mardi 30 janvier 2007

Kreator : des croches accrocheuses qui caracolent dans mon crâne...

Ils ne seront certainement jamais au courant de cet honneur... Mais aujourd'hui je remets deux prix (super...), dont le premier va à Kreator ! Une sorte de catchiness price récompensant Phobia comme étant l'un des morceaux les plus accrocheurs de la planète metal, en particulier grâce à sa rythmique principale juste diabolique d'efficacité. Du genre « bang that head that doesn't bang », si vous voyez ce que je veux dire - je suis sûr que oui. Tout en zéro syncopé sur la grosse corde, quoi.

Morceau d'une rare qualité, Phobia synthétise en quelques trois minutes le savoir-faire de Kreator et de Mille Petrozza, songwriter immense et véritable personnage du metal teuton, capable de tenir la seconde guitare pour Celtic Frost le temps d'une tournée, de jouer au sein de Voodoocult avec Schuldiner, Sorychta et Lombardo, et d'apparaître dans un programme TV pour minots afin de leur expliquer ce qu'est le thrash metal (je n'ai pas encore réussi à déterminer ce qui me laisse le plus rêveur...).

Le second prix ? Ah oui, il est pour moi (ça fait pas de mal de temps en temps un peu d’auto-congratulation), et c'est celui de la brièveté : cela faisait longtemps que je voulais écrire quelque chose d'aussi court ! Sans plus attendre passons à l'intérêt principal de cette notule : Phobia dans sa magistrale version du Live Kreation. Ein, Zwei, Drei... Is there something after yooouuu ?

Kreator’s Phobia really is a killer tune. I love it so much, man. Seriously if I wasn’t French, I’d like to be German. Fuck, it almost happened in ’44 isn’t it ? Ok enough bullshitting – back to Phobia. Truth be told, dont' you find it incredibly powerful and catchy ? Kandy for your eyes and ears. Here it is in its Live Kreation rendition. And better bang that head that doesn’t bang, ‘cause mine is already banging.

Phobia sur Youtube.

...et toujours :
Stream of (social) Consciousness
Heureusement qu'on se faisait ch**r dans les centres de jeunesse allemands !

dimanche 28 janvier 2007

Les Misérables

Dans ma courte et misérable existence, j'ai un jour découvert plus misérable encore que moi. Vous connaissez Bertrand Labévue, le collègue dépressif de Gaston Lagaffe qui passe ses journées terré au fond d'une poubelle ? Eh bien je pense que dans les profondeurs de sa retraite parfumée, il écoute The Angel And The Dark River. C'est comme Droopy : ce canidé enjoué qui croque la vie comme on croque dans une pomme véreuse doit passer l'essentiel de ses journées neurasthéniques à écouter The Angel And The Dark River, de My Dying Bride. En attendant d'être piqué, certainement... Si vous tendez bien l'oreille, je suis sûr que, du fond de sa niche Ikea - ceci explique peut-être cela -, vous entendrez monter la complainte du violon de Martin Powell.

Moi qui d'habitude aime user et abuser de superlatifs et autres adjectifs d'adjectifs, point de tout cela aujourd'hui, point même de chronique musicale à proprement parler. Juste cette affirmation concernant un album qui ne me lasse toujours pas, douze ans après sa sortie (merci Eléonore) : du côté de la branche mortuaire du doom, celle qui a fait sécession avec l'esprit fondamentalement rock 'n' roll de Black Sabbath pour flirter avec les rivages sans vie du death metal tout en refusant sa trivialité, The Angel And The Dark River est plus qu'une référence : c'est le dieu tutélaire du genre. Le disque miraculeux qui ajoute une nouvelle couleur à la palette chromatique, une couleur sans nom à côté de laquelle le noir semble lumineux. Si le doom était un alchimiste, alors The Angel And The Dark River serait sa pierre philosophale.

