vendredi 27 novembre 2009

Tontons flingueurs

La marque d'un bon album de Slayer ? Son assimilation rapide. La mécanique interne du groupe est particulière et un opus de Slayer remplit son office lorsqu'il n'offre strictement rien de plus, mais surtout rien de moins, que les mêmes sensations ressenties à sa première écoute. World Painted Blood est sorti tout récemment, je ne l'ai pas encore écouté une quinzaine de fois, mais je le connais déjà par cœur. Les intros, les breaks, les enchaînements de riffs, le chant (le phrasé de Tom Araya continue de larguer à des kilomètres bon nombre d'apprentis thrashers)... Tout est déjà gravé en moi. World Painted Blood est cette nouvelle évangile si attendue que certains, dont je n'étais pas, avaient voulu voir en Christ Illusion. Un bon cru d'ailleurs, mais rien de comparable avec ce millésime 2009.

Ultraviolent (ahurissant que quatre types de quasi-cinquante berges s'enferment dans un garage pour en ressortir avec... ça !), compact et aidé par une somme de détails qui finissent par former un tout - la même conclusion abrupte clôturant chaque morceau, notamment -, World Painted Blood ne fait pas dans la dentelle, mais reste « cousu main », un vrai bon produit artistique et artisanal, qui recèle néanmoins son lot de petites surprises. On appréciera notamment Americon, pamphlet acéré signé King - on ignorait les velléités humanistes et anti-impérialistes du sieur, bien cachées jusqu'ici. Inutile de parler plus avant de la musique puisque cela n'a finalement, dans le cadre d'une chronique concernant Slayer, aucun intérêt. On se bornera à signaler, une fois de plus, l'étrange et sous-estimé talent parolier du groupe : Psychopathy Red, par exemple, met dans le mille avec sa description clinique et quasi-naturaliste de l'esprit malade d'Andrei Chikatilo. Deux ou trois phrases suffisent pour atteindre le cœur des ténèbres, et ça, personne ne le fait mieux que Slayer.

World Painted Blood est la quintessence du thrash, style dont Slayer est l'ultime skeleton crew - ou plus petite unité nécessaire au genre pour qu'il continue d'exister glorieusement. Sans bousculer mon tiercé gagnant (Seasons In The Abyss, South of Heaven et Divine Intervention, merveille mésestimée des cochons qui ne savent goûter la confiture), cet album mérite l'achat les yeux fermés. Ou crevés.

You know what ? World Painted Blood’s biggest achievement is its immediacy – like a jab thrown at you by a hydraulically-powered Mike Tyson. And like the mark on your swollen face, Slayer’s last record really puts its hook on you (which is particularly fitting given today’s subject). How sweet, really. Speaking of violence, World Painted Blood is the strongest blitzkrieg to have been released by the band since Reign In Blood (no kidding) : this is pure sonic extremism the American way… So do yourself a non-sexual favour for once, make your day : listen to it. Why not start with Psychopathy Red, an account of Andrei Chikatilo’s dirty deeds ? Man, the fucker may be the grimmest bastard ever shitted by mother Russia which is, when you think about it, quite something to say. Ok, I’m straying away from our subject. The bottom line : get ahold of it whatever it costs you – or your neighbourhood. You’ll thank me later, young unworthy fart.


World Painted Blood (American Recordings, 2009)

01 World Painted Blood
02 Unit 731
03 Snuff
04 Beauty Through Order
05 Hate Worldwide
06 Public Display of Dismemberment
07 Human Strain
08 Americon
09 Psychopathy Red
10 Playing With Dolls
11 Not of This God

Le site et le Myspace de Slayer.