackie est aujourd'hui un froid contempteur de son pays, plus du tout poseur mais peut-être un peu donneur de leçon, et dont le discours se situe quelque part entre ceux d'un Jourgensen et d'un Mustaine. Une chose reste certaine : même s'il ne découpe plus des nonnes dénudées et crucifiées (Arkhon, tiens-toi bien), même s'il ne balance plus des quartiers de bidoche à son public (Mayhem, tiens-toi bien), et même s'il ne transforme plus son sexe en scie à métaux (une électrocution l'en a dissuadé il y a bien longtemps !), ce cher Steven Duren reste un véritable Rebel in the F.D.G.... et plus qu'un de nos pairs, un de nos pères.

En bonus, l'ahurissante interview du mean man Chris Holmes, devant la camera de Penelope Spheeris (et devant sa mère atterrée) pour le film culte The Decline of Western Civilization Pt. II

WASP was to Cali glam metal what Joe Dante is to Spielberg – a fuckin’ critter always ready to tear everything apart. Dictator-in-chief Blackie Lawless is a bigger than life character – the boy cut his teeth with a short run in NY Dolls and a stint in London, a great, time-forgotten L.A. act serving as a springboard for future hellions such as Nikki Sixx, Lizzie Grey or, fuck me, mighty Izzy Stradlin. You don’t know London ? Well, get that hard rock maverick that is Non Stop Rock. But let’s get back to Blackie ! As a true American entertainer, our part-Native American giant took WASP to the stars and beyond, armed and dangerous with a handful of killer songs (and as much quarters of meat and shocking pictures). It should be noticed that WASP was a total, full-on heavy metal band whereas its contemporaries were often leaning on the more commercial side of it all. Hear Blackie’s gritty, fateful voice screaming his guts out and join him in the Fuckin’ Decadent Generation !

Le site et le Myspace de WASP.

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With your bitch slap rappin' and your cocaine tongue / You get nuthin' done

dimanche 5 août 2007

L'ère Tucker, chat tue

L'autre jour, alors que j'étais en mode easy sur la terrasse en train de siroter une mousse avec deux compères mélomanes (et pas mélanome, on n'est pas resté assez longtemps sous le soleil de Satan pour ça), le sujet est arrivé sur le tapis sans crier gare. Un sujet dont l'importance capitale n'échappera à personne, reléguant loin derrière les infirmières lesbiennes ou libyennes, je ne sais plus, et encore plus loin notre cher Tour de France dont les participants semblent prendre plus à cœur que jamais le célèbre adage never stop the madness. Voire même directement dans le cœur, d'ailleurs ! Parait que c'est encore plus efficace, cf Pulp Fiction.

Bref, à l'ordre du jour, la période « Tucker » de Morbid Angel. Et quelle période. Du coup, je me suis récité l'alphabet et ai donc ressorti les albums G et H, ne possédant pas - à tort - le millésime F. Histoire de réécouter tout ça au lieu de tourner inlassablement sur les quatre premiers. Et même si je le savais, fichtre, que ces deux skeuds sont terribles ! Gateways To Annihilation, de loin le plus traditionnel des deux, est finalement une suite logique à Covenant (d'autant plus si l'on prend en considération la fin de cet album mythique), après l'intermède quasi expérimental de Domination. Puissant, rampant, exhalant une sourde atmosphère tantôt cryptique tantôt céleste, parcouru par les spasmes rythmiques de Trey Azagthoth - ceux-là mêmes qui insufflent une vie au combo là où tant de groupes de death demeurent aussi froids qu'un cénotaphe sous la lune de janvier -, Gateways To Annihilation est clairement l'un des sommets créatifs et artistiques de notre disciple de Van Halen. Heretic demeure quant à lui unique, longue coulée magmatique convoyée par des guitares sans attaque, lui conférant cet aspect liquide et organique au point que l'on entend presque respirer le monstre. Paradoxalement abrupt (car peu d'aspérités auxquelles se raccrocher), Heretic porte finalement bien son nom et participe totalement de cette distinction qu'a toujours opéré Morbid Angel entre lui-même et le reste de la scène death metal américaine. D'un côté il y a des groupes de death, de l'autre il y a Morbid Angel.

