vendredi 20 février 2009

Miika Tenkula 1974-2009

C'est officiel : Sentenced ne se reformera jamais. Miika Tenkula a passé l'arme à gauche hier 19 février 2009. Trente-cinq ans, c'est jeune, mais ce fut suffisant néanmoins pour lui permettre de composer une bonne partie des huit albums (plus quelques EP) des northernmost killers. Le guitariste joufflu aux faux airs de Sean Astin aurait vraisemblablement payé le prix du culte qu'il vouait à l'un des seuls démons véritablement dangereux dans le metal - la bouteille. Miika Tenkula avait formé Sentenced en 1989 à l'âge de quinze ans avec ses compères Sami (aujourd'hui dans le conseillé KYPCK) et Vesa, et orienta le death metal primaire de son groupe vers quelque chose de plus mélodique et mélancolique à partir du mini Love & Death. Cette sortie importante et concomitante à celle d'un autre EP fondateur (Black Winter Day d'Amorphis) donna le La à la scène finlandaise actuelle, alors en formation : impossible d'ignorer l'influence de Sentenced lorsque l'on écoute des formations telles que Yearning, Nightwish, Ensiferum ou les trop méconnus Searing Meadow.

Sentenced fait aussi partie de l'école des surdoués Century Media des années 1994-1998, aux côtés de Moonspell, Samael, The Gathering, Rotting Christ ou encore Tiamat - tous de nationalités différentes mais s'invitant fréquemment sur leurs albums respectifs, infusés d'une magie peu commune dont j'ai déjà assez parlé en ces pages - la patte « Woodhouse Studios », celle qui nous faisait encore acheter Metallian lorsque l'un de ces groupes se trouvait sur le sampler Metal Explosion. Miika Tenkula laisse une belle discographie truffée de pépites d'humour noir (Excuse Me While I Kill Myself, un titre qui me laisse toujours - c'est de circonstance - mort de rire), et notamment Amok, un des cinq albums que j'emmènerais sur l'île de la tentation (ça ferait au moins un truc de sexy). Salut l'artiste - mais cette fois, on ne t'excuse pas. Il s'en est fallu de peu pour que cette entrée ne soit classée dans les coups de gueule plutôt que dans la rubrique Memorial. Lâcheur !

Well what a brutal and unexpected bad news – Miika Tenkula from Sentenced is officially cooking for the Kennedys since yesterday, February 19, 2009. As he was the main composer of the Northernmost killers, I unfortunately believe it’s safe to say Sentenced will never rise from the void. I urge yourself to dig (sorry) the band’s material : you can’t miss Amok nor Down. So long Miika, “the spirit of the dead outlives memories of the mortal & the final cross you bore is nothing now but ashes”.

Le site et le Myspace de Sentenced.

New Age Messiah , troisième morceau de l'album Amok.

...et toujours :
Sentence de mort

lundi 16 février 2009

Allez venez, Milorg (attention : cet album tue les nazis)

Vreid, ça signifie « colère » en norvégien. Milorg, c'est la contraction d'usage pour « Militær Organisasjon », c'est-à-dire la résistance nationale coincée, à l'instar de nos FFI, entre le marteau nazi et l'enclume collaborationniste. Vreid est un phénix que je découvre sur le tard, à l'occasion de ce quatrième album : n'étant pas amateur de Windir, des cendres duquel Vreid s'est levé, j'avais ignoré les premières sorties du commando. Et pourtant, Milorg est remarquable... Reprenant avec culot mais sans provocation - le faux-pas est facile, sinon tentant pour certains - les codes esthétiques de l'art totalitaire, Vreid les détourne sur sa classieuse pochette et chante la résistance à l'oppression nazie en consacrant un album entier à ladite « Militær Organisasjon » opérant pendant la seconde guerre mondiale.

Ultra-nationaliste, dans le sens où l'honneur et la survie du territoire norvégien est exalté dans chacune des huit chansons, galvanisé par un romantisme guerrier quelque peu suranné mais tout indiqué (sacrifice, ténacité, résistance, cf l'excellent Speak goddamnit [« Parle, nom de dieu ! »] décrivant un interrogatoire sauce Gestapo), l'album se situe à la croisée du black metal norvégien traditionnel et des racines rock / heavy metal de la bande. On peut légitimement penser à un Motörhead ayant mangé tout cru Satyricon, après avoir saupoudré le plat d'un peu de Metallica et de Stooges - des influences revendiquées haut et fort. La filiation Windir fait le reste, amenant de nombreuses respirations atmosphériques qui permettent, par contraste, de décupler la hargne hypnotique des morceaux. Étant plus qu'amateur des deux excellents albums des rigolos Disiplin (à laisser traîner sur la table basse quand le copain gauchiste de votre sœur passe à la maison), j'ai trouvé que Vreid s'en rapprochait parfois tout en ne laissant aucune place à cette ambiguïté qui amuse tant les Disciplinés (et moi). Enfin, la voix déchirée et vindicative du géant Sture (rappelant parfois dans la diction et le débit celle du pauvre Valfar) parachève le climat militaro-sibérien du disque.

