mardi 17 mars 2009

Still not black enough (Samael : Above)

Above, qui eut dû être un projet distinct des Suisses, a fini par être avalé par Samael. L'embryon a simplement été déclassé ou promu, au choix, au rang de nouvel album du quartet. Pas envie de tourner autour du pot : déçu, déçu, déçu. Il faut commencer par dire que Above, pas plus que Solar Soul, n'est le chaînon manquant entre Ceremony of Opposites et Passage comme on le lit imbécilement partout - il n'y a pas de chaînon manquant entre Ceremony of Opposites et Passage si ce n'est l'EP miraculeux Rebellion. Above n'est pas non plus un retour aux sources noires : il faudrait méconnaître l'horrible et malingre physionomie de Worship Him pour l'affirmer. En revanche, c'est bien ce que le groupe a sorti de plus brutal depuis sa création. Impossible néanmoins de parler de retour en arrière : quels musiciens voudraient désapprendre à jouer, à faire désonner leurs riffs ? Aucun - et que le diable soit des atmosphères naïves mais géniales de leurs premiers travaux. Above est un disque uchronique, qui aurait sauté dans notre réalité (« ce qui continue à exister alors même que l'on a cessé d'y croire » dixit P.K. Dick) à la faveur d'un trou noir. Ce pourrait le résultat d'une carrière menée par Samael dans une dimension parallèle, dans laquelle le culte de Bathory serait resté au centre de son œuvre. Passée la demi-surprise (après tout, Samael a-t-il jamais été là où on l'attendait ?), difficile d'être conquis par l'album. L'agressivité semble feinte et Samael ne peut de toute façon pas masquer son profond changement de nature : le groupe autrefois subversif n'est plus assez méchant pour accoucher aujourd'hui ou demain d'un nouveau Ceremony of Opposites.

En cela Samael est victime de son propre paradoxe : difficile pour cette entité à évolution autrefois rapide de tenter de se rappeler l'un de ses précédents états... Above est un album blanc et aseptisé, à l'image de sa pochette, victime notamment d'une production indigente qui affadit considérablement le propos. Que penser de cette insupportable boîte à rythme, problème majeur de l'album ? Proéminente, invasive et inutilement brutale au point qu'elle concurrence The Berzerker sur ses propres terres, elle couvre complètement guitares et voix, ruinant inexorablement l'album (en sus de faire sonner chaque morceau comme le précédent et d'appliquer à l'ensemble un pénible effet de blur). En un mot comme en cent, et malgré ses habituels points forts qui font que Samael demeure un grand groupe, il manque à Above la vile substance du black metal, le vrai, celui auquel l'album se proposait de rendre hommage - remplacer le mid-tempo pestiféré d'un Blood Ritual ou d'un Ceremony par un marteau-piqueur n'était assurément pas la meilleure option, pas plus que ce filtrage de la voix... finissant de l'éteindre. Un mot des paroles illustrant cette dichotomie : loin d'être plus « sombres » qu'à l'accoutumée, comme je l'ai lu quelque part (vous remarquerez qu'on lit finalement pas mal de conneries de façon générale), elles poursuivent cette quête du positivisme intérieur développée par Vorph depuis Passage (il est piquant de comparer le texte de The Black Face avec celui de sa version remise au goût du jour Dark Side).

C'est donc le poison qui fait défaut à ces crocs-là, malgré une bonne fin d'album (In There, Dark Side, le coquin God's Snake, On the Top of It All, malheureusement malmenés par ce mix insensé). D'autant plus dommage que la direction prise par Samael n'est pas faite pour me déplaire, au contraire : pourquoi pas une extraordinaire surprise pour le prochain album, qui devrait continuer à mettre les guitares à l'honneur si l'on en croit l'habituel fonctionnement par triptyque des Suisses ? Credo. En attendant, il est regrettable - et inquiétant - de constater que Samael a désormais besoin de se chercher pour se trouver.

To begin with, Above was conceived as a Samael side-project, like Era One. It should have stayed that way, for Above is truly a failure – or so do I think. Sure, this is Samael’s most relentlessly brutal hour since, well… forever. But man, nearly nothing works in Above : you won’t find here the utter darkness displayed by Ceremony of Opposites, nor the martial coldness featured in Passage – and I’m not even mentioning Worship Him’s Frostian viciousness. Samael were right when speaking about a violent metal album, ‘cause sure it is, but Above feels half-baked, from the beginning to the end (and I won’t even speak of its horrible mix – what the fuck is happening with that invasive, bad-sounding, way-too-loud drum machine ?). Let’s be fair however : you’ll find some decent songs in Above, I’m mainly thinking about the tail end of the record... Not enough by Samael’s standards, though ! What a shame it is for me to write down these lines, ‘cause believe me, I’m a huge, really fuckin’ huge Samael fan. So let’s hope for a better future – their past is absolutely gigantic, titanic, orgasmic. In the meantime, I order you to crawl to your nearest dealer and buy Ceremony of Opposites : now this is black fucking metal - in all its unholy wicked glory.


Above (Nuclear Blast, 2009)


01 Under One Flag
02 Virtual War
03 Polygames
04 Earth Country
05 Illumination
06 Black Hole
07 In There
08 Dark Side
09 God's Snake
10 On the Top of It All
11 Black Hole - Verso Mix (digipack, une horreur qui est à Black Hole ce que Chaos BC était à Chaos AD)

Le site et le Myspace de Samael.

...et toujours :

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