En un mot comme en cent, Steve Tucker n'a pas à rougir de sa prestation et a su rentrer parfaitement dans des rangers certes bien cirées et bien rangées (à droite sous l'évier, certainement à côté des T-shirts Sailor Moon), mais pas faciles à enfiler après Vincent parti chez les torticouilles. Le genre de situation où il faut d'abord faire pour prouver ensuite que c'était possible ! Cette intéressante période est terminée : après quelques années discoflash (sic) passées en compagnie de sa bombe de femme (Genitorturers), David Vincent est désormais de retour. Les a-t-il vus, cette fois-ci ? Je ne sais pas, mais deux choses sont sûres : le titre de la prochaine évocation débutera par un I, et elle sera mienne dès sa sortie. Une petite pensée pour mon voisin qui jardine paisiblement à quelques mètres de moi et qui vient de se taper deux fois d'affilée l'intégralité de Gateways To Annihilation. Ou l'irruption du Dyonisiaque dans l'Apollinien, quoi !

Hearing someone reciting the alphabet always makes me think about Morbid Angel, undisputable king of all kings as far as “spiritual” telluric death metal is concerned. I totally worship Ab, Al, B, C and D (E being a formidable live captation) but I have to say that I also dig the Tucker period. It is a funny and interesting thing to compare G and H, as the former is a rock-solid, heavier-than-thou motherfucker, while the latter is an almost liquid beast splattered all over with watery, fretless guitar lines – fuck, you can hear this carnal, lovecraftian beat pulsing under the music. Filling in for David Vincent is not an easy task but hey, didn’t Tucker pull it off wonderfully ? Morbid Angel remains to this day a unique death metal act and, undoubtedly, my absolute favourite one when it comes to that corner of music. Extreme, valid art performed by extreme artists.

Le site et le Myspace de Morbid Angel.

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Morbid Angel : un bon coup de pied « occulte »

jeudi 28 juin 2007

« Static Journey » pour les âmes solaires ?

Bon... je sens que cette chronique va m'être pénible. Car j'aurais souhaité écrire autre chose au sujet de Solar Soul, septième album de Samael sans compter ces excellents minis que sont Rebellion et Exodus. Non pas que cet album soit mauvais : il est, dans l'absolu, bon. Mais quelle déception personnelle... Après Reign of Light, énième réincarnation réussie de cet étrange Ouroboros qui ne se mord en principe jamais la queue, j'avais senti venir l'embrouille : le chapitre ouvert avec brio par Passage venait ainsi d'être magistralement clos. Après la trilogie noire (Worship Him, Blood Ritual, Ceremony of Opposites), après un triptyque plus lumineux en apparence (Passage, EternalReign of Light), il fallait ouvrir un autre cycle. Où ? Comment ? Quelles nouvelles directions explorer, après avoir défriché, en vingt ans de carrière, tant le nord et le sud que l'est et l'ouest ? C'est là que le bât blesse : la réinvention n'a pas eu lieu et pour la première fois, enfer et damnation, Samael a succombé à la redite. D'où ma syncope initiale et mon amertume comparable à celle d'un amoureux non pas trahi - Samael ne m'a jamais rien promis -, mais sincèrement déçu.

Samael s'est toujours lu au travers des noms de ses chapitres les plus marquants : après la jeunesse black metal frappée du sceau des pères fondateurs, Ceremony of Opposites annonçait, sans peut-être même en avoir conscience, que le groupe se proposait d'unir dorénavant ses racines sombres et métalliques avec une expérimentation toute suisse, à peine esquissée sur l'album précédent. Puis le mini Rebellion, porté par son nom aux allures de cri de révolte face aux dogmes metal, entérina le caractère unique de Samael, bête désormais organico-synthétique refusant de se voir plus longtemps enfermée dans un underground trop étriqué pour elle. Inutile de commenter longuement le nom du disque suivant : Passage parle de lui-même et parachève la métamorphose du rouge au bleu, tout en renforçant cette impression de mouvement permanent et vital que chante Vorph (cf Jupiterian Vibe). Reign of Light retentit lui aussi comme une bannière, la découverte d'une terre promise longtemps recherchée, l'avènement final d'un groupe passé de l'ombre à la lumière (bien qu'avec du recul, et malgré l'extrême noirceur de Ceremony Of Opposites, je pense qu'Eternal et Reign of Light sont, de façon plus cryptique, les disques les plus sombres de Samael). Arrive aujourd'hui Solar Soul, et nous voilà au cœur du problème. Samael, toujours en mouvement, a cette fois-ci marché en ligne droite autour de son petit monde au point d'en revenir à son départ - révolution qui n'en est pas une - et c'est un choc, de la part de ces précurseurs toujours sur la brèche créative et artistique.