Milorg n'est pas l'album de l'année (on a parfois une impression de léger bâclage sur certaines compositions accompagné d'un sentiment persistant de potentiel non utilisé - manque de temps ?), mais il demeure bien meilleur que lesdites grosses sorties du moment, ne serait-ce qu'en regard du passionnant canevas qui lui sert de trame. On soulignera la sincère passion du compositeur principal pour le sujet traité - le bougre est prof (comme la moitié des musiciens de black metal en Norvège) et avoue que l'une des missions premières de Milorg est d'amener ses auditeurs à prendre un bouquin pour se rencarder un peu plus sur cette période de l'histoire. Vœu pieu mais qui mérite d'être signalé : c'est devenu trop rare de tomber sur du black metal intelligent et cultivé sans qu'il ne sombre dans la prétention ou la posture intellectualiste. Revenons au copain gauchiste de la sœur qui, prompt à sortir le mot « résistance » dès qu'un ministre centre-droit ouvre la bouche, risque cependant de ne pas plus apprécier Vreid que Disiplin s'il ne s'arrête qu'à la pochette. Mais on s'en fout : de toute façon, il a toujours tort.

Far away the sound of a symphony
Wagner the soundtrack to my tragedy
Broken ribs and bloody feet
Ripped off hair and knocked out teeth

Brutal assault with sadistic methods
Hell-bent for my knowledge
No means are too extreme
But I am not a rat

That will sell out my country
I'll rather die
Than contribute to your
Empirical dream

I will never lay at your feet
My lips are sealed
My will you cannot defeat
Goddamnit I will not speak

Marks of cigarettes burnt into my skin
Symbols of how I never gave in
My knowledge is limited to my own cell
To make my comrades avoid this hell

Death camp the last level
I will disappear in nacht & nebel
Disbanded like a devilish creation
I will die for my Norwegian nation

I will never lay at your feet
My lips are sealed
My will you cannot defeat
Goddamnit I will not speak

nota bene : pardon à MetalSucks, à qui j'ai piqué la moitié de mon titre - eux-mêmes l'ayant certainement emprunté à la compilation de Relapse « This Comp Kills Fascists ».

Having never been a big Windir fan I wasn’t familiar with Vreid’s material until now. What a fucktard can I be sometimes… Vreid is just pure fuckin’ genius – a black ‘n’ roll kind of metal, backed with a strong imagery relying on WWII aesthetics. Milorg is the brigade’s last release and stands easily as one of the year’s best releases. Revolving on Scandinavian Resistance and displaying a fascist, yet left-wing inspired artwork and layout (yup, that’s possible – just ask Kamarad Joseph), you’ll either think Motörhead or a thrashier, militaristic Satyricon while listening to it. Add a pinch of Windir-scented atmospheres, and here we go, only wishing it’s WWII again to spill some German blood in the nearby camping… Yeah, you’re right – this is not for the faint-hearted ! Suffering of suicidal, er, homicidal tendencies ? So come on, join the army ! Let’s mass-rape the world to the soundtrack of its tragedy.

Milorg (Indie Recordings, 2009)

01 Alarm

02 Disciplined
03 Speak Goddamnit
04 Blucher
05 Blucher Pt. ll
06 Heroes and Villains
07 Argumentum Ex Silentio
08 Milorg

Le
Myspace de Vreid.

jeudi 12 février 2009

Le retour des fils d'Uisliu

Cela fait maintenant quelques années qu'Amorphis est revenu, peut-être pas à son meilleur niveau puisqu'une telle expression ne veut ici rien dire - les différentes périodes du groupe (au moins trois selon votre serviteur) rendent difficile l'établissement d'une échelle de comparaison -, mais au moins au sommet de son potentiel actuel. Tandis qu'Eclipse restera comme l'album de l'intronisation de Tomi Joutsen, Silent Waters aura enfoncé le clou avec brio malgré quelques redondances par rapport à la carrière du groupe - au point que le disque puisse parfois apparaître comme le grand-frère bien élevé de Tales From the Thousand Lakes, à qui l'on aurait appris quelques bonnes manières et demandé de ne plus roter à table. Tour à tour fragile et délicat (Silent Waters), puissant et épique (Shaman ou A Servant, que l'on jurerait retravaillés à partir de morceaux datant de 1994), mais sachant aussi se faire plus folk à l'occasion (Enigma et son parfum celtique), Silent Waters est un album auquel il sera difficile de succéder... Son aspect synthétique (quant au passé d'Amorphis) et sa finalité (asseoir définitivement Joutsen au poste de vocaliste) laissent présager pour son successeur le début d'une nouvelle période.

