dimanche 11 décembre 2011

Un soir de pluie, et de brouillard

Désolé pour le titre (vous n'avez plus qu'à vous rafraîchir la mémoire en disant Blues Trottoir à M. Gougueule), mais j'ai pas osé Nuit Et Brouillard - déjà pris, dans plusieurs langues. Désolé aussi pour la photo, mais ça vous donnera une idée de ce que je voyais de la scène, puisque c'est bien d'un concert que traite cette notule : The Sisters Of Mercy, attrapées au vol lors de la tournée commémorative des trente ans. Spécial, quand on y pense, puisque les Sisters en vrai de vrai, c'est 1981-1985 et rien d'autre. M'enfin.

Par où commencer ? Avant les marionnettes - remplissant fort bien leur rôle : ceci n'est sincèrement pas péjoratif - d'Andrew Eldritch, un mot du théâtre d'ombres de la soirée. La salle est petite, pas vraiment blindée, loin d'être vide : les corbeaux de mon coin, un public d'initiés entre vingt et quarante ans, se sont donné le rendez-vous et ont rappliqué à tire-d'ailes. Après tout, on a plus de chances d'être renversé par une voiture que de voir Andrew Eldritch en vrai. Voir, ai-je dit ? Comprenez discerner : dès le début du set, les crachoirs de fumée l'ont joué steampunk, faisant un concours de Ruhr industrielle, et rien n'émergea réellement de cette nimbe oscillant du bleu au vert... On distingue bien, autour d'André, deux avatars sui generis aux guitares (Doktor Avalanche s'occupant sempiternellement de la basse et de la batterie - dire ça à Pete Sandoval, c'est comme dire à un belge qu'il y a une frite dans le coin d'une pièce ronde), mais vraiment, difficile d'y voir plus loin que le bout de son nez. Andrew, en même temps, n'a jamais vraiment cherché plus loin que ça. Astuce pour temps de crise : le récent remake de Fog peut aussi servir de DVD live : vous coupez le son et vous mettez Sisters derrière (magique et économique).

Grande est ma surprise sur le plan musical (au contraire du visuel, car toute plaisanterie mise à part je savais à quoi m'attendre - suffit de taper Sisters Of Mercy live sur le net et vous verrez. Rien). Loin, très loin des arpèges faméliques et synthétiques du Sisters canal historique, c'est une bouillie proto-metal qui m'est assénée et First & Last & Always, notamment, est totalement massacré : Cemetary post-Sundown faisait mieux, franchement. Émergeant quand il le veut bien, André se penche sur le micro, chante à sa façon qui influencera tant (c'est comme pour le Velvet : pas plus de cinq-cent péquins ont acheté le premier Sisters, mais tous ont formé un groupe), et repart dans sa brume électrique tel un gorille mal léché. Aïe. Pour un fanatique du « son » Sisters, la note est salée et passe assez mal. Les premiers titres s'enchaînent et je reste dubitatif, pas vraiment déçu car n'attendant en fait pas grand-chose. Et puis... et puis le deuxième souffle. André pousse, pousse, et finalement ça mousse ! Un second concert commence, ni plus ni moins, à partir de Dominion : ça y est, la sauce monte, le son est bon et je me fais à cet ersatz de metal / batcave qu'est Sisters aujourd'hui. Il faut dire que l'ère post-First & Last & Always se prête mieux à ce traitement de choc : This Corrosion et Vision Thing (datant de l'époque où tout le monde mettait du metal dans son gothique, quitte à en crever comme Christian Death) explosent comme deux bombes majeures de la soirée. Soulagé je suis, jusqu'au rappel - cinq titres tout de même, clôturant un concert finalement... très bon.

Perplexe je reste néanmoins : The Sisters Of Mercy, ce gigantesque groupe, rejeton bâtard de Père Ubu, des Stooges, et d'une époque où la nuit était « couleur télé, calée sur un émetteur hors-service », n'est depuis longtemps plus qu'une pantomime divine (commandée par Andrew Eldritch) au service d'une légende défunte - un théâtre d'ombre réanimé par opportunisme certainement plus que pour l'amour de l'art. Reste Doktor Avalanche, cette machine dans ma tête : c'est bien lui qui s'en tire le mieux. Ne connaissant pas le poids des années, celui dont la frappe mécanique, stakhanoviste, n'en a jamais mis une à côté en trente ans est aujourd'hui le seul à n'avoir véritablement pas changé...

Well... what a dick I can be sometimes. What the fuck is this idea of me, to write a boring, badly-expressed, bloated english version of each and every fuckin' notule ? I don't know. Sisters Of Mercy rules the world, OK ? Tonight I really don't feel like writing anything more, so fuck off and die, as would nicely put Impaled Nazarene.

...et toujours :
Misère & cordes