Pas de surprise. Plus de surprises. La rumeur annonçait des guitares déterrées du mix, et c'est vrai qu'elles sont moins en retrait que sur Reign of Light. Mais ce dernier était un chef-d'œuvre, nouvelle étape qui n'avait pas besoin de grosse saturation pour impressionner. On parlait même de l'impensable : une saveur cérémoniale, plus entendue depuis 1994 donc, participerait au goût forcément exquis de Solar Soul. Las ! Reconnaissons tout de même le clin d'œil de Slavocracy (son riff exhumé de Crown, accéléré). J'irai même jusqu'à dire qu'AVE ! ou Alliance, écrasants de majesté altière et parsemés de râles traînants et plombés, pourraient être un Ceremony (la chanson) version 2007. Mais pour le reste, Solar Soul lorgne beaucoup trop sur Passage et son successeur... et c'est décevant. Les mêmes structures passagères et éternelles reviennent continuellement : intro martiale, puissante et percussive, puis licks de guitares chargés de donner son identité à chaque morceau, suivis du sempiternel refrain martelé par l’impeccable scansion virile de Vorph... Les claviers sont loin d'être mauvais, mais l'on souffre de toujours entendre ces mêmes sonorités, reconnaître ces mêmes placements recherchant toujours les mêmes effets... C'est une recette que Samael a porté à son paroxysme en 1996, mais dont le groupe use et abuse désormais au point d'en faire un schéma rebattu. En un mot comme en cent, Solar Soul est trop unidimensionnel (une infamie dans le vocabulaire samaelien), prévisible, convenu. Le vieux fan que je suis (depuis Ceremony of Opposites) l'est justement resté parce que Samael l'a habitué à une redécouverte passionnée à chaque album, ce qui est loin d'être le cas ici. Quel contraste après un très aventureux et réussi Reign of Light qui rompait avec tout ceci ! Plus atmosphérique, enfin décomplexé par rapport à ses ambitions « dansantes », plus grand « scope » tout en restant puissant - là où Eternal avait peut-être failli, délayant sa force dans un mix trop diffus -, Reign... était un délice raffiné, réinventé, nouveau départ malheureusement démenti en 2007 par Solar Soul, ce décevant bon album.

Car oui, c'est un bon disque ! Il contient d'excellentes chansons, dont l'honorable bonus track de la version digipack... mais encore une fois, ça n'est pas suffisant. Dommage, d'autant que Solar Soul est marqué par le retour d'une véritable batterie : ça sonne à mort, et même si la froideur d'un Passage ou le côté galactique d'un Eternal doivent pas mal à la boite à rythmes, il faut avouer que ce regain organique apporte beaucoup à Samael qui commençait à pécher de ce côté-là. Un petit mot sur les paroles : véritable apôtre du self improvement, Vorph a ciselé à nouveau des textes collant à merveille au positivisme barjavélien qui caractérise Samael depuis Passage. Pas besoin d'acheter un bouquin de développement personnel ! Promised Land est à Solar Soul ce que Shining Kingdom est à Passage, et tout le reste est à l'avenant. Je remarque cependant que Solar Soul est moins galvanisant que ses prédécesseurs : pas de trucs aussi trippants qu'un « See how bright, bright you can shine » ici, ni de conseils de jardinage aussi transcendants que ceux préconisés dans Rain. Samael confirme également son statut de citoyen du monde (se souvenir de On Earth) et s'autorise même une allusion directe aux guerres actuelles dans Valkyries' New Ride : on avait rarement connu le groupe aussi terre-à-terre. On The Rise, quant à lui, est un beau texte qui parait, au premier degré, comparable aux thèmes habituels de Samael, mais je l'ai vu à tort ou à raison comme une parabole du chemin parcouru depuis l'époque Into the Infernal Storm of Evil. Soit quelques années-lumière !