En attendant d'en savoir plus, mais surtout d'entendre les premiers extraits du déjà baptisé Skyforger, le fan éploré pourra toujours traîner ses guêtres sur le blog du groupe faisant office de studio report... La pochette, en revanche, est déjà dévoilée et malgré mon peu d'enthousiasme pour les compositions trop numériques, elle s'annonce superbe (et certainement signée Travis Smith tant sa patte semble évidente). L'album, déjà le neuvième, est programmé pour le milieu d'année 2009.

You know by now how a big Amorphis fan I am. Unlike when it comes to Metallica, I am not, however, blinded by my allegiance and it’s fair to say Amorphis’ golden years are behind them… or maybe not. ‘Cause Tomi Joutsen is a real monster of a frontman, blessed with a monstrous, naturally death-metal voice which fits oh so well the band’s back catalogue. After the aptly-named Silent Waters, a moody album contrasting with the blistering Eclipse, here comes Skyforger. I didn’t hear a single bit of it yet – I just cross my fingers for it to even Silent Waters out, hence foreshadowing a new golden period for these folkish metal masters. I just can’t wait !

Le site et le Myspace d'Amorphis.

...et toujours :
Un lac dans mon rétroviseur...
Amorphis emmerde Darwin...
La fin de l'éclipse ?

samedi 7 février 2009

« I thought what I'd do was, I'd listen to more early nineties death metal »

J'ai souvent la nostalgie du « DDD metal » des deux premiers tiers des années quatre-vingt-dix - D au cube pour dark, doom et death. Beaucoup de cadors synthétisaient alors ces trois aspects en un maelström musical à l'identité fortement européenne ; que ce soit au nord, en partant d'ici, au sud du paradis (le particularisme régional de la scène grecque, aujourd'hui quelque peu retombée dans un anonymat reflétant son nouveau conformisme), ou, bien sûr, au pays de la pluie - est-ce utile de mentionner la Sainte-Trinité du Bureau des Pleurs, dont les premières sorties étaient autant d'albums-mausolées dédiés au romantisme tragique d'un death metal en quête d'horizons plus littéraires, moins « clichés » ? Alors quand un album du calibre de The Chalice of Ages (Deathevokation) me tombe dessus, telle la misère sur le triste, je ne peux que me réjouir de la découverte et tenter de lui faire une modeste publicité.

Confinant à l'exercice de style, The Chalice... respecte tous les préceptes poussiéreux de la scène précédemment évoquée - pour moi son point fort, pour d'autres, sa limite assurément. Le but premier du fondateur monomaniaque Götz Vogelsang est de se faire plaisir en composant d'austères hymnes funéraires faits de riffs pachydermiques et doomesques, traversés par quelques accélérations slayeriennes passées au filtre Unleashed / Entombed - pour ne pas dire Nihilist / Grotesque. Tout y est : des titres contenant plein de mots rigolos du genre rites, acherontic, desecration, epitaph, chunk, carrion (dont les potentiels agencements fleurent immanquablement les relents putrides du Père-Lachaise), un son gras « metal zoné », un timbre rocailleux au croisement des deux normes qu'étaient les vokills anglais et suédois... Deathevokation (nom à prendre au pied de la lettre, et probable clin d'œil à une démo de Dismember) n'oublie donc pas que faire du bon death metal, c'est avant tout savoir écrire de sombres mélodies - on pensera ici aux premiers Amorphis, sinon Abhorrence (on subodore l'énorme impact qu'ont du avoir Karelian Isthmus et Privilege of Evil sur le bougre), Sentenced, Pentacle, Asphyx et autres premières démos de The Gathering...

L'antidote à la crise / bérézina / hérésie dite deathcore en quelque sorte. Car Deathevokation, comme les Grands Anciens dont il prétend perpétuer le culte vivace mais confidentiel (reprendre du Antropomorphia sur son premier album, c'est un peu comme si un groupe de black français honorait aujourd'hui un titre de Malveliance), prône l'exact contraire de cette nouvelle scène - la suprématie du feeling sur la technique, et préfère le discours du riff mélodique mid-tempo au ratatinage imbécile et supersonique de tympans. Inutile de dire que le résultat, outre la noirceur retrouvée, reste aussi brutal que la déposition d'un T-800 dans un commissariat. A voir, en lien, le site Internet de la bande, reprenant l'esthétique monochrome des fanzines d'époque et parsemé de flyers historiques (celui annonçant la sortie du premier Thou Shalt Suffer vaut des points). Pour les fous, les vrais, l'album est disponible en cassette avec pochette bicolore en trois volets. Amen. The Chalice of Ages, par Deathevokation, est une véritable dévolution - pour ne pas dire devilution.