Hormis son successeur, l'immense et victorien Like Gods Of The Sun, My Dying Bride (qui est en fait un groupe de joyeux drilles, j'ai une photo d'Andrew Craighan en train de faire les oreilles de lapin à Aaron Stainthorpe ! Et puis dans le tour-bus, qu'est-ce qu'on rigole ! Pensez donc : un jour, Martin a pété, quelle poilade !) n'a jamais plus approché de près comme de loin la qualité de The Angel And The Dark River. Un album à écouter un dimanche après-midi pluvieux, la télé allumée sur Drucker, un whisky dans la main droite - n'oubliez pas, cinq valiums pour un glaçon - et le flingue dans la main gauche. Ne reste plus qu'à décider lequel on porte à la bouche en premier. Ce qui me permet de finir sur une note positive : c'est beau d'avoir le choix ! Bang.

nota bene : par une étrange prescience, le groupe a choisi en 1990 un patronyme qui n'aurait pas dépareillé dans la scène metalcore des années 2000...

The Angel And The Dark River was my first encounter with doom metal and even if I don’t really listen to it anymore, it did impress me so much that I often find myself humming some of its melodies (yeah, you can hum My Dying Bride). As a moody, shy teenager, that piece of utter darkness, yet still lyric and epic, was all I was looking for back then. Though I have now a preference for more rock-oriented doom, hence my absolute love for Black Sab's early records, I really dug My Dying Bride’s early works and highly recommend the monumental, Victorian follower of “…Angel”, namely Like Gods of The Sun. To me and forever, these two albums are the philosopher’s twin stones of british doom metal. Do not listen when in a sad mood (have you find the palindrome in that last sentence ?) !

The Angel And The Dark River (Peaceville Records, 1995)

01 The Cry Of Mankind
02 From Darkest Skies
03 Black Voyage
04 A Sea To Suffer In
05 Two Winters Only
06 Your Shameful Heaven

Le site et le Myspace de My Dying Bride.

samedi 27 janvier 2007

Sushi avarié !

Gallhammer, groupe signé chez Peaceville et venant de commettre The Dawn of... (une anthologie très « attendue » après un unique album), est l'archétype de l'arnaque métallique absolue. Ça bouffe à tous les râteliers, tentant de pêcher le maximum de poissons (d'avril ?) dans ses filets de fort mauvais goût. Le nom attirera l'attention des gens pour qui Hellhammer, Master's Hammer ou Warhammer veut dire quelque chose. La composition et l'allure du groupe, trois jeunes nipponnes bien de leurs personnes (ben tiens) mais savamment enlaidies par un look crado-punk très tendance, en appellera autant aux amateurs de keupon, de Motörhead ou de Darkthrone qu'aux curieux friands de combos féminins thrash et trash. Ne parlons même pas du large public, ici particulièrement ciblé, atteint de priapisme à la vue de japonaises bien gaulées... La pochette, intelligemment neutre, attirera beaucoup tout en ne braquant personne : bref, le savoir-faire est indéniable et l'étude de marché, parfaite.

La musique ? Un pillage en règle de divers pères fondateurs, avec un accent prononcé pour un black metal noisy, presque crust. Speed of Blood, morceau honteux figurant sur le sampler 37 de Terrorizer, est un plagiat flagrant de Mythos (par exemple), mal joué et flanqué de vocaux qui vont au-delà du ratage total. Conscient de l'ineptie du produit, le producteur, pardon, les commerciaux en charge du projet ont rajouté partout des larsens-qui-font-peur (dans un sens, c'était déjà bien assez effrayant). Autant ressortir les premiers enregistrements de Sigh si l'on veut flipper à la sauce japonaise, là au moins, ça vaut le coup. Au final, une daube que rien ne sauve, exemple supplémentaire prouvant que tout, absolument tout, peut-être récupéré, y compris les codes dits « nécro ». The Dawn of Gallhammer ne procède de rien d'autre qu'une racoleuse pêche en eau douce... L'une des filles arbore en permanence un beau t-shirt Celtic Frost, au fait. Histoire de convaincre les derniers réfractaires de la « trouïtude » (pardon je ségolénise un peu en ce moment) de la chose ? Sur le promo, on peut lire « Gallhammer reigns » (Fenriz, Darkthrone). Je rajoute : « Fenriz est souvent saoul » (Sheol, Les Notules Métalliques). A éviter plus encore que la peste !

Man, Gallhammer may well be the greatest swindling in extreme metal history since Evol. Nonetheless it will sell a few thousands, no doubt about that – it is oh so well marketed. From its name calling forth several old masters of sepulchral metal to its aesthetics (threesome, anyone ?), Gallhammer will, at least commercially, be. While Mötley puts out two anthologies a year, this Japanese act is releasing a best-of after, fuck me, only one fuckin’ album… Shall I really  proceed on commenting about the music ? Nope... it really reeks of a swindle in here.