Étonnez-vous qu'après une carrière marquée par un Ceremony of Opposites, un Passage ou un Reign of Light on devienne exigeant ! Qui aime bien châtie bien, et je reste inconditionnel de Samael. Un groupe que j'aime et que je continuerai à suivre au plus près en espérant, la prochaine fois, un produit moins tiède : on n'est jamais bien le cul entre deux chaises. Solar Soul est un bon album-somme, mais trébuche franchement en tant que successeur de Reign of Light.

Fuck, I’m devastated. You know what ? Solar Soul is a good album. But a good album is not enough in a Samaelian context. I saw it coming, I swear it. I mean, how could Samael maintain ad vitam aeternam such a high-quality level as featured in Ceremony of Opposites (one of my all-time classics), Passage, Eternal (despite its way-too-“large” sound) and Reign of Light ? In a predictable way, Solar Soul fuses electro with martial, cold, declamatory metal but the surprise factor is long gone and that’s a shame. Ok, there’re more guitars in there than in Reign of Light, and I‘ll even go as far as saying that Solar Soul nods clearly, at times, to the oldschool Samael of yore. Problem is that Samael can’t stand the “been here, done that” thing – it just didn’t feel right, it just didn’t fit them. Samael is a march, Samael is an endeavour, Samael is a matter of going forwards and not backwards. So Solar Soul is a harsh disappointment in terms of creativeness ! A somewhat good album, hiding truly good moments (Slavocracy, Promised Land…), but unworthy of the Samael usual seal of quality.

Solar Soul (Nuclear Blast, 2007)

01 Solar Soul
02 Promised Land
03 Slavocracy
04 Western Ground
05 On The Rise
06 Alliance
07 Suspended Time
08 Valkyries' New Ride
09 Ave !
10 Quasar Waves
11 Architect (bonus track)
12 Olympus

Le Myspace de Samael.

...et toujours :

Scream for me John Lennon !

Le mouvement perpétuel

mardi 19 juin 2007

Un bon petit diable

J'ai toujours aimé les seconds couteaux du metal, et Annihilator est le second coutal par excellence : le projet solo de Jeff Waters n'a jamais accédé au statut supérieur malgré sa qualité constante (à part une vraie baisse de forme entre 1996 et 1999), et il est clairement trop tard pour renverser la vapeur... C'est injuste mais c'est comme ça : alors qu'un Enemies of Reality aura permis à Nevermore d'exploser son carcan pour monter au premier plan, cas d'école de l'album providentiel pour booster une carrière, le nom d'Annihilator n'a jamais été assez vendeur pour les grosses couvertures médiatiques. Pas de masques, pas de maquillage, quelques polémiques ridicules agitées par de tristes ronds-de-cuir qui n'ont jamais compris que ce groupe n'en était pas un... Bref, malgré son très gros succès d'estime (demandez donc à Mustaine ce qu'il pense de cet album), Alice In Hell demeure un essai qui ne sera jamais transformé sur le terrain commercial. Ainsi va la vie, et Annihilator / Jeff Waters semble s'accommoder parfaitement de tout ceci. En témoigne sa position sur l'actuelle tournée de Trivium : ça fait mal au cœur, pour ne pas dire au culte, de voir ce génie ouvrir pour un groupe trendy qui n'a jamais apporté, n'apporte pas et n'apportera rien de significatif au metal. Bon, ok, exposition plus importante, découverte pour le jeune public, bla-bla-bla, je sais tout ça... Revenons au sujet : en 2001, il s'est passé trois choses importantes dans le monde. Une tour est tombée. Une autre tour l'a suivie. Et un peu plus au nord, Annihilator a sorti en catimini Carnival Diablos.