I mourn the the old DDD metal of yore – ya know, dark-doom-death à la Sentenced, Amorphis or in the good ol’ british way of doing things : early Paradise Lost, Anathema, My Dying Bride… The Chalice of Ages (Deathevokation) is a tribute, as the names of the band and record suggest, to this sinister, yet melodic, haunting scene. Ya got it all : Slayer meets Unleashed meets Abhorrence fucking with Pentacle while being sodomized by early The Gathering. Melodic and heavy as fuck while retaining the original, sick brutality of true death metal ! I just can’t believe some still listen to deathcore (yeah I’m seeing a doctor for my Bad Obsession – he says I’m sick in the head) while you can bathe in such wonderfully-executed Death.Fucking.Metal. ! That’s the way I am - I just can’t resist to songtitles such as Rites of Desecration or Acherontic Epitaph. Even the foulest of names generator wouldn’t find such exciting, juicy combinations ! The Chalice of Ages ? Not a revolution for sure, but indeed, a true devolution. To tell you the truth, if one day the mad people of the Gallic Republic (I’m talking ‘bout France, you fucker) puts me at the head of our already devastated country, The Chalice of Ages would be taught in music classes. And in jails – we need to re-educate musical tastes in jails, don’t we ?

The Chalice of Ages (Xtreem Music, 2007)

01 Rites of Desecration
02 Acherontic Epitaph
03 The Monument
04 Embers of a Dying World
05 The Chalice of Ages
06 Infinity Blights the Flesh
07 Carrion (et non pas Carry On, ça c'est Angra ou Manowar)
08 Chunks of Meat (Antropomorphia cover)
09 As My Soul Gazes Skywards

Le
site et le Myspace de Deathevokation.

mercredi 4 février 2009

« Triptykon cannot be stopped ! Nothing can stand in its way ! »

Quand j'étais gamin, j'imaginais parfois que la voiture du pater familias était un transformer, un decepticon, évidemment - les autobots étaient bien trop gays pour mériter ma considération, n'est-il pas ? La vieille guimbarde, que j'ai récupérée entre-temps, a rendu l'âme la semaine dernière, sans s'être transformée une seule fois en vingt-et-un an. More than meet the eyes... Tu parles ! J'aurais pourtant cru qu'au moins, le robot à l'intérieur se serait manifesté au moment de passer à la casse mais même pas - c'est sûr, ce devait être une merde d'autobot. Un decepticon ne se serait pas laissé toucher le filtre à huile sans répliquer. Bref... La machine m'aura au moins rendu, dans ses derniers instants, une vieille cassette de Rust In Peace (ironique, non ?), perdue voici quelques éons car tombée dans un interstice qu'encore une fois, aucun decepticon ne m'aurait laissé explorer comme ça.

Je reste perplexe devant la décision de Tom G. Fischer de nommer son nouveau projet Triptykon, car enfin, nous le savons tous, Triptykon, dont la taille est comparable à celle d'une ville, est l'un des plus féroces decepticons qui soit ! J'espère simplement que l'oncle Tom ne foutra pas sa case en l'air une fois de plus. Et même si ce nom de baptême n'a évidemment rien à voir avec cette vieille série qui remonte à une époque où le metal n'était pas encore mon principal centre d'intérêt (le sens ici serait plutôt « troisième image / troisième icône », après Hellhammer et Celtic Frost), c'est plus fort que moi, ce sont les vils et puissants Decepticons qui m'apparaissent en voyant son logo. Et en attendant de juger sur pièce ce que donnera Triptykon, on peut toujours se rappeler la petite catchphrase so metal de Soundwave : « cries and screams are music to my ears »...

Man, I got thrown back in time when I first heard the name of Tom G. Fischer’s new band, Triptykon. Fuck, wasn’t Triptykon the name of a mechanized, deadly overlord in Transformers ? I still remember its motto, which went “Trypticon cannot be stopped ! Nothing can stand in my way !”… Let’s hope Triptykon, the band, will be as mean and deadly as fuckin’ Megatron. By the way, do you remember that gay motherfuckin’ piece of shit named Soundwave ? Poor bastard could be turned into a convertible shitty boombox – more interesting was its motto : “cries and screams are music to my ears”...

Le site et le Myspace de Triptykon.

...et toujours :
Are You Morbid ? Into the Pandemonium of Celtic Frost
« Toi qui entre ici, abandonne toute espérance... »