Le Myspace de Gallhammer.

vendredi 19 janvier 2007

Paint it Black !

Au sujet d'Etude ; Torse, Effet de Soleil (1876), le critique d'art Albert Wolff, révulsé, écrivait à l'époque : « essayez donc d'expliquer à ce Renoir que le torse d'une femme n'est pas un amas de chairs en décomposition avec des tâches vertes, violacées, qui dénotent l'état de complète putréfaction chez un cadavre ». Quant à Alfred de Nieuwerkerke, voici le regard qu'il portait sur les impressionnistes : « ils font une peinture de démocrates. Ces hommes qui ne changent jamais de linge voudraient s'imposer aux gens du monde ? Cet art me déplaît et me dégoûte ». Certes, on pourrait appeler les impressionnistes « peintres de la lumière » et, par opposition, qualifier les musiciens de black metal de « musiciens de la nuit ». Reste que le parallèle est amusant et qu'encore une fois, un petit groupe de francs-tireurs au sein d'un domaine artistique peut décider de faire tabula rasa des conventions, des académismes et de la bienséance au nom de la liberté artistique - et donc d'expression.

Si les impressionnistes, avant-garde bariolée, soldatesque picturale soudée peut-être plus encore par le goût de la piquette montmartroise que par le pinceau, mirent des années avant de pénétrer ce bastion du classicisme qu'était le Salon de Paris, que dire alors de ces gamins qui, à l'orée des années quatre-vingt-dix, régénérèrent en le poussant dans ses paroxysmes un art si abrupt qu'il fut d'autant plus facile de l'escamoter dans la colonne des faits divers ? Cependant qu'Utrillo multipliait les séjours en maison d'arrêts, ses toiles, par lesquelles il payait en nature ses monumentales cuites, prenaient de la valeur dans les troquets sordides de la capitale. Lorsque le dernier membre incarcéré du line-up de In The Nightside Eclipse recouvra sa liberté, Emperor était devenu une légende de son vivant, n'attendant que la mort pour être mythifié !

Ce qu'écrivait Albert Wolff à propos de Renoir me rappelle finalement les vieilles chroniques d'albums devenus référentiels depuis. Tandis qu'Hard Force et consort (ou qu'on sort pas, d'ailleurs) parlaient de « dégénérés du bulbe » (sic) au sujet d'Emperor ou nous expliquaient que les deux frères d'Immortal (re-sic) étaient musicalement « à la rue », ces derniers façonnaient le nouveau visage du metal extrême au point qu'on en retrouve aujourd'hui les échos dans n'importe quel sous-groupe de metalcore US (un paradoxe en soi !). Renoir, de peintre bohème, devint un notable respecté auquel on s'adressait en n'omettant jamais de commencer par « Maître ». Si Ihsahn, fait citoyen d'honneur de sa ville natale de Notodden, ne demande pas tant d'honneur aux jeunes musiciens à qui il ouvre son studio et donne des cours de musique, ce sont en revanche ceux qui le brûlaient hier qui lui donnent aujourd'hui du « Maître ». Moralité : les gens évoluent, et les dégoûts d'une époque deviennent parfois les goûts de la suivante (sauf dans le cas d'Evol bien sûr...) !

nota bene : cette notule m'a été inspirée par la lecture de l'excellente biographie de Suzanne Valadon par Michel Peyramaure, qui m'a parfois rappelé, oserais-je le dire... The Dirt, la bio de Mötley Croüte ! Les Escaliers de Montmartre ; Le Temps des Ivresses sont à lire chez Pocket.

There’s not only metal in life – there’s also Impressionism, a pictural movement which I am fond of. And I’ve always made a parallel between it and black metal. Impressionism, a loose association of painters some of whom were unbelievable hard-partyin’, hard-druggin’, hard-livin’ motherfuckers, were also radicals, franc-tireurs whose art was breaking every existing rule (and in  some cases, the law). A real motley of a crew ! Garnering at first only hostility and miscomprehension, Impressionism finally became a respected, valid form of artistic expression – see what I mean ? I suggest you read a bio of painter Suzanne Valadon. Fuck, there’s as much sex, alcohol and, well, art in there as in The Dirt. Duh !