Ce huitième album occupe une place à part dans la disco de Jeff Waters : c'est un peu l'album de la résurrection, son Razor's Edge, son Painkiller ou son Get A Grip, après une traversée du désert peu inspirée et marquée par trois albums réalisés en apnée. À un moment où toute la scène se focalisait sur ses extrêmes, un combo thrash sans prétention et au potentiel vendeur déjà épuisé n'avait aucun espoir d'attirer (à nouveau) l'attention. A fortiori dans un paysage musical atteint de jeunisme forcené, où l'on se foutait comme d'une guigne de l'énième album d'un trentenaire canadien. Et pourtant... Waters, fraîchement épaulé par l'un des guitaristes d'Overkill (ici au micro), a fait le bon choix avec Joe Comeau : sous les dehors bonhommes du rondouillard new-yorkais se cachait un frontman et un hurleur de premier plan... Heavy-thrash hyper puissant, caractérisé comme toujours par l'extrême « crunchitude » des guitares (j'appelle ça le syndrome Flemming Rassmussen : chaque coup de médiator étouffé descend directement à la cave), Carnival Diablos est l'un de ces albums bons du début à la fin. Même au moment de Liquid Oval, qui commence pourtant comme une de ces pénibles ballades heavy metal dont les amerloques ont le secret, mais qui a le bon goût de ne rester qu'un correct instrumental. Quant au reste, carton plein, KO assuré, hold-up sur l'auditeur matraqué par la rifferie stylée, puissante et sans pitié de Jeff... Une bombe. Les anglo-saxons ont un mot intraduisible, pour ce genre de truc : powerhouse. À noter, cet hommage non déguisé à AC/DC où Joe « Bon Scott » Comeau et Jeff « Angus » Waters cassent la baraque au point que Shallow Grave, malgré sa relative jeunesse, s'est hissé instantanément au rang de classique. À souligner également, le plaisir que l'on prend à goûter, derrière une brutalité de façade mais non feinte (BatteredHunter Killer...), l'extrême mélodicité d'Annia. Comme toujours, quoi.

Et de fait, si les deux mamelles de la France selon Sully étaient « labourage et pâturage », celles auxquelles le petit Jeffrey a été sevré sont Maiden et Priest. Le trooper d'Annihilator pourrait aisément s'appeler Epic Of War, tandis que l'excessivement pesant et réussi Time Bomb convoque expressément l'esprit du Prêtre, tendance Metal Gods ou A Touch of Evil. Pour conclure ce petit hommage à un album indispensable à tout amateur ne connaissant pas encore Annihilator, voire ne connaissant que les derniers avec Padden (qui peut braquer par ses tonalités hardcore), je serai bref : Carnival Diablos est une putain de tuerie. Qui crucifie sur place une bonne partie de la jeune garde, si douée soit-elle (des fois). Trivium en sait quelque chose, car si les américains sont excellents sur scène, il semble qu'Annihilator leur fasse la leçon au moins un soir sur deux - en sonnant, au passage, beaucoup plus moderne. Qu'on se le dise !

Despite its blistering first two technical thrash metal attacks (namely Alice In Hell and Never, Neverland), Annihilator has been an underdog for the last two decades. And that’s a fuckin’ shame, an utter disgrace. I just can’t believe Jeff Waters and his capable commando are currently opening (fuck me) for fuckin’ Trivium. Ok, now I’d like you to buy 10 copies of Carnival Diablos, and here’s why you’ll gladly do it after reading Master Me. To begin with, Carnival Diablos is Annihilator’s own Painkiller : a sonic resurrection of an unexpected quality after years under the radar, meaning a vicious heavy-thrash metal attack of unrelenting, melodic violence. Secondly, Carnival Diablos is sung – or screamed – by Joe Fuckin’ Comeau, of the mighty Overkill fame. Joe will pierce your eardrum to crush your very worthless soul (and maybe he will eat you up after that). And in the third place, Carnival Diablos’ artwork is over the top – perfectly matching its overpowering content. What a fuckin’ powerhouse of an album… Still wondering why 10 copies ? Man, after having read that, you know you'll never get enough of Carnival Diablos.

Carnival Diablos (SPV, 2001)

01 Denied
02 The Perfect Virus
03 Battered
04 Carnival Diablos
05 Shallow Grave
06 Time Bomb
07 The Rush
08 Insomniac
09 Liquid Oval
10 Epic Of War
11 Hunter Killer

Le site (Waters est un membre très actif du forum et l'on est sûr d'obtenir une réponse, voire un vrai dialogue de sa part, autant dire que ça change et que ça fait plaisir) et le Myspace d'Annihilator.

...et toujours :
Ne lâche pas ta poupée, Alice !

vendredi 15 juin 2007

Are You Morbid ? Into the Pandemonium of Celtic Frost

Enfin lue, cette bio du Frost écrite par Fischer himself (on n'est jamais si bien servi que par soi-même, mais nous y reviendrons) ! Avis aux fans : malgré un impensable melon par moments, ce bon vieux Tom n'y va pas par quatre chemins et commence par démolir, sur une cinquantaine de pages, le mythe Hellhammer. Il est ainsi assez drôle de lire ces lignes pleines de recul sur ce groupe de gamins formé par le vilain petit canard de l'école, qui allait devenir vingt ans plus tard, et malgré deux petites années de vie, l'une des références absolues de la scène extrême - au moins européenne et sud-américaine. Bref, selon les propres termes de Fischer (et l'on pensera immanquablement à Quorthon qui jugeait tout aussi sévèrement les premiers Bathory), Hellhammer n'était qu'un petit groupe merdique tellement étriqué dans ses aspirations et limité dans ses possibilités que lui et Ain eurent tôt fait de le dissoudre - pour le ressusciter sous le nom de Celtic Frost la nuit suivante. Un combo appelé à ne respecter aucun des standards de l'époque, ni dans le fond, ni dans la forme, et dont on regrettera que le choix du superbe patronyme ne soit pas plus explicité.

L'histoire du Frost, racontée avec humour et style (cf la jolie description d'un morne Berlin-Est, traversé nuitamment pour se rendre en studio), se taille donc la part du lion comme l'indique le sous-titre du livre. Très vite, le lecteur éberlué comprend à quel point ce groupe a été massacré, tué, gâché par l'incompétence à peine croyable d'une maison de disques (Noise Records) pourtant révérée par bien des metalheads - et en premier lieu par votre serviteur... Entre les tournées fauchées interrompues subito presto, le refus de financer le clip qui aurait pu changer le cours des choses pour nos frustrés frosties (Mexican Radio), la totale incompréhension de ce que tentait de faire le groupe au moment de l'enregistrement de Into The Pandemonium, j'en passe et des meilleures, on n'en revient tout simplement pas. Celtic Frost, pendant près de vingt ans, n'aura été qu'un saumon exténué - passez-moi l'image, mais quand on s'appelle Fis(c)her - qui s'est épuisé à nager à contre-courant. En aval, notre petit poisson qui deviendra gros malgré tout ; en amont, l'ahurissante politique menée par Noise. On n'ose imaginer, à la lecture de l'excellent chapitre consacré à l'élaboration de Into The Pandemonium, ce qu'aurait été cet album sans ce frein constant... Avec cette connaissance nouvelle, je m'explique enfin, par exemple, ce son que j'ai toujours haï, et je sais désormais que le Frost ne l'aime pas plus que moi. Bien sûr ce disque reste un monument, mais enfin, après ce passage modestement intitulé The making of a breakthrough album, on a vraiment l'impression de ne connaître que l'ombre de ce qui aurait du être (*). Et pourtant, c'est bien ce feeling art-rock et aventurier, méprisé par Noise Records, qui aura constamment tiré Celtic Frost vers le haut - ou comment concilier l'intellectualisme le plus littéraire avec le cri primal du metal dit « extrême ».

Malgré sa grosse tête (difficile de ne pas être amusé / agacé par la mégalomanie de Tom, cependant que l'on ne peut que lui reconnaître un véritable génie avant-gardiste), l'auteur accroche son public et excelle dans la galerie de portraits qui gravite autour du Frost : les obsédés sexuels de Coroner (le crew du Frost en tournée), les ingénieurs du son tchécoslovaques plus « stupid » que « morbid », les groupies prêtes à tout pour cinq minutes en compagnie du beau gosse Reed St. Mark, les chanteuses de session nymphomanes prêtes à tout pour cinq minutes en compagnie du beau gosse Reed St. Mark (si vous avez une impression de répétition, c'est normal), etc. Sur ce point essentiel au cahier des charges de toute bio rock qui se respecte, l'objectif est largement atteint et l'on passe franchement un bon moment. Plus intéressant est le regard sans concession, souvent mi-figue mi-raisin, que pose Tom sur sa petite troupe : on rit fréquemment aux passages consacrés à St. Mark, jovial M. Catastrophe qui aura apporté au Frost autant de peps que d'emmerdes, on est particulièrement intrigué par le personnage érudit et tourmenté de Martin Eric Ain, et on se dit que les pauvres Ron Marks et Curt Victor Bryant sont un peu injustement oubliés aujourd'hui. Tom G. Fischer, en bon Warrior qu'il est, sait aussi se montrer intransigeant envers lui-même lorsqu'il le faut. A ce titre, les pages consacrées à Cold Lake (« une merde monumentale ») sont particulièrement masochistes. Putain, mais comment le Frost a-t-il cru pouvoir vendre un seul instant à ses fans un album presque glam ? Le voile est levé sur cette affaire que Fischer n'a pas cherché à escamoter - et pourtant, que ce disque est embarrassant...

L'odyssée de Celtic Frost, gros poisson dans un petit étang - soyons réalistes - est ainsi racontée sans fard et nous laisse à entrevoir les dessous d'une histoire qui perd en « culte » ce qu'elle reprend à la vérité... J'aurai du mal désormais à me représenter le Frost comme avant, tant Fischer balaie cette poussière cryptique et cette aura obscure au profit d'une réalité beaucoup plus terre-à-terre - saviez vous que Martin Eric Ain ne pouvait quitter une ville après un concert sans avoir goûté au kebab local, jusqu'au jour où cette pénible manie lui valut d'être abandonné sur un parking par le tour bus ? Ces petites histoires qui font la grande n'enlèvent rien aux hommes derrière le monstre, et si l'on ne peut que fantasmer sur l'avorté Under Apollyon's Sun (cet album était un potentiel monument, cf Idols of Chagrin et Under Apollyon's Sun disponibles sur la compilation testamentaire Parched With Thirst I Am... And Dying), je me dis cependant que si ce sont toutes ces couleuvres avalées, tous ces changements dramatiques de line-up, toutes ces galères de vingt ans qui sont ressorties dans cette catharsis vénéneuse qu'est Monotheist, eh bien oui, tout ceci en valait la peine. Le pot de terre contre le pot de fer ? C'est toute l'histoire du Frost. Laer Si Htaed Ylno !

(*) Tristesses de la Lune, lecture passionnée et habitée du poème de Baudelaire, sera ainsi jugée trop « spéciale » et retirée abusivement de l'album original... Il faudra attendre sa récente réédition pour voir enfin inclus dans le tracklisting ce morceau de bravoure... Pour info, la performance sur ce morceau est signée Manü Moan, par ailleurs chanteuse des étranges Vyllies.

Come on, there’s not only metal music in life. There’s also metal literature. Just finished reading Are You Morbid ?, the undying beast’s bio written by Tom G. Warrior. After destroying the mythic Hellhammer (a not-so-surprising move – the man have tried to stray from its legacy for many years), things become serious with the Frost’s birth. I have to say that despite his sometimes heavy and inflated style, and an ounce of megalomania (but hey, fuck it, the man is a total artist after all), Tom’s account of these events are witty, interesting and as dark and depressive as they can be funny if not hilarious at times. You will know everything ; from Noise’s incredibly stupid way of "handling" things to Reed St. Mark’s fetishist antics (you have to see that picture with all these high heels hanged all over his drum set !). Maybe the most interesting parts of it are the chapters dealing with Into The Pandemonium, an overbloated but visionary record those inception crystallised many of the Frost’s underlying issues. I have to warn you though : reading this will sweep forever some of that cryptic dust covering this monumental beast that is Celtic Frost – learning its secrets is losing some of its mysteries…

Le site et le Myspace de Celtic Frost.
Le site et le Myspace de Hellhammer.
Le Myspace des Vyllies, parce qu'elles le valent bien !Le blog de Tom G. Fischer.


...et toujours :
« Toi qui entre ici, abandonne toute espérance... »